Tour des Mondes – Chapitre 191

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Underdog

— Si je le fais, est-ce que tu vas être plus amical sur ce dont nous parlions tout à l’heure ?
– Possible. Mais ne fais pas semblant, je sais que tu es curieux de voir ce que le « novice » est capable de faire.
— Ce sera probablement décevant. Talentueux ou non, il ne fera pas le poids.
— Arrête de faire le rabat-joie. Depuis qu’il est rentré dans la pièce, il n’a pas arrêté de te surprendre, pas vrai ? Laisse-lui le bénéfice du doute et mets le face à ton homme le plus faible. Il ne gagnera pas de toute façon.

Je ne suis pas sûr de bien comprendre… Enfin si, mais clairement, je ne m’attendais pas à ça et mon stress remonte en flèche. Vu comment tout le monde agit, j’ai l’impression que c’est déjà décidé et que je n’ai pas mon mot à dire.
Alexander s’est déjà levé de sa chaise pour s’écarter du centre de la pièce et Bastion s’éloigne en se frottant les mains et en faisant un grand sourire…
J’ai vraiment besoin de me battre ? Et pourquoi c’est déjà décidé que je vais perdre ? Je sais bien qu’ils sont tous en armure et que ça rendra plus difficile le combat, mais je n’ai pas spécialement envie qu’on prenne des décisions à ma place.
J’essaye de protester, mais je comprends assez vite, d’après le regard d’Alexander et de Bastion, que je n’ai pas le choix.

« Tu sais ce qu’on dit, une action vaut plus que mille mots. Tu n’as rien à perdre et il n’y aura aucun danger pour toi, donc pas de risque de blessures. Utilise ce que tu veux, je rembourserai tout ce que tu utiliseras. »

« Dernier Dresseur, tu vas affronter un chevalier qui a déjà fini son huitième monde, j’espère que tu es prêt. »

L’un comme l’autre m’exaspère. Ils sont en train de décider des règles ensemble, et moi, je me demande ce que j’ai fait pour mériter ça. C’est nécessaire qu’il y ait des tests comme ça tout le temps ? Et puis, n’évitons pas l’éléphant dans la pièce, je vais affronter quelqu’un qui a fini huit mondes ?! C’est une plaisanterie ? Je n’ai même pas fini mon premier monde ! La personne que j’ai affronté qui avait le plus d’étages-monde à son actif était Léon et il n’en avait terminé qu’un seul… Peut-être que le duelliste qui l’accompagnait en avait fait plus vu sa force, mais de là à affronter quelqu’un qui a parcouru huit mondes de plus que moi…

Yuu rigole un peu du fait que je n’ai pas envie de me battre, mais je l’ignore en lui disant de continuer à espionner les chevaliers. Pour lui, il n’y a pas l’air d’avoir de danger, mais ce n’est pas lui qui a échappé à un assassinat et qui s’est fait « purifier » par une déesse.

Je commence à me préparer en retirant ma cape et en gardant mon écharpe. Très bien, je vais faire cette démonstration. Je veux une arme, et si je dois en passer par là, je ne vais pas reculer comme ça. Si c’est bien un entraînement, je ne risque rien. Dans le cas contraire, Yuu rira jaune en me voyant mourir.

[Ne dramatise pas.]
Ce n’est pas toi qui te bats.
[J’ai confiance. Vu l’ambiance, il n’y a pas l’air d’avoir de pièges. Tu as la fusion de toute façon.]

Je soupire en espérant qu’il ait raison.
Mes stylets n’ont pas de poison sur eux, mais ce n’est qu’un entraînement, donc je ne pourrais pas prendre l’avantage en m’en servant de toute façon. J’ai les stylets que j’ai achetés et un gantelet de félin. Si nécessaire, j’ai quelques surprises avec les potions que j’ai achetées un peu plus tôt. Je repasse quand même mon inventaire en revue en disant à Micha de se trouver un point en hauteur.
Juliette est déjà prête en étant semi-enfoncée dans mon avant-bras. Elle est de mauvaise humeur depuis que Balthazar l’a enfermée dans le sac, donc ça lui fera sans doute du bien de se battre.

