Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 256.5.1

Sang 27 – Le sang d’un Démon

« Ojou-sama, vos parents seraient-ils fiers de vous dans votre état actuel ? »

Les mots de Merazofis résonnent toujours dans ma tête. Ces mots m’ont fait le même effet que si j’avais été frappée par une arme contondante.

Lorsque j’ai essayé de réfléchir à ce qui s’était passé, je me suis rendue compte que mon comportement récent était devenu instable. J’utilisais mon Charme pour enlever des garçons et dévorer leur sang. Si le moi de mon ancienne vie voyait ça, cela suffirait à la faire s’évanouir.

Malgré tout, de telles actions ne me laissaient pas une grande impression. Comme si c’était tout à fait normal, j’ai commis des actes sans aucune prise de conscience. En y repensant, c’était anormal. Mais malgré tout, même si je suis maintenant consciente de cette anomalie, je ne ressens rien de particulier vis-à-vis de mes actions.

Ces anormalités… étaient devenues normales.

Avant même que je le remarque, mon corps, et même mon cœur, s’étaient réduit à ceux d’un vampire. Lorsque j’y pense, je deviens en quelque sorte triste. C’est un peu quelque chose dans ce genre ‘ahh, je ne peux plus redevenir humaine désormais’. Je peux toutefois dire qu’au final, je ne suis qu’un peu triste, rien de plus.

Depuis que j’ai combattu ce ‘kijin’, un jour s’est écoulé et je suis retournée à l’académie. Il y est dit que cet incident à été provoqué par un mystérieux monstre, et que son apparence tout comme ses capacités sont inconnus. Tous les témoins, à mon exception, ont été tués de toute façon et il ne reste plus la moindre trace de la bataille dans la forêt. Je ne peux que penser que le kijin s’est fait détruire pour une force inimaginable.

A l’académie, il a été établi que j’ai exterminé le démon. C’est à moitié vrai et à moitié faux. Il est vrai que je l’ai combattu, mais celui qui l’a vaincu est probablement ce Kuro, qui est comme Goshujin-sama. Au vu de la façon dont il s’est occupé de moi aussi facilement qu’il respire, il est certain que le kijin que j’ai combattu sur un pied d’égalité a souffert du même destin.

Je ne sais pas ce qui est ensuite arrivé à ce démon. A l’exception du fait que Goshujin-sama m’a averti de ne rien dire de stupide. Toutefois, après avoir entendu ce qui se raconte à l’académie, j’ai réalisé que Goshujin-sama est intervenue pour distordre les faits. Ceci étant dit, si je pose la question à Goshujin-sama, je devrais être capable d’apprendre la vérité sur cette affaire.

Toutefois, j’ai été incapable de lui demander. Lorsque je n’ai rien à faire avec elle, Goshujin-sama apparaît soudainement, mais dans de tels moments, je ne peux jamais lui mettre la main dessus. C’est parce que, bien que ce soit une araignée, elle erre capricieusement comme un chat. Pour cette raison, je suis à bout de nerfs.

De plus, les mots de Merazofis, tout comme un bout de nourriture constamment coincé entre mes dents, me laissent incertaine. Mes parents seraient-ils fiers de moi ? Il est tout simplement impossible que mes parents humains puissent être fiers de moi comme je suis maintenant. Je suis une vampire. Ma façon de penser, mes valeurs, même ma façon de vivre est différente de la leur. Cela fait longtemps que j’ai jeté ma fierté d’être humaine. Et même cela n’évoque aucun sentiment puissant en moi – exactement comme de jeter un déchet à la poubelle. Au point que si l’on ne me l’avait pas fait remarqué, je ne l’aurais même pas réalisé.

Toutefois, j’ai changé maintenant que je l’ai remarqué. Je peux maintenant clairement percevoir la différence entre un humain et un vampire. Je la perçois parfaitement.

« Sophia, il paraît que tu as vaincu un terrible monstre ? Tu es aussi incroyable que d’habitude. »

Le prince de l’académie, Waldo, est celui qui m’a accordé ces louanges. En temps normal, j’aurais simplement dit ‘merci’ spontanément. Toutefois, aujourd’hui, je ne peux pas faire ça.

« Ojou-sama, vos parents seraient-ils fiers de vous dans votre état actuel ? »

Comme une rumeur que l’on ne peut chasser simplement en se bouchant les oreilles, les mots de Merazofis résonnent distinctement. Au même moment que cette phrase retentit, j’évalue en passant Waldo, et vois écrit dans son statut, dans la colonne ‘condition anormale’ le mot ‘Charme’.

