Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 73
Le Bouclier de l’Ire
Traducteur : Team Yarashii
— !
Je me tournai vers le ciel et hurlai, mais aucun son ne sortit de ma gorge.
Je le haïssais ! Quoi donc ? Le monde entier ! Absolument tout !
Je détestais chaque chose avec une telle intensité que je pensais en perdre l’esprit.
Ma vision n’était qu’un mélange de rouge et de noir et, où que mes yeux se posent, tout ce que je contemplais ne faisait qu’attiser la haine qui bouillonnait en moi.
— !
J’entendis quelqu’un me parler. Pendant une seconde, j’eus l’impression d’être aspergé d’eau. Cependant, même un tel acte était insignifiant.
— !
N’importe quelle chose que je touchais m’irritait. Je voulais que cela brûle !
— Maître, est-ce que tu détestes vraiment tout ?
— Tout essaie de me piéger, de me faire du mal, de me tuer ! J’exècre tout ce qui existe !
— Vraiment ? Vraiment ? Tu le penses vraiment ?
Oui… et alors ?
— Tu détestes le temps que t’as passé avec Raphtalia et moi ?
Je me souvenais… de cette voix.
Je me rappelais une petite fille restée à mes côtés depuis le début. Elle m’avait toujours été loyale. Elle m’avait protégé même lorsqu’elle était blessée. Cette pensée emplit mon esprit.
Il y avait une personne qui était sortie d’un œuf, avait grandi, puis avait affirmé qu’elle m’aimait.
— Ce…
— Je savais bien que non. J’en étais sûre parce que t’essaies toujours de faire des choses pour nous, maître !
Le rouge et le noir se dissipaient. Ma vision se rétablissait.
C’était comme si l’on versait de l’eau sur le brasier me consumant. Je la sentais s’infiltrer jusqu’à mon cœur.
— Alors, maître, je vais manger ta colère ! Je vais dévorer ta haine !
Soudain, tout devint plus clair. Je regardai autour de moi.
— M. Naofumi !
— Est-ce que tu vas bien ?
Quelques secondes semblaient s’être écoulées depuis que j’avais hurlé en direction du ciel.
Raphtalia me parlait. Elle avait l’air inquiète. Ren avait la main posée sur mon épaule.
— Maître, est-ce que ça va ?
— Tu… tu m’as fait revenir ?
— Ouaip ! C’était dur pour toi, pas vrai ?
Filo était sous sa forme de Reine Filoliale. Elle était en train de m’étreindre par-derrière. Ses ailes et ses pattes étaient noires et brûlées. Elle n’avait sans doute pas pu endurer la puissance du bouclier, une fois celui-ci devenu plus fort. Elle avait dû beaucoup souffrir. Et, malgré tout… elle se faisait du souci à mon sujet.
— Je… Non, Raphtalia et moi… et Mel, et tout le monde ! On croit tous en toi ! On a tous confiance en toi, alors… fais de ton mieux !
— … Ouais. Tu as raison… Tu as raison.
Je ne pouvais pas me permettre d’être consumé par la haine.
Il me fallait juste écraser la source de ma souffrance. Si j’étais en mesure de le tuer, qu’importe ce qu’il se produirait par la suite.
Pour Melty, pour les héros… je le ferais… je le tuerais !
— … J’y vais.
— Qu’est-ce que tu vas faire ?
— Me servir de la plus puissante compétence de mon bouclier le plus redoutable.
— Mais qu’est-ce qu’il a, ce Bouclier ? Il fait flipper, et c’est encore pire maintenant.
Le Bouclier du Courroux II avait un motif de dragon en colère apposé dessus, mais, en se transformant en Bouclier de l’Ire, celui-ci était devenu encore plus menaçant. Sa gueule était déformée, lui donnant un air démoniaque, et ses cornes étaient repliées et tordues.
— C’est une compétence que j’utiliserai probablement un jour sur vous. Attaquez-le et donnez-moi une chance de m’en servir.
— Naofumi, franchement… Bon, d’accord. On n’a pas vraiment d’autre choix que de compter sur toi.
— Effectivement. T’es pas facile à croire, mais c’est notre seul espoir.
— Comme tu veux.
— On incantera des sorts de soutien sur toi.
Tous les héros acquiescèrent et pivotèrent pour faire face au Pape.
