Tour des Mondes – Chapitre 261
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Chapitre 261 : Une récompense à la hauteur.
Et me revoilà dans la loge VIP des grimpeurs. Cette fois-ci, je décide juste de ne pas me rendre invisible. Après tout, c’est peut-être Nomad la star du jour, mais sans moi, on ne va pas se mentir, il serait déjà mort. Le référent de Nomad m’a donné les informations dont j’avais besoin pour connaître le déroulement de la remise de prix. La première place reçoit directement son prix de la main du gardien, mais je n’ai pas spécialement envie de me montrer devant autant de personnes.
Arthur est le premier à me remarquer et Alexander fait semblant de rien, mais il sait que je suis là. Il y a aussi quelqu’un que je ne reconnais pas assis à côté d’Alexander, mais je n’y fais pas attention. Si je suis là, c’est pour faire quelque chose d’intelligent. C’est un peu réducteur puisque je fais toujours quelque chose d’intelligent, mais venant de Nomad, je ne m’attends pas à ce qu’il le comprenne. Cela dit, me faire confiance sans même poser de conditions est la véritable récompense.
J’esquive le nain de tout à l’heure qui semble avoir vidé une grande quantité de chopes depuis tout à l’heure en me demandant comment une créature pareille peut en ingérer autant…
Je saute sur la table à proximité d’Alexander et me place devant lui.
— Et que me vaut le plaisir de cette rencontre, renard ? Ton Dresseur t’envoie avec un message ?
[Je suis bien plus qu’un renard, humain. Cependant, tu le sais déjà.]
— Bien sûr, mais ça ne veut pas dire que je m’attendais à ce que tu puisses parler. Pourquoi es-tu là ?
[Je suis à la recherche de quelqu’un avec une voix qui pourra parler à ma place et je voulais savoir si je pouvais emprunter Arthur ?]
— Pour le moins intrigant. Cependant, l’associer avec le Dresseur lui attirera des ennuis dont il n’a pas besoin. Maintenant, dis-moi pourquoi exactement.
[Le Dresseur a préféré partir et me laisser gérer la remise de prix. Avoir quelqu’un capable d’être écouté sera un avantage et me permettra de rester dans l’ombre.]
— Amusant, mais ma réponse reste la même.
Alors qu’il répond ça, Arthur, dont la personnalité est aussi claire que le blanc de ses yeux, pose sa main sur l’épaule d’Alexander pour lui dire qu’il aimerait le faire quand même.
— Ce n’est pas que ta décision. Tu ne représentes pas que ton seul nom.
— J’aime bien le Dresseur. Ce serait stupide de refuser.
— Tu as l’impression que ce renard ne savait pas que tu allais réagir comme ça ? Il cherche juste à se servir de toi.
— Je ne vois pas le problème. Depuis quand ai-je besoin de me cacher ? Je prendrai la parole au nom du Dresseur. Je ferai attention.
Alexander se frotte la tête et je serais probablement en train de sourire si j’avais des lèvres d’humain. Même si Alexander a remarqué mon petit jeu, il n’a pas l’air d’être en position de refuser une demande venant de son protégé qui est si facilement manipulable.
— Non. Ce n’est pas toi qui prendras la parole, car ce renard te fera dire ce qu’il veut en toute impunité et ce n’est pas souhaitable. Tu es trop honnête pour ce genre de chose.
[Je ne suis pas si pervers que ça.]
— Et moi aussi stupide. Puisque tu as trouvé un moyen de me forcer la main, je prendrai la parole. C’est bien ce que tu espères, n’est-ce pas ?
[Oh ? Mais je voulais qu’Arthur s’en charge !]
— À d’autres. Allons-y.
Alexander se lève alors qu’Arthur semble légèrement perturbé par les paroles d’Alexander à mon propos. Il semble bien que cette faveur ne soit pas suffisamment dangereuse pour qu’il se fâche avec Arthur. C’est un bon signe pour Nomad qu’il soit prêt à le faire, même si ça revient à s’associer à lui. Cela veut dire que Nomad n’est pas une cause perdue qui demande de refuser directement. Je n’étais pas encore certain de ce point, mais cela veut donc dire qu’il y a un espoir qu’il s’en sorte sans mourir au pied de la tour. Je commençais à avoir des doutes après l’attaque de ce matin.
Alexander part devant tandis qu’Arthur me tend la main pour que j’y monte. D’un bond, je passe directement à son épaule et nous le suivons. Nous partons en direction de la loge du gardien des Guerriers tandis qu’Alexander m’annonce qu’il n’hésitera pas à changer mes mots ou ne rien dire s’il n’en apprécie pas la tournure. C’est quelque chose que je peux accepter, mais j’aurais sans doute pu m’amuser plus facilement avec Arthur.