Je me sens alors nauséeuse. Je ne peux m’empêcher de tourner le dos à Waldo et de me mettre à courir. Sur le chemin, de nombreuses personnes que je reconnaissais m’appellent. A chaque fois, la nausée empire.

Je plonge dans les toilettes et m’enferme. Bien que je me sente nauséeuse, la seule chose qui sort de ma bouche est un grognement étouffé. Après un moment, je reprends le contrôle de ma bouche et m’appuis contre le mur des toilettes.

C’est en quelque sorte nostalgique. Bien que je n’ai jamais fait ça dans ma vie actuelle, durant ma vie précédente, je me suis souvent réfugiée dans les toilettes de cette manière. Bien qu’à cause de l’odeur de parfum inutilement forte des toilettes, ça ne faisait qu’empirer mon humeur et ce n’était pas un endroit où je voulais particulièrement me réfugier. Je ne pouvais juste rien y faire étant donné que c’était le seul endroit où je pouvais me cacher.

Que fais-je au juste ? J’ai été réincarnée et j’ai changé. Je suis devenue si magnifique que l’horrible apparence de ma précédente vie est devenue difficile à croire et mes notes à l’académie font toujours partie des meilleurs. Les choses que je n’avais aucun moyen d’obtenir dans mon ancienne vie, je les ais toutes obtenues dans celle-ci. Mais peut-être est-ce justement la raison. J’ai changé, bien trop changé.

L’existence que je suis désormais… ne présente presque plus aucune trace de l’humain anciennement connue sous le nom de Negishi Akiko. La seule chose restante est mon envie envers Goshujin-sama. Le fait que ceci soit resté, c’est comme si je soulignais ma propre laideur. Je ne peux pas en rire même si je le voulais.

Laid. Dans mon état actuel, selon le jugement du système de valeur humain, je suis un monstre affreux jusqu’au plus profond de mon cœur. Mais malgré tout, j’ai continué calmement, sans un fragment de culpabilité, sans le moindre doute, je l’ai accepté comme si ça allait de soit. C’est le résultat du fait… que c’est tout à fait naturel pour un vampire.

En tant que vampire, je pense que mon comportement actuel est entièrement correct. Que c’est le quotidien d’un vampire. Dans les faits, c’était vraiment mon quotidien.

« Ojou-sama, vos parents seraient-ils fiers de vous dans votre état actuel ? »

Du moins jusqu’à ce que Merazofis me pose cette question. Fiers ? Qu’est-ce que la fierté ? Après tout ce temps, de quoi puis-je affirmer être fière ?

Si… mes parents étaient toujours en vie, que penseraient-ils en me regardant maintenant ? Et tous les servants qui ont été sacrifiés afin de me permettre de m’échapper. Comment me verraient-ils ?

Lorsque je réfléchis jusqu’à ce point, j’arrache impulsivement mes canines effilés. Le doux goût du sang se répandit à travers ma bouche. Pour vraiment penser que mon propre sang est délicieux, j’ai finalement dû arrêter d’être humaine. Je jette alors mes canines en plein milieu des toilettes. Néanmoins, à l’instant suivant, de nouvelles canines poussèrent, réapparaissant comme si elles n’étaient jamais parties, comme pour nier le simple fait que je les ais arrachées, comme si elles me disaient que je ne pourrai jamais revenir en arrière. Je fixe dans un état second les canines que j’ai retirées.

Si je ne peux même plus être considérée comme étant capable de vivre comme un humain, de quoi puis-je être fière ? Je ne sais pas. Je ne sais juste pas. Si c’était pour finir ainsi, j’aurais préféré ne jamais en prendre conscience.

Note du Traducteur anglais :

Concernant le titre : Bien que ‘Le sang d’un Oni’ serait plus précis, en réalité, elle fait uniquement référence à elle-même, pas à Kyouya/Wrath, donc je pensais que ça pourrait induire en erreur. Comme je l’ai noté précédemment, en japonais, ‘vampire’ signifie littéralement ‘oni suceur de sang’, donc cela concerne vraiment le côté sombre de sa nature vampire.

Sophia fait référence à Kyouya/Wrath par ‘kijin’, qui signifie littéralement ‘une personne oni’. Ce n’est pas un vrai mot cependant, mais parfois, il est utilisé pour un nom, comme pour Kijin Seija de Touhou.

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