NORDEN – Chapitre 52
Chapitre 52 – La petite proie
Ambre dormait lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit avec fracas. Elle sursauta et sentit une lourde pression se plaquer contre elle, manquant de l’étouffer.
— Joyeux anniversaire ma grande sœur chérie ! hurla Adèle, dont la voix aiguë venait potentiellement de réveiller tout le manoir.
L’aînée ouvrit un œil et regarda son réveil, les aiguilles indiquaient à peine sept heures.
— Pourquoi me réveilles-tu aussi tôt ! ronchonna-t-elle après un bâillement.
— Je pars à l’école dans quelques minutes, je ne pouvais pas partir sans t’offrir ton cadeau !
Surexcitée, la fillette l’enlaça de toutes ses forces et nicha sa tête contre son cou, la couvrant de baisers. Puis elle défit son étreinte et lui tendit une petite boîte joliment enrubannée, décorée de motifs d’entrelacs.
— Ouvre ! trépigna-t-elle en guettant sa réaction.
Ambre ôta l’emballage, découvrant une épaisse paire de gants en laine gris clair qu’elle enfila. La texture était douce et paraissait de mise en ce début d’automne.
— Ils sont magnifiques ! répondit-elle avec franchise.
— C’est la maman de Ferdinand qui me les a recommandés. Du coup, je t’en ai pris une paire et aussi une autre pour moi, comme ça on aura les mêmes ! Sauf que les miens sont bleus et…
Sa phrase inachevée, Adèle baissa la tête et fit la moue.
— Qu’y a-t-il ma Mouette ?
— Tu ne vas pas te transformer, hein ? demanda-t-elle d’une petite voix trahissant son chagrin.
Choquée par cette prise de conscience brutale, l’aînée ne répondit pas immédiatement ; elle était majeure dorénavant, capable de se métamorphoser en chat viverrin et de poursuivre sa vie sous cette forme si elle le désirait.
— Ne t’inquiètes pas, ce ne sera pas pour tout de suite. Je ne compte pas t’abandonner si facilement ma Mouette.
Elle était sincère dans ses propos, elle qui, moins d’un an auparavant aurait tout donné pour pouvoir user de cette chance inouïe. Or, elle appréciait sa nouvelle vie, étant parvenue à trouver un équilibre, au point que l’idée ne lui avait plus traversé l’esprit ces derniers mois. Désormais, elle se focalisait sur son implication en politique et l’importance que monsieur le maire portait à son égard la satisfaisait autant qu’elle la perturbait.
— Tu me promets ?
— Promis, ma petite Mouette. Au pire, ça te fera un nouveau chat pour jouer avec toi !
Adèle gloussa puis, ne souhaitant pas être en retard à l’école, courut en direction de la porte. Avant de sortir, elle lança à la volée :
— On jouera ensemble ce soir ?
Ambre acquiesça, un large sourire aux lèvres en entendant sa sœur dévaler en trombe les marches de l’escalier. Se retrouvant seule, la jeune femme pouffa.
C’est vrai que je peux me transformer maintenant. Ça fait vraiment bizarre. Je ne sais pas si c’est dû à l’excitation, mais je me sens comme changée, plus mature… plus femme !
Le cœur battant avec vigueur, elle se leva en hâte pour contempler son reflet dans le miroir. Sa chemise de nuit ôtée, elle observa sous divers angles son corps pâle tacheté de grains de beauté et s’attarda sur sa silhouette tout en courbes, palpant ses seins fermes ainsi que son ventre charnu. Ses traits étaient redevenus sinueux, à son grand soulagement, heureuse d’avoir repris de la chair depuis sa période de troubles qui l’avait amaigrie. Même son visage constellé d’éphélides avait repris des rondeurs, masquant légèrement la cicatrice assez nette qui entaillait sa joue, héritage de la chevalière du Duc.
Elle enroula une mèche de cheveux autour de son index et la renifla. Le parfum exhalé la déconcertait ; elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait différente.