L’homme que je vais affronter retire son armure et Bastion lui apporte une épée en bois. Il y a plusieurs chevaliers autour de lui qui discutent, mais ils prennent plutôt ça pour une blague, d’après les rires et sourires que je peux voir. Alexander a encore les yeux rivés sur moi et ça commence à être vraiment déplaisant d’être observé d’une telle façon.

« Bien, les règles sont simples, le Chevalier a le droit d’attaquer, mais interdiction de frapper pour blesser ou tuer, j’espère que c’est clair. Qu’il utilise une force qu’il considère comme équivalente au Dresseur et à ce qu’il montre, pas plus et pas moins. Pas de boost offensif, seulement défensif et corporel. Dresseur, montre-moi tout ce que tu sais faire, sinon je ne pourrai pas fabriquer une arme convenable, c’est clair ? Vas-y progressivement, mais à partir du moment où je considère que j’ai tout vu, le combat s’arrête. Il est solide, donc attaque pour tuer, ça ne lui fera rien. »

Je prends une grande respiration en écoutant ce que Bastion dit. C’est assez perturbant que ce soit un garçon qui donne les consignes, mais oublions ça.

Le chevalier en face de moi, me regarde calmement, il n’attend probablement pas grand-chose du combat et, vu comment me regardent les autres, j’ai bien l’impression que personne ne s’attend à quoi que ce soit. Bastion donne le départ et la première chose que fait le chevalier, c’est baisser son arme en approchant.

« Essaye de me poignarder, je n’ai pas envie que tu hésites à me frapper de toutes tes forces quand on aura vraiment commencé. »

Je me contente d’acquiescer en approchant. J’essaye de le poignarder au niveau du ventre « gentiment », mais effectivement, la pointe du stylet n’a pas l’air de pouvoir s’enfoncer. J’ai juste l’impression de toucher du ciment. Il est clair que même en frappant de toutes mes forces, je ne ferais rien d’autre que l’érafler.

— Les yeux, la bouche et les oreilles ?
— … Ce sera un peu douloureux, mais tu peux. Évite juste les yeux. Je peux te demander combien tu as tué de personnes ?
— Assez pour ne pas hésiter si je n’ai pas le choix. On peut commencer si ça te va.

Pendant un instant, le chevalier a l’air de réfléchir à ce que je viens de dire, puis il acquiesce avant de faire un signe de la main qui a l’air d’être une sorte de salut. Je fais un signe de tête en retour en activant le partage de vision avec Micha et le boost d’agilité.

Je fais quelques pas dans sa direction rapidement et je détourne son arme en bois qui tombe dans ma direction avant d’essayer de lui planter un stylet dans le cou. Il esquive d’un mouvement qui a l’air d’être calculé et je recule aussitôt. Sa force naturelle est probablement suffisante pour me faire mal très rapidement, mais j’ai l’impression que j’ai encore l’avantage sur la vitesse, même s’il semble habitué, vu sa dernière réaction.
Le problème, c’est qu’il va probablement réajuster sa force et sa vitesse maintenant, donc il faut que j’agisse rapidement et que je ne le lâche pas. Vu qu’il se bat à l’épée, c’est une mauvaise idée de lui laisser de la distance. Je fonce en avant en optant pour une attaque un peu plus acrobatique. Il cherche à me frapper avec son épée et j’esquive l’attaque qui était un peu trop simple à mon goût. Je passe en dessous de l’arme en visant les jambes, mais il esquive en sautant au-dessus de moi en prenant mon dos comme appui.
J’imagine qu’il n’est déjà plus aussi lent qu’avant.

Je me retourne en cherchant à lui mettre un coup de pied, mais il se contente d’arrêter l’attaque en l’attrapant de sa main libre avant de me jeter au sol.

Il se contente de me regarder calmement alors que je me relève. Ça ne va clairement pas être facile. Le niveau qu’il utilise actuellement est probablement celui d’un mange-mot. Son attaque n’était clairement pas pour me blesser, et c’est pour ça que je n’ai pas réussi à la prévoir. Aucun mange-mot n’utiliserait une occasion pareille pour simplement jeter son adversaire au loin et, s’il avait essayé de m’attaquer en retour, j’aurais sans doute pu réagir plus facilement.

