NORDEN – Chapitre 92
Chapitre 92- La mission
Assis sur son siège, Théodore se trémoussait et frottait nerveusement ses mains le long de ses cuisses. La salive absente de sa bouche l’empêchait de déglutir convenablement, rendant sa gorge sèche et pâteuse. Il tenta un bref coup d’œil à sa gauche et vit Antonin qui, parfaitement immobile et la bouche entrouverte, était aussi blême que lui.
— Me suis-je bien fait comprendre, messieurs ? trancha Alexander d’une voix ferme.
Dressé sur son siège, il joignit ses mains pour les poser sur le lex legatorum, le traité de loi de leur territoire. Ses yeux sombres sondaient ses interlocuteurs avec une insoutenable froideur. L’insigne épinglé sur sa poitrine brillait d’un étrange éclat, reflétant de manière inquiétante la lueur mordorée de la flammèche du chandelier. Cela accentua davantage cette sensation d’oppression suite au discours comminatoire qu’il venait d’énoncer.
— Oui monsieur le maire, approuvèrent les garçons d’un air abattu en prenant conscience de leur nouvelle mission qui s’annonçait tant laborieuse que périlleuse.
— Bien, vous pouvez disposer à présent !
La queue entre les jambes, les deux jeunes marquis se levèrent et se dirigèrent vers la sortie, s’éloignant d’une démarche pantelante. Une fois dehors, ils prirent la direction d’une rue descendante, traversée par des riverains et employés attelés à la tâche en ce jour de marché. Les rues étaient animées et les étals peu fournis en cette saison morte se vidaient aussi rapidement que les vendeurs les remplissaient de leurs maigres cagettes aux légumes mouillés et terreux, rabougris.
Des odeurs de vin chaud, de pain tout juste sorti du four et de poulet rôti à la broche s’étendaient dans l’atmosphère gorgée d’humidité, apportant un alléchant fumet qui ouvrait à l’appétit. Les deux amis vaguèrent en silence une bonne dizaine de minutes avant que l’un d’eux ne se décide à le briser.
— Comment va-t-on procéder ? demanda Antonin.
— Je n’en sais rien, maugréa le brunet en sortant de sa poche son paquet de cigarettes.
D’un geste brusque, il en alluma une et la porta à ses lèvres, tirant avec acharnement afin de défouler ses nerfs.
— Non, mais c’est pas vrai ! D’où se permet-il de nous ordonner une telle chose ! « Enquêtez sur cette drogue en toute discrétion et tentez de savoir d’où le stock provient. » Non, mais sérieusement comme si on était inspecteurs ! Ce n’est clairement pas notre boulot !
— Il doit redouter que certaines personnes de la milice soient de mèche avec les trafiquants, réfléchit Antonin avec pragmatisme, et puis, il a déjà bien assez de problèmes annexes pour enquêter par lui-même, avec les magistrats peu scrupuleux qui veulent sa tête. Sans compter la présence indésirée de Laurent de Malherbes qui se ferait une joie de l’évincer s’il le croise.
À l’entente du nom du marquis, Théodore pesta. La mine froissée, il jeta sa cigarette dans le caniveau et engouffra ses mains dans les poches.
— Ça va aller ? s’enquit le blondin en voyant son ami se rembrunir. Ton père savait-il pour son isolement ?
— Non ! rétorqua-t-il avec vigueur. Quand nous avons lynché Anselme et que mon père a dû rallier la cause du Baron afin de m’éviter la prison, mon oncle et mon père se sont très sévèrement disputés. Et quand je dis sévèrement le mot est faible. Pire qu’il y a vingt ans ! Je pense qu’ils auraient pu s’entre-tuer cette fois-ci tant Laurent était furieux de cette trahison. Il ne faut pas oublier qu’Isaac est le seul de nous trois à avoir succombé sous les crocs de la louve qu’il sait être la femme de von Tassle. Donc autant te dire que s’il pouvait nous voir aussi morts et enterrés que son fils ne l’est à l’heure actuelle, cela lui procurerait un immense plaisir. Surtout si c’est lui qui nous donne le coup de grâce. Pour Laurent, mon père a forligné les principes de la noble Élite. Nous sommes des traîtres à notre rang.
— Ton oncle serait capable de te tuer tu penses ? De tuer Wolfgang, son ex-beau-frère, malgré ce désaccord ?
Théodore ricana et cracha au sol.
— Franchement Antonin, tu connais Laurent presque aussi bien que moi. Tu sais pertinemment que cet homme est un sadique, un manipulateur et un meurtrier impitoyable que rien ne peut amadouer. Tu sais très bien que c’est à cause de lui si la D.H.P.A. a circulé sur le territoire. À cause de lui que mon père en a vendu dans son cabaret afin de faire fortune. Ils ont tous les deux tué un nombre incalculable de consommateurs. Tu rajoutes à cela les combats illégaux organisés au sous-sol du Cheval Fougueux… Bref Laurent est un monstre sauf qu’à l’inverse de mon père, il ne se gênerait pas pour m’éliminer et sauver son honneur.