Non, mais arrête d’être aussi paranoïaque ! Strictement rien n’a changé. T’es juste perturbée par le fait de savoir que tu peux devenir autre chose. C’est tout !
Songeuse, elle s’étudia encore quelques instants puis retourna dans son lit. D’humeur fainéante, elle se lova sous les couvertures et se recoucha, rejointe par Anselme. Encore à moitié endormi, l’oiseau pressait amoureusement son petit corps chaud et doux contre la poitrine de son éternelle fiancée.
Aux alentours de midi, Ambre arriva à la taverne. Elle posa ses affaires dans l’arrière-cuisine puis alla saluer son patron avant de lui relater les sempiternels accrochages qu’elle avait eus avec son hôte la veille au soir. L’homme ne l’écoutait que d’une oreille, préparant un ragoût d’agneau noyé sous une sauce grasse dont les senteurs embaumaient la pièce. En tant que père de substitution, il l’entendait se morfondre de sa condition et cracher sur toutes les injustices sociales, riant de ses commentaires dignes d’une enfant capricieuse.
Parée à travailler, la jeune femme s’approcha du géant et regarda le contenu de la marmite avec intérêt.
— Je vois que tu nous cuisines un bon plat pour le déjeuner, gloussa-t-elle en trempant un doigt dans la sauce qu’elle porta à sa bouche et suça avec délice. La marinade est parfaite !
— Comment vas-tu ma grande en ce jour si particulier ? lança le colosse de son ton habituel bourru.
— Plutôt bien ! La journée est radieuse, je n’ai pas eu cours ce matin et les villes sont somptueusement décorées pour la fête de l’Alliance à venir.
— Je ne parlais pas de ça, dit-il d’humeur allègre.
Il posa ses ustensiles et l’enlaça de sa poigne solide.
— Tu vas pouvoir m’abandonner à présent. J’espère que ton cher Baron prend bien soin de toi, qu’il ne te vienne pas à l’esprit des pensées étranges et insensées.
La jeune femme s’esclaffa.
— Ah ! Eh bien… je suppose que je vais attendre un peu avant de me transformer mon cher Beyrus, du moins pas tant que tu ne m’auras pas payé mon mois.
Il ébouriffa son crâne et lui apporta une bourse en cuir qu’il fourra dans sa main. Au vu du poids et du tintement des pièces, il devait y avoir une coquette somme. Elle défit le lien et nota qu’il s’agissait de pièces d’argent, de cuivre et même une en or.
Voyant son air interrogateur, il précisa :
— C’est un pécule que j’ai mis exprès de côté pour ta majorité. Tu as là-dedans une somme avoisinant les trois milles, fais-en ce que tu voudras.
Émue par sa générosité, Ambre se jeta dans ses bras et le remercia vivement avant de commencer à mettre le couvert pour entamer son service.
Il faisait à peine jour lorsqu’elle arriva au manoir, aux alentours de dix-sept heures trente, libérée par Beyrus un peu plus tôt pour profiter de sa soirée d’anniversaire. Adèle l’attendait sagement, assise devant l’entrée. Le corbeau sur l’épaule, elle bavardait en compagnie de Séverine. Dès que les grilles en fer forgé noir s’ouvrirent, son visage s’illumina et elle accourut vers son aînée, lui saisit le bras et l’entraîna dans les jardins.
Les deux sœurs se ruèrent en direction de la roseraie, courant entre les arbres et les statues. Elles chahutaient et se coursaient tour à tour, riant à gorge déployée sans nullement se soucier du regard amusé de la vieille intendante qui les observait. Dans un mouvement brusque, Adèle se précipita sur sa grande sœur et la fit basculer à la renverse. À terre, elle chatouilla son aînée qui, soumise à la force prodigieuse de sa chétive cadette, se mit à rire aux éclats. Les larmes aux yeux, ne pouvant plus supporter ses caresses affectives, Ambre contre-attaqua. D’un vif coup de reins, elle la poussa sur l’herbe avant de se placer au-dessus d’elle, plaquant ses mains sur ses poignets afin de la maintenir au sol.