Reprenons. Cassons la distance et restons à proximité.
Je m’avance lentement dans sa direction en l’invitant presque à attaquer, ce qu’il ne manque pas de faire. L’attaque est un peu large comme s’il voulait m’offrir une ouverture. Un semblant de pitié ? Je décide d’en profiter pour casser la distance en visant les côtes et l’attaque l’atteint. Il essaye aussitôt de m’attraper le bras avec sa main libre et je la repousse en utilisant la pointe de mon deuxième stylet, en voulant la planter dans la paume de sa main. Il ramène aussitôt l’épée vers lui et s’apprête à m’attaquer encore, mais avant qu’il ne puisse y arriver, je fais un pas vers l’arrière et je tire une griffe du gantelet de félin dans sa direction. Il pare simplement en se servant de son épée et je recule un peu alors qu’Alexander s’énerve derrière moi.

«  Je te préviens, Rayan, après le combat je frapperai tous les endroits qu’il réussira à toucher si tu continues de faire exprès. Ne transforme pas un duel en spectacle de cirque. »

Vu le regard qu’il me jette, j’ai bien l’impression que le message a été clair. Il n’y aura plus d’ouverture de ce genre.

Il décide de foncer dans la direction en pointant son arme vers mon buste. L’attaque est précise, mais avec mon boost, je peux l’esquiver facilement. Il réagit aussitôt en changeant l’angle de son attaque et j’esquive l’arme d’un cheveu en me contorsionnant un peu et en répliquant avec un coup de pied dans les parties génitales. Bien sûr, cela ne lui fait rien et il continue aussitôt d’attaquer en prenant un peu de vitesse. Il serre les dents, mais c’est sans doute en pensant qu’il va se faire frapper à cet endroit par Alexander plus tard.

Sa vitesse n’est pas encore suffisante pour rivaliser avec la mienne, mais plus je le touche et plus il augmente le rythme. J’ai clairement l’avantage par rapport à la taille de son épée, mais il compense en se servant de sa main libre que je ne peux pas transpercer. Je fais un pas dans sa direction et casse la distance avec lui pour ne plus avoir à craindre son épée et, tout en bloquant son poignet avec le côté de mon stylet, je cherche à le transpercer. Il recule un peu, mais je le poursuis aussitôt.

*

— Tch. Tu lui donnes une armure et une défense correcte et il ne cherche même plus à esquiver ce qu’il considère ne pas être dangereux.
— Ton chevalier manque clairement de technique. Il faudra sans doute que tu revoies ta façon de les entraîner. Je n’ai pas non plus l’impression que le Dresseur est en difficulté.
— Ramène une autre épée de bois. Toi, prépare-toi.

*

Je continue d’attaquer et d’esquiver, mais je pense que j’ai trop l’habitude d’affronter des mange-mots pour considérer comme difficile un tel combat. Comme Alexander le dit, il n’a pas la technique nécessaire pour parer des attaques venant de deux armes différentes. Par contre, je ne suis pas certain d’avoir envie d’en affronter deux en même temps.
En continuant de jouer la carte de la vitesse, je passe rapidement sur le côté sans arme et j’en profite pour le toucher au niveau de la hanche.

J’ai l’impression qu’il ne pourra pas devenir plus rapide. Il est toujours plus fort que moi, mais sans aucun boost, c’est bien plus facile à gérer que les attaques d’un mange-mot supérieur qui pouvait clairement me briser les os en un instant.

— Pause. Ça suffit. Avant d’en faire rentrer un deuxième, laisse-le se battre comme il le souhaite. Tant qu’il ne me blesse pas gravement, j’accepte qu’il me frappe vraiment. S’il a un boost de force il peut aussi s’en servir. Le combat est beaucoup trop à mon avantage s’il n’a pas le droit de faire ça.
— Si cela te convient, je ne dirai rien.
— Je fais ça pour être sûr d’avoir une arme de bonne qualité une fois qu’on en aura fini. Je me fiche de l’issue du combat tant que je peux marcher et que je suis conscient à la fin. Si vraiment ça ne suffit pas, faites entrer le deuxième.

Cette fois-ci, je me tourne vers le chevalier en lui disant d’y aller franchement et aussitôt il m’attaque avec le double de sa vitesse. J’esquive l’attaque en reculant et, vu la pression que je sens, j’ai bien l’impression que cette attaque est capable de me briser le crâne en un coup.

