Tour des Mondes – Chapitre 192
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Dépasser la rumeur
Je crois que je peux voir au moins cinq ou six silhouettes qui s’approchent, mais c’est possible qu’il y en ait plus. Je n’ai pas trop le temps de me concentrer dessus à cause des attaques qui continuent de pleuvoir sur moi. Il y a toujours des gémissements du côté du premier chevalier, mais ils vont finir par être étouffés par les bruits de pas que j’entends s’approcher.
Je n’ai clairement plus le temps de réfléchir, je vais devoir agir vite. Je jette une plante à croissance rapide sur le chevalier devant moi et je recule aussi vite que je peux. Cette version améliorée devrait m’aider à gagner quelques secondes.
Yuu.
[C’est parti]
Aussitôt, je peux sentir mon lien avec Juliette subir la même transformation que dans la salle du trône. Le lien se rapproche et s’élargit encore plus rapidement que la première fois et c’est une sensation bien trop forte pour que je la supporte, mais je peux sentir que Yuu me maintient conscient le temps du processus. La distance entre l’esprit de Juliette et le mien continue de rapetisser alors que le lien se transforme petit à petit en une sorte de grande surface proche du miroir. De l’autre côté, je peux sentir Juliette qui trépigne d’impatience à l’idée de recommencer une fusion, et c’est presque effrayant comme sensation, puisque je la sens devenir mienne.
Mon esprit touche le lien et l’esprit de Juliette le touche aussi.
Deux esprits qui se lient ensemble pour fusionner et ne devenir qu’un.
Deux, puis un.
Notre corps frisonne. La sensation est toujours aussi grisante, un véritable plaisir de pouvoir y revenir alors que nos articulations craquent. En plus de cela, il y a plusieurs adversaires au menu du jour, et nous avons les crocs.
[Concentre-toi. Vous n’êtes plus deux, mais un.]
Oui oui. Un, pour un corps. C’est entendu. Reprenons.
Jusque-là, c’était plutôt stressant d’esquiver et d’attaquer continuellement, surtout que ce sont des adversaires qui n’ont aucune chance de ressentir de la douleur.
Amusons-nous dans la fumée dans ce cas.
Devant moi, la plante a fini de pousser et il a déjà fini de la découper avec son épée en bois. Je n’aime pas ce type, puisqu’il est capable de me voir. Voyons voir si je peux jouer avec lui.
J’esquive ses attaques sans en avoir peur, puisqu’il ne peut plus me toucher maintenant. Je n’ai qu’à plier un peu ce corps et plus rien ne me touche.
Je le frôle et il essaye de me frapper avec son poing, mais il ne touche que du vide. Même avec des yeux perçant la fumée, c’est difficile apparemment. Je le chatouille un peu en passant mon stylet sur sa peau, mais ça ne le fait pas rire et il attaque aussitôt en essayant de m’atteindre.
Amusant, mais inutile, ça ne fait que brasser de la fumée. Autour de moi, je peux sentir que les autres s’approchent, mais ils n’ont pas l’air de voir aussi bien que celui devant moi.
Je mets un coup de pied à l’un, un coup de coude à l’autre, et aussitôt les attaques commencent à pleuvoir dans tous les sens.
Malheureusement pour eux, je suis pratiquement allongé par terre maintenant, et c’est difficile de toucher quoi que ce soit d’autre qu’un allié dans de telles conditions, pas vrai ?
L’échange de coup est relativement étrange puisqu’au final c’est celui qui est capable de voir dans la fumée qui prend les attaques des autres.
Le premier coup a eu l’air de le sonner et le deuxième l’a fait se reculer par sécurité. Si je n’ai pas la force de pénétrer cette armure, les autres l’ont. Certains en portent encore une d’ailleurs et j’ai justement un cadeau !
Je m’approche calmement et casse une plante à croissance rapide sur l’arrière du crâne de l’un des leurs. La graine tombe presque complètement dans son dos et, vu ce que j’entends alors que je m’éloigne, l’effet est suffisamment prodigieux pour qu’il tombe par terre.
Hmm, il en reste combien maintenant… encore cinq ? Allons, que vais-je faire ?
« C’est fini ! »
Ah ? Mais je n’ai pas fini de jouer moi ! C’est au moment où c’est le plus amusant qu’on s’arrête ? Non non, on continue ! Pourquoi est-ce que j’écouterais un vioc qui manque d’amabilité ?
[On écoute le monsieur et quand il dit que c’est fini, c’est fini.]
Aussitôt, mon esprit se divise en deux et reprend sa place originale tandis que le lien avec Juliette retrouve petit à petit sa taille normale. J’ai presque envie de vomir maintenant… Yuu a fait la fusion trop vite pour que la sensation soit supportable. Mon corps va bien, à part pour des douleurs ici et là. Je peux sentir la douleur au niveau de mon ventre et de mon poignet qui reviennent tout de suite comme amplifiées une fois la fusion terminée.
Juliette est elle aussi un peu groggy, mais ce n’est rien d’insupportable ou que je ne pourrais soigner avec la potion que j’ai achetée.
Alors que je mets un genou à terre en essayant de calmer mon tournis, la fumée disparaît presque immédiatement autour de moi. Je peux voir que c’est Alexander qui l’a fait disparaître d’un mouvement de la main et, dans ses yeux, je peux lire encore plus d’intérêt qu’avant. Il reprend aussitôt un air sévère en regardant les chevaliers autour de moi.
L’un d’eux est encore à terre, gêné par la plante qui s’est infiltrée dans son armure en bloquant toutes les jointures, un autre se tient la tête, et c’est probablement celui qui me voyait. Le premier est presque sorti de la flaque de potion collante que j’ai laissée par terre, mais il semble avoir encore du mal à libérer une de ses jambes. Les autres n’ont rien et semblent presque étonnées que ce soit déjà fini.
— On aurait pu continuer un peu, Alexander. Je trouve ça très divertissant à regarder.
— L’humiliation est une chose que je supporte assez mal. Je n’avais pas envie de m’infliger cela plus longtemps. Ils ont encore beaucoup à apprendre.
— Tu sais comme moi que le dresseur aurait perdu à la première attaque qui l’a touché et aucun d’eux n’est blessé… à part au niveau de l’ego, mais c’est sans doute mieux qu’ils l’apprennent comme ça et ici. J’espère en tout cas que tu resteras discret sur ce que tu as vu aujourd’hui, je ne pense pas que le dresseur ait envie que l’on ébruite ses capacités.
— Cela va de soi.
Alexander fait un geste et les chevaliers encore à côté de lui se dépêchent d’aller aider ceux qui en ont besoin pendant que les autres se figent dans une posture très militaire.
Bastion s’approche de moi en souriant, mais je dois dire que vu mon état, je m’en moque un peu. Le contrecoup est moins important que la première fois, mais l’accumulation de douleur sur la journée commence à se faire sentir et j’ai vraiment besoin de repos. Le coup que j’ai pris au ventre n’avait rien d’agréable, et j’espère que je n’ai pas une hémorragie interne ou quelque chose du genre. Pour le poignet… Il faudra attendre.
« Tu dépasses totalement mes espérances, dresseur. C’est même bien plus intéressant que les rumeurs. Je pense avoir une bonne idée de tes capacités maintenant. Tu manques d’entraînement, mais c’est rajeunissant de te voir te battre. Fais une pause et nous discuterons ensuite de ton arme. »
Correction : Hastin
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