— C’est pas encore aujourd’hui que tu auras le dessus sur moi, ma Mouette ! s’exclama-t-elle, les yeux rieurs.
— Bientôt tu verras !
— Jamais ! je suis trop forte !
Elle lui donna une chiquenaude sur le museau et la chatouilla. Comme son aînée, elle s’esclaffa et gigota dans tous les sens afin de se défaire de son étreinte.
— Arrête j’en peux plus ! parvint-elle à articuler, hors d’haleine et le visage rubescent.
Tout aussi essoufflée, Ambre embrassa son front.
— Tu capitules bien vite je trouve.
La petite toussota puis tourna la tête.
— Oh père ! fit-elle joyeusement.
Interloquée, Ambre s’arrêta net et porta son regard sur Alexander qui se tenait non loin d’elles et les observait avec une attitude trahissant un amusement contenu. La jeune femme, dont le sourire venait de disparaître instantanément, se redressa en hâte. Elle plissa hargneusement ses vêtements, dégageant les brins d’herbe et les feuilles qui s’y trouvaient, vexée d’avoir été épiée à son insu. Avec empressement, elle remit droit son chemisier froissé et déboutonné, marquant l’orée de sa poitrine.
Arrivé quelques minutes auparavant, l’homme désirait s’entretenir avec l’aînée et avait rejoint les jardins directement à son arrivée, suivant les éclats de rire. Il s’était approché en toute discrétion, surpris de voir son acolyte aussi enjouée et de si bonne humeur, elle qui ne laissait transparaître d’ordinaire qu’un visage froid ou sévère.
Il avait eu le plaisir jubilatoire de la voir dans une position des plus aguichantes. Lorsque, se dressant au-dessus de sa sœur, la dominant en tout point, elle avait naturellement cambré son dos, dévoilant toute la courbure de son corps, le bassin relevé en toute innocence. Une attitude parfaitement désinvolte qui, au lieu de l’outrager, lui procura, au contraire, un certain ravissement. Il ne pouvait rester indifférent devant ce corps à peine mature qui méritait d’être conquis et cueilli au plus vite, avant d’être capturé par un autre.
Imperturbable dans la maîtrise de ses émotions, Alexander s’éclaircit la voix. Adèle se releva et alla lui serrer la main, le seul geste amical autorisé lorsqu’il la côtoyait en extérieur, à la vue de tous. Une fois la courtoisie effectuée, elle rejoignit le manoir afin d’aller dîner, sur ordre de son père qui la regarda s’éloigner avant de porter son attention sur son acolyte. Celle-ci croisait les bras et le toisait d’un œil mauvais. Elle se mordillait les lèvres, dévoilant le bout de ses canines.
— Pouvez-vous me suivre, mademoiselle.
Ambre hocha la tête puis, la démarche rigide, suivit son hôte jusque dans son salon, un lieu propice pour les conversations privées et sérieuses. Il ouvrit la porte scellée et, d’un geste de la main, l’invita à pénétrer dans son espace. Elle ne venait que très rarement dans cette pièce qui se révélait la plus majestueuse du manoir, non pas pour la richesse et la décoration, bien moins exubérantes que dans les autres salles, mais pour son ambiance si particulière. C’était un endroit cosy où tout le mobilier était à l’image du Baron : sobre, ordonné et élégant. Tout ce qui s’y trouvait témoignait d’un trait de caractère du maître :
Sa passion pour les sciences, qui se traduisait par le grand cabinet de curiosités où se trouvait une myriade de crânes, coquillages et plumes disséminés entre des médaillons noréens et divers objets d’études. Son intérêt pour l’histoire et la littérature grâce aux trois bibliothèques garnies d’ouvrages. Et enfin, son engouement pour l’art au vu du bel ensemble mobilier, de l’immense tapisserie représentant Alfadir et le Serpent marin ainsi que son pendant, un tapis à l’effigie du Cerf et de la Licorne.