— Eh bien, eh bien… quelle résistance futile. Mettons un terme à tout cela. Nos préparatifs sont achevés. Votre fin est à portée de main.
L’air parut saturé de magie. Le ciel s’emplit d’une lumière dont l’intensité allait croissante et qui était prête à s’abattre sur nous à n’importe quel instant.
— En avant !
À mon signal, tous les héros coururent en direction du patriarche religieux.
— Filo, mets-moi sur ton dos et vole !
— D’accord !
Elle me saisit, me posa sur elle et fit un bond dans les airs.
— Magie de cérémonie de haut niveau Jugement !
La lumière baptismale envahissant le ciel descendit sur nous !
— C’est partiiiiiii !
Je levai mon bouclier.
Un bruit de verre brisé emplit mes oreilles et la lumière s’abattit sur moi.
Néanmoins, elle n’était pas assez puissante pour passer au travers du Bouclier de l’Ire III. Pas un seul photon ne se fraya un chemin.
— Il n’est pas blessé par Jugement ? Comment est-ce possible ?
Le Pape était estomaqué. Il en perdit la moitié de son sourire.
J’avais payé un lourd tribut pour utiliser ce bouclier. J’espérais qu’il était aussi fort que je le sentais.
— Misérables crétins ! Vous n’y survivrez pas !
Notre ennemi leva son épée et asséna un coup de taille vertical vers nous.
— Lame du Phénix !
Un oiseau de feu surgit de l’arme et vola droit sur nous.
— Je ne crois pas, non !
Je positionnai mon bouclier. Filo était en train d’incanter un sort, formant une sorte de connexion avec moi. Tout à coup, je sus quoi faire.
Les mots se matérialisèrent dans ma tête. Les prérequis pour l’activation de la Robe enragée (moyenne) ?
— Le Héros Porte-Bouclier et sa tribu sont la source de tout pouvoir. Entends nos paroles et obéis-leur ! Que ces flammes deviennent un concentré de force ! Brasier de l’Ire !
Ma rage serait mon pouvoir.
L’oiseau de feu fila dans ma direction. Les flammes se répandirent et tentèrent de me brûler, mais elles nourrirent ma puissance à la place.
— Comment ? Il assimile ma compétence ?
Les attaques des héros et les coups puissants de Filo créèrent des fissures puis l’effondrement même du champ de force du Pape.
— Attention, j’arrive !
Filo allait employer sa meilleure attaque !
Elle était sous sa forme de Reine Filoliale, mais elle faisait bouger ses ailes de la même manière que lors de son duel face à Fitoria.
Elle possédait assez de force pour s’en servir dans un vrai combat, désormais. Elle se déplaçait vers sa cible très rapidement.
L’homme remodela de nouveau son arme en une lance et se prépara à parer le coup.
Il la fit tournoyer devant lui. J’eus un mauvais pressentiment.
— Posture de Désintéressement ? s’écria Motoyasu, surpris.
Ce devait être une compétence de haut niveau utilisable avec la lance.
— Vous ne pouvez résister à la volonté de Dieu ! Je suis son incarnation !
Tous les assauts en cours, à l’exception de celui de Filo, furent repoussés. La lance s’imprégna de lumière.
— Ugh !
— Aïe !
Cette lueur m’atteignit. J’avais l’impression que l’on essayait de me déchirer de l’intérieur. Cela faisait extrêmement mal.
Une compétence de contre ? Jusqu’à quel point se montrerait-il pénible, celui-là ?
— Mais vous ne pouvez pas nous arrêter !
— Vraiment ?
Ensuite, son arme devint un arc et il sauta en arrière.
— Le laisse pas s’échapper ! Filo !
— Ouaip ! Filocité !
Elle fut sur lui en un éclair et frappa fort.
Cependant, le Pape disparut au moment où le coup le toucha.
Il ne pouvait pas s’enfuir. Il devait mourir.
Où… où était-il ? À l’instant où je commençais à me poser la question, un grand nombre de patriarches religieux apparut !
Et puis quoi, encore ? Tous les disciples avaient changé d’apparence d’un seul coup. Ils ressemblaient maintenant à notre cible principale !
— Flèche Mirage ? s’exclama Itsuki. Cette compétence crée des illusions et sème la confusion ! Soyez prudents !
Merde… comment étions-nous censés identifier notre véritable ennemi ?
Le terrain contenait désormais de multiples copies, et leur nombre semblait aller croissant à chaque seconde qui passait.