« Fais attention à tes paroles, renard. Le gardien risque de ne pas apprécier la situation. Il n’aime pas grand-chose qui n’ait pas un rapport à la guerre et au combat. »
Alors que nous entrons dans la loge du Gardien, celui-ci se lève et se tourne dans la direction d’Alexander en souriant. Celui-ci semble amical d’un premier abord. Sans doute le genre de brute qui aime les histoires guerrières et l’alcool. Des yeux marrons, des cheveux rouges et une mâchoire tellement carrée qu’il serait possible de s’en servir pour planter des clous comme si c’était un marteau. Pile-poil le genre de personne qui m’irrite le plus au monde.
De mon côté, je suis redevenu invisible pour éviter le regard de la foule, mais il est clair que cela ne trompe pas le gardien. Il me fixe directement en m’envoyant une bonne partie de son aura « divine » dans le but de m’intimider alors qu’Alexander lui explique la situation. La sensation est extrêmement désagréable et j’ai l’impression qu’il me tuerait sans hésiter s’il le pouvait. Son aura est bien plus violente que celle de la gardienne des Guides, mais venant du gardien des Guerriers, ce n’est pas étonnant. En attendant, l’irritation que j’éprouve à son égard semble partagée.
« Amusant. Ne pas rencontrer ce Dresseur est frustrant, mais très bien. Procédons. Une excentricité de plus venant d’un personnage qui doit l’être tout autant. »
Clairement, le gardien se moque complètement de Nomad et le voit sans doute comme une sorte de diva. Pas étonnant qu’il le pense vu la situation. Un débutant décide de ne pas se présenter pour récupérer son prix devant une des figures les plus importantes du pied de la tour. Cela doit laisser un arrière-goût d’irrespect assez difficile à ignorer.
Le gardien s’approche de la balustrade et commence à attirer l’attention de la foule.
« Mes amis ! Il est temps de remettre le premier prix au Dresseur ! Malheureusement, celui-ci ne peut se présenter ici et a laissé un message ! Je sais, je sais. Je suis moi-même déçu après avoir vu un tel spectacle, mais écoutons ce que celui-ci veut nous dire. »
Hm. Une façon comme une autre d’irriter la foule en restant poli. Sans parler de sa façon de sous-entendre qu’il est déçu des combats de Nomad.
J’imagine que je ne peux pas compter sur ce Alwin pour être impartial, mais ça ne fait rien. Je ne suis pas là pour me lier d’amitié avec lui.
Voyons voir si je peux changer l’opinion de la foule. Alexander s’avance et attire l’attention alors que j’entends que l’on hu l’absence de Nomad ici et là.
Commençons par féliciter la qualité de ce tournoi et rappeler l’importance des enfants de la tour dans tout ça.
« Grimpeurs ! Dans l’arène, je me suis battu et j’ai fait don de mon sang et de ma chair pour vous et pour les enfants de la tour qui sont à l’honneur ! Aujourd’hui est un grand jour pour eux et félicitons les heureux élus qui deviennent des Grimpeurs ! »
Hm. C’est pas mal, mais c’est un peu long. Évitons de les ennuyer plus. Alexander étouffe un sourire alors que je lui dis la suite.
« Cependant, je regrette qu’il y ait autant d’enfants qui ne puissent pas célébrer la victoire comme tant d’autres. Si le Gardien Alwin le permet, j’ai pris la décision de renoncer à mon prix et de donner humblement un point à chaque enfant de la tour souhaitant devenir grimpeur ! »
Le premier prix est une épée stupide qui sera sans intérêt pour Nomad, autant faire quelque chose de plus intéressant que de récupérer une épée « magique » dont il doit y avoir un exemplaire offert à chaque fin de tournoi…
Alwin se tourne rapidement dans ma direction et j’ai l’impression qu’il va me tuer vu la façon dont il me regarde. Non non, ce sourire surpris et bienveillant n’est pas suffisant pour cacher la haine dans ton regard. Il n’aime pas du tout ma demande. Cependant, il n’est pas dans une position où il peut refuser.
« Nous t’entendons Dresseur, et ta demande est acceptée ! »
Bien, c’est une bonne chose de faite. Avec ça, il devrait s’attirer les faveurs du public en laissant une dernière note plus joyeuse. Après le tournoi, les rumeurs seront plus positives à son sujet et on pourra probablement rattacher le mot « Bienfaiteur ». Grâce à cela, les Prêtres et les autres compétiteurs mécontents auront du mal à s’en prendre à Nomad ouvertement après une telle générosité.
La foule semble plutôt contente et une vague d’applaudissements et d’acclamations retentit dans l’arène et plus particulièrement dans les gradins des orphelinats. Sur l’écran principal, au milieu de l’arène, le score de Nomad qui était affiché diminue graduellement pour atteindre zéro. Il semble que peu d’enfants aient hésité à accepter cette offre. Cela suffira, je pense. Inutile de provoquer plus le gardien avec un discours à rallonge. À forcer la main de gens importants comme ça, je vais finir par avoir des problèmes.