Le seul mystère demeurait l’imposant piano à queue blanc aux initiales dorées qui semblait ne pas avoir servi depuis des années. Il paraissait avoir appartenu à monsieur Ulrich Desnobles, l’homme représenté sur le portrait monumental situé dans l’entrée, en plein milieu de l’escalier. Au vu de la ressemblance frappante, Ambre devinait qu’il s’agissait du père de son hôte bien que leur nom soit divergent.
— Asseyez-vous, mademoiselle, dit-il en lui indiquant le siège présent devant son bureau.
Elle s’exécuta et croisa les bras. Il s’installa en face d’elle et planta ses iris sombres dans les siens. Les mains jointes, il l’étudiait sans mot dire, les sourcils froncés et un léger frémissement à la commissure de ses lèvres. La jeune femme détestait cette attitude, se sentant sondée jusqu’au plus profond de son être. Pourtant, elle le trouvait d’autant plus attirant ainsi.
Par Alfadir, ne te laisse surtout pas charmer par cet homme !
— Je présume que vous savez pourquoi je vous ai fait venir ? finit-il par dire posément.
Elle soupira d’exaspération, scrutant ses ongles afin de ne pas trop s’attarder sur le visage de son interlocuteur.
— Pardonnez-moi, monsieur, mais je crains que non !
— Vous irez voir dans votre chambre dans ce cas. Car je présume, au vu de votre accoutrement et surtout de votre odeur, que vous n’êtes pas montée vous changer en rentrant.
Elle émit un grondement guttural.
Monsieur me provoque, parfait je vais pouvoir me défouler !
— Dois-je présumer qu’il s’agit d’une quelconque marque d’affection de votre part, monsieur ? Ou bien la peur de me voir me métamorphoser, moi, votre petit pion devenu fort utile, vous oblige à gaspiller votre argent pour me retenir entre vos griffes ? Vous craignez que je ne vous échappe et que votre notoriété s’effondre ? Quelle épouvantable tristesse cela doit être pour vous de vous abaisser à cela. Quelle indignation !
Il ne put réprimer un rire devant cet affront.
— Je vois qu’à me côtoyer un peu trop régulièrement vous commencez à gagner en répartie, jeune impertinente que vous êtes. Comme vous le savez, tout ce que je dépense ou fais est continuellement calculé et analysé. Loin de moi l’idée de vous offrir une quelconque marque d’affection supplémentaire, je vous gâte déjà bien trop en vous accueillant généreusement en ma demeure.
— Au hasard, s’agirait-il d’un vêtement ou d’un bijou en l’honneur de la fête de l’Alliance à venir qui, comme je le crains, va m’obliger à passer la soirée à vos côtés en tant que cavalière, comme le stipulait notre contrat, celui pour lequel je me suis engagée ?
Il esquissa un sourire malicieux.
— Vous présumez bien. C’est à croire qu’il y a un soupçon d’intelligence en vous, cela me rassure.
Sale enflure ! Il est en forme !
Elle fut incapable de trouver une répartie à la hauteur de cette attaque brutale. Sentant qu’il dominait la conversation, il se redressa sur son siège et l’observa de haut.
— La soirée aura lieu au manoir du marquis von Eyre, seuls les membres de l’Alliance seront présents. Je n’aurai donc pas à craindre d’éventuelles moqueries ou médisances de la part des invités. Voilà pourquoi je ne me suis pas abaissé à vous donner des cours de danse.
Putain, il prend le dessus ! Trouve vite un truc à balancer !
— Rassurez-vous, cette idée est amplement partagée. D’ailleurs, ne vous embêtez surtout pas avec cet impératif à l’avenir. Qui sait combien de médisances vous et moi subirions si l’Élite nous voyait si proches !
Une main sur le cœur, elle fit mine d’être indignée.
— J’ai déjà, grâce à vous, obtenu deux merveilleux qualificatifs et je prends énormément sur moi afin de ne pas me ruer sur ceux qui les prononcent avec un réel délice. Vous savez, vos chers amis les magistrats. Sachez qu’ils ont le don de m’agacer profondément, pour être polie.