— Hé hé hé… ce fut une expérience digne d’intérêt, mais il est temps d’y mettre fin.
Tous les grands prêtres levèrent leur arc et tirèrent la corde. Il était prêt à expédier une compétence.
— Il s’agit de la compétence monocible la plus puissante. Démon Porte-Bouclier, j’espère que vous apprécierez.
Les arcs étincelaient. Bordel de merde ! Je pourrais probablement y survivre, mais comment allions-nous contre-attaquer après ?
— Je suis la reine et la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et obéis-leur. Enferme-les dans une cage de glace ! Troisième Prison Étendue de Stalagmites !
Tous nos adversaires réalisèrent tout à coup que leurs jambes étaient figées dans la glace.
Puis, une par une, les copies reprirent leur apparence d’origine.
— Maintenant.
Qui venait de s’exprimer ? Non, je n’avais pas le temps de m’appesantir là-dessus. Je devais rester focaliser sur une chose : vaincre ce type. Il fallait que je neutralise notre seul véritable ennemi.
Sacrifice de Sang !
À l’instant où j’y pensai, les mots nécessaires se formèrent dans mon champ de vision. Je les prononçai :
— Que ce misérable criminel soit puni selon ma sentence. Ses cris résonneront en direction du paradis ! Que les vociférations de cette vermine transpercent les cieux ! Puissent les mâchoires du dragon né de ma chair effacer son existence de la surface du monde ! Sacrifice de Sang… ugh !
Que… quoi ?
Dès que j’eus fini ma compétence, je me mis à cracher du sang par ma bouche et chaque pore de ma peau, ma chair se déchira et mes os hurlèrent d’agonie.
Était-ce une compétence-suicide ?
Le Pape me vit crier de douleur et sourit.
Toutefois, une seconde plus tard… un grand piège à ours fait de clous rouillés apparut juste sous ses pieds.
Non… je ferais mieux de voir cela comme une mâchoire de dragon constituée de métal.
À l’inverse d’un piège à ours classique, il y avait plusieurs rangées de dents acérées… Cela ressemblait vraiment à une gueule de dragon grande ouverte s’extirpant du sol et, tout comme celle d’un requin, elle était bardée de crocs.
— Que…
Un puissant claquement métallique se répercuta dans les alentours, et la mâchoire se referma d’un coup sec sur le Pape.
— AAAAAAARGH !
Ses cris se propagèrent sur tout le champ de bataille.
Il y eut un éclair, puis un jet de sang et enfin une ombre.
— Qu’est-ce donc que cela ?
Les crocs s’étaient rabattus avec force, mais ils n’avaient fait qu’infliger de sérieux dommages au patriarche religieux, qui invoqua précipitamment une compétence pour les mettre en pièces. Cependant, ses attaques s’avérèrent inefficaces.
La mâchoire se referma deux, puis trois fois, et la réplique de l’arme légendaire finit par être recouverte de fissures. Un coup supplémentaire eut lieu et un fracas de métal brisé retentit. Et puis, encore et encore, les crocs se rabattirent, comme s’ils riaient.
C’était… franchement horrible.
— Ugh… je… su… Dieu…
En fin de compte, le Pape fut réduit à un tas de chairs sanguinolentes. La mâchoire claqua une dernière fois et s’enfonça dans le sol… disparaissant définitivement.
— …
Nous contemplions tous ce spectacle en silence.
Toutes les compétences issues de la Branche Maudite étaient des trucs sanglants. Après tout, c’était un Bouclier qui dévorait mon esprit.
Après avoir vu cela, je ne pouvais qu’être d’accord avec les avertissements de Fitoria.
Je pris conscience et acceptai que ce n’était pas le genre de choses à utiliser en temps normal.
Les disciples restants chuchotaient entre eux, en proie au désespoir.
— … Et c’est fini pour vous tous.
Les renforts chargèrent les zélotes et commencèrent à les regrouper et les ligoter.
Il fallait croire que nous avions gagné.
Je regardais faire les soldats, mais je basculai soudain vers l’avant et chutai du dos de Filo.
Le Bouclier de l’Ire avait débloqué une nouvelle compétence, Sacrifice de Sang.
Elle était très puissante, mais réclamait un prix si élevé…
— Maître ?
Filo était couverte de mon sang. Elle me tenait et semblait inquiète.