Hmm. À partir de maintenant, je risque ma vie, c’est très désagréable comme sensation, mais au moins, le combat est un peu plus réel et je n’ai plus du tout envie de l’approcher.

Il continue de fendre l’air avec son arme avec plus de précision. Bloquer est hors de question si je tiens à ma main. Cependant, sa technique est la même qu’avant et j’ai eu le temps de m’y faire, donc il suffit que j’attende le bon moment pour pouvoir l’atteindre.

Bien sûr que je n’allais pas avoir le droit à une ouverture. Il se contente d’essayer de me toucher en faisant pleuvoir une avalanche de coups sur moi. Le combat est maintenant complètement à son avantage et c’est impossible de l’arrêter.

Je vais devoir me servir de mon matériel.
La première chose que je fais c’est de jeter une bombe fumigène par terre qui explose en répandant de la fumée noire dans les airs. Avec Micha placée sur un lustre, je ne risque pas de le perdre de vue et je décide de le contourner alors qui continue à attaquer dans le vide dans des directions aléatoires.

La pièce est assez grande, donc c’est assez facile d’esquiver ses attaques pendant qu’il me cherche. Avec sa force, il remue beaucoup la fumée autour de lui, mais ce n’est pas suffisant pour lui dégager la vue. J’arrive derrière lui et plante la pointe de mes stylets dans le haut de son dos en lui mettant un coup à l’arrière du genou. Bien sûr, cela ne le fait pas tomber et il se retourne dans ma direction en frappant avec son épée dans un geste très large. Je me baisse en continuant à l’attaquer et place deux attaques de plus au niveau de son ventre, mais il réagit aussitôt en préparant un coup de genou que j’esquive en roulant par terre et en retournant dans la fumée.

Alors que je m’apprête à le contourner à nouveau, je peux voir à travers les yeux de Micha qu’ils ont fini par faire rentrer le deuxième chevalier dans la fumée et que celui-ci s’avance dans ma direction comme s’il savait où je me trouve.

J’esquive une première attaque, mais, même si celui-ci manque un peu de force comparé au premier, je n’ai clairement plus l’avantage de la vision maintenant. Le premier chevalier est déjà en train de s’approcher et je serai en mauvaise posture s’ils arrivent à m’attaquer en même temps. Je recule un peu, mais il me poursuit aussitôt. En profitant d’un peu de temps entre les attaques, j’attrape une potion dans mon inventaire que je jette rapidement par terre avant de me déplacer en arc de cercle en esquivant les attaques. Malheureusement pour moi, je finis par me faire toucher au niveau du ventre et je manque de m’effondrer aussitôt à cause de la violence du coup.
Enfin, pour ça, la solution reste encore de serrer les dents et de ne rien dire, même si je serais mort si ça avait été une véritable épée.
C’est douloureux, mais je dois avouer que comparé à ce qu’Angela m’a fait subir, c’est bien plus supportable.

À ma gauche, je peux entendre un léger cri qui veut dire que le premier chevalier a trouvé ma surprise et que je suis tranquille pour quelques instants.

Le problème reste le chevalier encore dans la course qui continue de m’attaquer. La pièce est grande, mais je vais finir acculé contre un mur si je dois continuer à esquiver.

Il est plus précis que le premier, mais je peux sans doute me servir de la fumée, même s’il arrive à savoir où je suis. J’attends une attaque verticale que j’arrive à faire glisser sur la lame de mon stylet en me brisant le poignet et je finis par jeter mon autre arme en direction de mon adversaire. Bien sûr, cela ne lui fait rien, mais au bruit que j’entends, je l’ai clairement touché.

Il continue de m’attaquer, mais il y a quelque chose qui m’inquiète. Alors que j’esquive les attaques, je peux entendre quelqu’un rire. Un rire d’enfant qui résonne à travers la fumée alors que je peux voir beaucoup de mouvement s’approcher.

« Dresseur, tiens aussi longtemps que tu peux ! Mais si tu as d’autres cartes à jouer, c’est le moment ! »

À travers les yeux de Micha, je vois clairement quelque chose qui me déplaît. Plusieurs silhouettes s’approchent dans la fumée.

[On y va quand tu veux.]


Correction : Hastin



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