— Soyez heureuse que des personnes éminentes daignent s’intéresser à vous, ma pauvre petite rustre noréenne sans rang ni titre.
Putain ! J’y crois pas, il a gagné cet enfoiré !
— J’en suis terriblement flattée, feula-t-elle en se levant, à cran. Maintenant, si vous le voulez bien, la magnanime pauvre petite rustre noréenne sans rang ni titre que je suis est affamée. Il serait fâcheux de lui faire perdre son temps et de la laisser mourir de faim pour l’obliger à écouter de si belles paroles !
Elle lui adressa un sourire faux, dévoilant l’entièreté de ses dents. Puis elle tourna les talons et sortit. Alexander sentit qu’il l’avait vexée ; la noréenne sous ses airs dignes tressaillait et avait les yeux larmoyants. Il éprouva la désagréable sensation d’avoir été un peu trop agressif dans ses propos, emporté par son cynisme et sa fierté. Frustré, il prit sa carafe et se servit un verre d’eau qu’il but d’une traite. Il observa ensuite la pièce silencieuse, pianotant nerveusement les doigts sur son bureau.
L’homme nourrissait au fond de lui la pensée inavouable et malsaine de posséder cette créature revêche qui l’obsédait en permanence depuis le premier jour où il l’avait aperçue. Bien qu’il soit devenu, selon ses critères, plutôt avenant et prévoyant envers celle qu’il nommait doucereusement « sa petite proie », celle-ci continuait à se dérober entre ses doigts, telle une anguille insoumise.
La petite proie n’avait pas de charme à proprement parlé, hormis cette magnifique paire d’yeux ambrés aux reflets hypnotiques. Mais elle dégageait un magnétisme et une aura qui, bien qu’il n’en connaisse pas la raison, le rendaient fou. Tout dans cet être appelait à une irrésistible envie d’étreinte et de débauche qui semblait s’accentuer avec le temps ; ses hanches solides et sa poitrine galbée ne demandaient qu’à être empoignées fermement et ses cheveux roux flamboyant maintenus en une interminable queue de cheval étaient si idéals pour une cavalcade ensauvagée.
Elle renvoyait en lui des images nettes d’assaut bestial qu’il avait tant connu autrefois et que son esprit lucide, à son grand désarroi, ne parvenait pas à chasser. Il la désirait comme jamais, depuis si longtemps, il en avait désiré une autre, ressentant le besoin obsédant de se faire pardonner pour les tourments qu’il lui avait infligés et dont il avait honte. Il l’avait bien malmenée, il allait falloir être fort prudent et adroit pour espérer remonter dans son estime puis gagner sa confiance.
Avec sa petite proie, car il n’avait d’yeux que pour elle, il userait d’une extrême patience conjuguée à une habilité experte pour l’attirer dans ses filets et diminuer sa vigilance afin de la séduire et, si possible, de la voir volontairement courber l’échine devant son éminente personne. Il chérissait cette idée, devenant presque aussi importante que ses objectifs politiques, chose fichtrement ridicule au vu de son statut d’homme puissant qui avait déjà tant de travail à abattre pour se permettre le luxe de courtiser sa collègue enragée.
Quelle idée stupide de perdre ainsi son temps et de gaspiller son énergie pour ces bassesses luxurieuses !Malgré cela, ce chasseur cruel, conquérant impitoyable, jouerait de ses atouts pour parvenir à ce dénouement obsessionnel. Par chance, il pouvait déjà compter sur sa chère fille Adèle, qui était là pour l’aider insidieusement dans cette démarche, ravie d’apporter sa contribution à la réconciliation de ces deux êtres. Et enfin Anselme, son adorable garçon, n’était désormais plus présent pour se mettre en travers de sa route et s’opposer à lui.
La petite proie était seule et vulnérable, la voie était libre. La partie de chasse, empreinte d’une douce séduction et d’un soupçon de rédemption, pouvait commencer. Quitte à la prendre sous son aile, autant en jouir sous tous les aspects, n’est-il pas ?