Mon bouclier avait repris la forme du Bouclier de Vipère de Chimère.
— Tu es salement blessé ! Quelqu’un ! Que quelqu’un l’aide !
Une femme accourut en entendant Filo crier.
— Mère ? s’écria Melty en l’apercevant.
En effet… l’officier qui avait mené les renforts… avait la même apparence que la doppelgänger de la reine.
Sa bouche était masquée par un éventail déployé, mais j’en étais pratiquement certain.
— Votre performance fut fort impressionnante, Héros Porte-Bouclier.
Ce devait être elle qui s’était exclamée et avait interrompu brusquement le Pape.
— Que tout le monde m’écoute ! Soigner les blessures du Héros Porte-Bouclier est notre priorité absolue ! Ceci est un décret royal. Quoi qu’il arrive, cet homme doit survivre !
— D’accord !
L’équipe médicale accompagnant les renforts se précipita là où j’étais étendu et je fus la cible de leurs sorts.
— Troisième Soin.
De la lumière m’entoura, mais cela ne chassa pas du tout la douleur.
— C’est… c’est une malédiction. Mais je n’en ai jamais vu d’aussi puissante.
Les médecins échangèrent des regards stupéfaits. Ils se mirent alors à employer une magie anti-malédiction. Ils m’aspergèrent d’eau bénite. Cependant, rien ne fonctionna.
— Nous devons mener des investigations plus poussées ! Que tout le monde se dépêche ! Oui, vous aussi !
La reine distribua ses ordres auprès de Filo et de l’équipe médicale, puis cette dernière s’en alla en courant.
— Uh…
Mon corps tout entier hurlait de douleur. Mais je ne pouvais pas perdre connaissance… pas ici.
Car je ne savais toujours pas si la reine était une alliée ou une ennemie.
— Vous… vous êtes la reine ?
— Oui, je suis la reine de Melromarc, Mirellia Q. Melromarc. Je m’excuse d’avoir mis autant de temps pour venir.
— Ouais… ça a été… bien long.
Tout avait traîné, tout avait été lent à mettre en œuvre. Possédait-elle réellement une once d’autorité ? Était-elle bien la dirigeante de ce pays, oui ou non ?
N’était-elle pas censée être au fait de tout ce qu’il s’y passait ?
J’avais tellement de choses à lui dire.
Je voulais lui expliquer à quel point sa fille et son mari s’étaient montrés épouvantables… J’éprouvais un tel ressentiment à leur encontre.
— C’est exact… tout ceci est ma faute.
— Mère…
— Maman, pourquoi est-ce que tu t’excuses devant ce type ?
La Salope me pointait du doigt et criait de façon hystérique. Des veines saillaient sur son front.
— Malty… nous allons devoir discuter de certaines choses une fois de retour au château. Je te conseille de t’y préparer.
La scène devant mes yeux parut agitée de grondements et de tremblements.
Personne n’était en colère contre moi, mais je sentais que mes nerfs étaient à vif et que mon sang se glaçait.
La reine claqua des doigts et deux ombres apparurent derrière la Salope. Ils la ligotèrent.
— Mais, maman !
— Faites taire cette idiote.
— Ah !
Elle fut bâillonnée et conduite loin de moi.
— Qu’est-ce que vous fichez avec Myne ?
Motoyasu se tenait là, refusant de croire ce qu’il venait de voir.
— Je suis la mère de My… Malty. J’ai simplement exercé mon autorité pour la faire transporter au château. À présent, Héros, la bataille est terminée. Retournons à la capitale en paix.
La reine dégageait une aura puissante qui laissa muets Motoyasu et tous les autres.
Pour ma part, je n’avais plus assez d’énergie pour me plaindre. Ce combat s’était révélé ardu.
— Quant à vous, Héros Porte-Bouclier, ou devrais-je plutôt dire M. Naofumi Iwatani ? La guérison de vos blessures est de la plus haute importance à mes yeux, alors tâchez de vous reposer. Je vais demander que les préparatifs nécessaires soient entrepris.
Les médecins revinrent avec tout un tas d’outils, de remèdes et d’eaux bénites.
On aurait dit l’équivalent d’une ambulance dans mon propre monde.
— Mais… mais je…
« Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous n’êtes pas censée être dans un pays au sud-ouest d’ici ? » J’avais tellement de questions.