— Tu penses vraiment qu’il s’en prendrait à toi et à ton père ? Certes il a l’appui de la majorité des magistrats, mais von Dorff ne peut pas le blanchir pour ces enlèvements comme il l’a fait il y a vingt ans avec le trafic de D.H.P.A., il devra payer comme Friedrich. Les preuves l’accablent.
— Ce n’est pas si simple, malheureusement. N’oublie pas qu’il est la deuxième tête de l’Hydre. C’est un homme puissant à la fortune considérable, il dispose d’un nombre élevé de partisans tant à l’assemblée que dans l’Élite ou chez les marins. Il a toujours été le bras droit de von Dorff. Même Muffart le vénère et n’a jamais cessé de pondre des articles élogieux sur sa personne. Je le crains nettement plus que Dieter von Dorff tant il est dangereux, imprévisible et dispose d’une hardiesse qui surpasse l’entendement.
Tendu à l’extrême, le brunet tapait des pieds à chaque pas effectué. Pour le calmer, Antonin posa une main sur son épaule. Ne souhaitant pas s’attarder sur le sujet à l’heure actuelle, ils décidèrent de se poster dans le caboulot le plus proche. Ils enfoncèrent la porte et entrèrent dans une salle sombre. L’austérité du mobilier était contrastée par la chaleur du feu de la cheminée monumentale. Recouvert d’une tomette rouge poisseuse, le sol se constellait de taches et d’une multitude de nuages de poussière, donnant à cet endroit des allures de taverne miteuse.
Ils s’installèrent à une table située dans un coin, proche d’une fenêtre aux carreaux si crasseux et jaunâtres que la lumière du soleil ne parvenait à percer. Une fois assis, ils prirent la carte que le serveur leur tendit et l’examinèrent. Il leur fallut moins de cinq secondes pour que les deux amis s’échangent un regard et se mettent à pouffer.
En effet, sur la trentaine de consommations que la carte entière proposait, près de la moitié des boissons, dont la plupart étaient des alcools forts, manquaient à l’appel, ne proposant plus que de la bière, du whisky et du vin. Antonin porta son regard sur le comptoir derrière lequel un nombre ridicule de bouteilles était disposé sur les rangées d’étagères, ressemblant à s’y méprendre à la bouche d’un miséreux édenté tant elles étaient dépouillées de tout produit.
— Eh bien, l’embargo commence à faire mal chez certain, fit-il en scrutant le peu de boisson qu’ils avaient à disposition, une bière ça te dit ?
— Pourquoi pas, ça me détendra un peu pour ce soir.
Ils passèrent commande au serveur qui, avant de partir, exigea que ces messieurs paient la somme due.
— T’as une session au cabaret ? demanda le blondin une fois que sa bière fut servie.
— Oui, répondit-il sans entrain, je ne sais pas qui il y aura ce soir, mais si possible j’aimerais que Lucrezia soit présente. Elle seule pourra me détendre avant que je ne me décide à en satisfaire quelques-uns.
— Elle est si efficace ? Tu m’en parles assez souvent.
Le brunet ricana et but une gorgée de liquide flavescent avant de grimacer ; le goût de cette bière bas de gamme coupée à l’eau était infect.
— Ah ça oui ! Une femme expérimentée comme elle ferait flancher n’importe quel homme. Certes elle n’est pas des plus jolies, elle est même plutôt quelconque quand on la voit de prime abord. Mais elle sait rapidement te mettre à l’aise et les tenues qu’elle enfile savent la mettre en valeur et la rendre désirable. En plus, elle suce comme personne, une vraie reine.
Le visage d’Antonin s’empourpra. Le sentant avide d’en apprendre plus sur ce genre de sujet, Théodore lui livra des détails croustillants concernant les soirées qu’il passait au cabaret en toute joyeuseté. Il s’y rendait principalement pour se détendre et se défouler après ces journées de labeur tant éprouvantes que stressantes, au point qu’il n’avait guère plus besoin d’Emma pour assouvir ses envies de jeune mâle si aisément prompt à se mettre en rut.
— Elle ne t’en tient pas rancune d’ailleurs ?
— Qui, Emma ? Non, enfin je ne crois pas. J’ai tellement usé son corps que je la trouve terriblement fade à présent. Ça fait bien longtemps que je la chevauche dans le seul but de me vider. Et je sais qu’elle en est consciente et qu’elle pense la même chose à mon égard. Après tout, ça fait plus de sept ans qu’on baise ensemble, normal que l’on s’en lasse mutuellement. Mais bon, je sais que je l’ai toujours sous la main au cas où un jour j’éprouve le besoin imminent de décompresser. Et je sais qu’elle sera toujours partante parce qu’après tout, elle aime ça et ne refusera jamais une pièce ou deux dans son porte-monnaie.