… C’est là que je peux voir un léger sourire mauvais sur le visage du gardien qui jette un coup d’œil dans ma direction. Cela n’a duré qu’un instant, mais c’est suffisant pour savoir qu’il va faire un coup tordu. Il se tourne alors vers le public pour prendre la parole.
« Il est de mon devoir d’honorer les grimpeurs qui se sont battus pour ces enfants de toutes leurs forces. En retour pour leur participation aujourd’hui, chaque enfant devenu grimpeur honorera à son tour le grimpeur qui l’a représenté en rejoignant la classe principale dont il vient ! Que celui qui s’est battu puisse devenir à présent un modèle et un professeur ! »
Oh non.
Il vient vraiment d’inventer une règle stupide après ma demande juste pour me contrecarrer ?
Le public applaudit poliment, mais je peux entendre des cris de protestation venant des gradins des enfants. C’est assez facile à imaginer que prendre quelqu’un pour nous représenter ne veut pas dire que l’on souhaite en avoir la classe. Les premiers concernés sont les enfants qui viennent d’obtenir un point de Nomad.
Ce garçon est une anomalie intéressante, mais sa classe, elle, n’intéresse personne. Maintenant, il y a plus de 200 enfants qui vont devenir Dresseurs malgré eux juste parce que Nomad ne s’est pas présenté devant lui. Quel gamin ce Gardien ! Mon idée parfaite est devenue un résultat mitigé.
Hm. Peut-être que Nomad ne le verra pas comme ça. Espérons qu’il n’en pensera rien. Évitons de dire que j’ai vexé un gardien aussi.
*
Au sommet de l’arène, une fillette se met à rire bruyamment. À côté d’elle, Fae grimace et Ephy ouvre grand la bouche de surprise. La gardienne des Rangers reste la seule à ne pas réagir à cette annonce avec le gardien des Bardes qui continue de jouer de son instrument sans rien dire.
« Et… le pire dans tout ça, c’est que tu peux remercier son animal ! Ce serait jamais arrivé s’il avait fait la demande lui-même ou si personne n’était venu ! Ahahaha ! »
Fae est passablement irritée par Beatice. Elle comprend maintenant pourquoi elle n’a rien voulu dire. Si elle l’avait fait, elle serait intervenue avant auprès d’Alwin pour qu’il ne fasse pas ça. Maintenant, elle a plein de gamins brailleurs qui vont attendre devant la porte des Dresseurs. Tout ça à cause d’un Kelfi… Pendant ce temps, la gardienne des Oracles continue de rire sans s’arrêter et ça commence à devenir difficile de réfléchir.
— Ephy, tu peux me débarrasser d’elle ?
— Avec grand plaisir.
À la demande de Fae et sans ménagement Ephy se lève et attrape Beatice dans ses bras.
« Fae c’est pas drôle, dis-lui d’arrêter ! Si vous faites ça, je vais être obligé de me servir de mes pouvoirs et la seule excuse que j’ai c’est de présider le tournoi des classes non combattantes qui va avoir lieu avec Alwiiiiiiiin. »
Sans lui répondre et avec une certaine joie, la gardienne des Guides finit par la jeter dans les airs et Beatice tombe rapidement dans l’arène en la traitant de monstre.
Ephy se rassoit ensuite à côté de Fae silencieusement et ne sait pas trop quoi lui dire. Elle et Orion ont envie que la classe de Dresseur rouvre ses portes, mais pas aussi brutalement. Ce coup du destin est normalement une opportunité, mais Fae n’est pas du genre à agir ou voir les choses comme tout le monde.
Elles n’ont toutes les deux aucune idée de ce que la gardienne des Dresseurs en pense et préfèrent s’abstenir de parler pour ne rien dire qui puisse possiblement aggraver sa réflexion ou l’irriter.
— Dites. Je viens de réaliser. Mon unique Dresseur vient de battre toutes les autres classes y compris les vôtres, pas vrai ?
— … Oui.
— Est-ce que ça veut dire que mon entraînement est meilleur que le vôtre ?
— … Je… n’irais pas jusque-là.
Fae se met alors à sourire en embêtant Ephy à côté d’elle, mais finit par se taire et retourne à sa réflexion. L’expression sur son visage est beaucoup trop sérieuse pour être normale venant d’elle. Elle regarde en direction de l’arène. Quelque chose a attiré son attention. Un sourire en coin sur le visage d’Alwin alors qu’il la regarde, moqueur.
L’instant d’après, le visage de Fae passe à la colère.
« Très bien, faisons quelque chose de stupide maintenant. »
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Correction : Hastin
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