— Je comprends. Pourquoi n’étais-je pas en Melromarc durant tout ce temps ? Pourquoi ne vous ai-je pas aidés ? Si je suis supposée demeurer au sein d’une autre nation, que fais-je là, à la tête d’une armée ? Nous avons tant de choses à voir ensemble, mais, pour le moment, focalisez-vous uniquement sur votre rétablissement, je vous prie.
— M. Naofumi !
Raphtalia avait l’air morte d’inquiétude. Elle pleurait tout en me tenant compagnie.
— J’ai cru que mon cœur s’était arrêté de battre ! Par pitié, dites-moi que vous allez bien !
— Bah… je…
J’avais sincèrement l’impression d’être gravement blessé. Chaque parcelle de mon corps irradiait de douleur et j’étais épuisé.
Filo semblait comprendre que la situation allait s’arranger. Elle reprit forme humaine et accourut avec Melty auprès de l’attelage dans lequel j’étais en train d’être installé.
— Vos blessures sont sérieuses. Dépêchez-vous, par ici.
Filo aussi était touchée. Ses membres étaient noircis, brûlés par les flammes maudites. Les médecins l’interpellèrent.
— Non ! Je dois rester avec mon maître !
Peut-être était-elle trop obnubilée par mes blessures ? Je ne pouvais faire guère mieux qu’en deviner la raison, mais elle refusa de les accompagner.
— Filo, tout va bien se passer. Ces gens sont tous là pour guérir ton Naofumi.
Melty paraissait fort soucieuse. Elle enlaça Filo et enfouit sa main dans ses cheveux.
— Mais, mon maître…
— Tu sais bien que Naofumi voudrait que tu prennes le temps d’être soignée. Il n’aimerait pas te voir dans cet état, n’est-ce pas ?
S’interrogeant peut-être sur le bien-fondé de cette affirmation, Filo inclina la tête et me regarda.
Franchement… elle se montrait tout le temps si égoïste, mais, maintenant, elle se faisait un sang d’encre pour moi ?
— Ça va aller. Va te faire soigner.
Mes mots s’échappèrent dans un murmure. Puis, Filo acquiesça et elle se rendit auprès des médecins. Ils incantèrent des sorts théoriquement efficaces contre les malédictions.
— Cette malédiction est redoutable…
Les membres de l’équipe médicale chuchotaient entre eux. Il fallait croire qu’elle était vraiment très puissante.
La Branche Maudite me parut soudain posséder un nom adapté.
Le bouclier était fort, donc j’avais fait attention de ne m’en servir qu’en dernier recours. Malgré cela, ce Sacrifice de Sang était quelque chose d’entièrement nouveau. Il m’avait demandé un prix si élevé, tout comme Fitoria l’avait prédit. J’avais précipité ma propre destruction.
— Hâtez vos préparatifs de Sanctuaire !
Était-ce la magie qui avait nullifié ma Brûlure de la Malédiction du Porteur ?
Les gens rassemblés autour de nous n’appartenaient pas tous à l’Église des Trois Héros… toutefois, ils semblaient adhérer à une autre religion… mais laquelle ? Peut-être était-ce l’Église du Bouclier ? Voilà qui me paraissait être une foi digne d’être défendue…
Je pensais à tout cela quand mes yeux se firent tout à coup très lourds.
— M. Naofumi !
— Naofumi !
Raphtalia et Melty me tirèrent de ma torpeur.
— Hein ? Quoi ?
— Vous devez rester éveillé.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Tu tires une tête comme si j’allais mourir. Mais non, ça va, je t’assure.
Je pouvais tout de même difficilement les blâmer de penser une chose pareille… mais j’étais très fatigué.
Je voulais dormir… ne serait-ce qu’un peu.
Néanmoins, je ne pouvais pas encore me laisser emporter. Je n’étais toujours pas en sécurité. Nous n’étions pas en lieu sûr, mais j’étais incapable de bouger.
Par conséquent…
— Raphtalia, si tu remarques un truc étrange, prends Melty, saute sur Filo et fuis.
— Compris. Mais, si nous en arrivons là, je vous emmène.
— Désolé. Je pense pas pouvoir vous préparer le petit-déj’ demain matin. Je dois d’abord… me reposer.
Tout en parlant, je sentis ma vision s’occulter. L’instant d’après, je dormais profondément.
— M. Naofumi ! Vous ne pouvez pas dormir ! Vous ne pouvez pas ! M. Naofumi…