— Tu ne l’as jamais forcée ? l’interrogea son ami, sceptique. La prendre alors qu’elle n’en avait pas envie.
Théodore fronça les sourcils, ressassant dans sa mémoire les événements de ces dernières années.
— Non, enfin… si, une fois mais bon, je suis son maître, je fais ce que je veux. Il m’est même arrivé de la voir pleurer en plein acte car mademoiselle ne voulait pas se soumettre ce soir-là. La salope m’a même giflée alors que je venais tout juste de jouir et que j’étais encore en elle. Elle m’en a longtemps tenu rancune après cela.
— Tu l’avais réconfortée comment ? ricana Antonin en s’imaginant la scène, la superposant à celle dont il avait été témoin avec la rouquine.
— J’ai dû aller m’excuser, soupira-t-il, de un parce que je ne voulais pas qu’elle parte malgré tout. Et de deux, car je savais que ce que j’avais fait était finalement honteux pour mon image. Nous ne vivons plus comme au temps de la jeunesse de nos parents où il était possible d’user de nos domestiques comme bon nous semble. Maintenant on encourt le blâme, l’amende et la prison pour ce genre d’incivilité. Et je ne veux pas ternir davantage l’image de mon père pour un petit incident de ce genre qui risquait d’avoir de grosses répercussions.
Il avala une gorgée et pourlécha ses lèvres.
— Du coup je suis allé la voir et me suis excusé en lui promettant de ne plus abuser d’elle d’aucune sorte et que je serais ravi qu’elle s’offre encore à moi de son plein gré. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à la payer pour les services intimes qu’elle m’offrait. J’avais brisé quelque chose entre nous et je sais qu’elle m’en veut encore même si elle tente de faire bonne figure pour conserver son emploi de peur que je la chasse. Comme si j’étais capable de la renvoyer ! Je l’apprécie et en plus elle a le mérite de bien travailler. Elle est la seule à qui je peux excuser les écarts de conduite et les reproches qu’elle ose me faire.
— C’est là que je me dis que je suis bien content d’être né marquis et de n’avoir personne à servir ! s’exclama le blond. Domestique, quel travail ingrat quand t’y penses. Tu passes ton temps à satisfaire les exigences de gens qui ont tout et t’en demandent toujours plus.
— T’as jamais eu de domestiques avec lesquelles t’acoquiner toi d’ailleurs ?
— Non, ça ne m’a jamais intéressé. Je ne suis pas du genre à aimer les relations sans avenir. J’ai pas eu beaucoup d’aventures avant Meredith, c’est sûr, mais à chaque fois je voyais mes amantes comme des épouses potentielles.
— Cela ne t’aurait pas empêché de sauter la rouquine avec nous si tu en avais eu l’opportunité ! railla le brunet en essuyant ses lunettes avec son mouchoir brodé.
— Je n’étais pas spécialement intéressé par la chose. C’est Isaac qui l’a aperçue sur la place et nous a dit de le suivre pour aller faire son affaire avec elle dans la ruelle. Je suis d’ailleurs resté en retrait et ne l’ai nullement touchée quand t’y repenses.
— Tu te serais quand même bien rincé l’œil. Surtout que pour une noréenne, elle est loin d’être laide la rouquine. Et même si on a pas pu mener à bien notre petite affaire, j’en ai fantasmé pendant des semaines. Bon, maintenant elle est intouchable et je ne peux me permettre de la prendre sans qu’elle le veuille au risque que mon père et mon employeur m’assassinent cette fois-ci.
— Tu comptes la courtiser ? s’étonna Antonin.
— Si j’en ai la possibilité, oui. Elle m’obsède avec son chemisier à décolleté à moitié transparent et son pantalon moulant qui met si bien en valeur ses fesses et ses cuisses.
Il leva les mains et mima la scène, les yeux brillants.
— J’ai envie de la dévorer et de la dominer. De me positionner derrière elle, de la faire se cambrer, d’agripper sa queue de cheval et de la chevaucher sauvagement en l’entendant gémir de plaisir et crier mon nom. À quel délice ! J’en suis tout dur rien que d’y penser.
À cette annonce, Antonin entra dans un fou rire qu’il peina à refréner. Les larmes aux yeux, il termina sa bière d’une traite afin de regagner son calme, manquant de s’étouffer.
— Ola, bon courage alors ! finit-il par dire, une fois à nouveau maître de lui-même. Car à mon avis tu ne la charmeras pas si facilement. Surtout si von Tassle rôde autour d’elle. Je te parie que c’est le Baron qui l’aura et qu’il la croquera un jour prochain.
— Non, il est trop vieux. Bel homme, certes, mais je ne pense pas qu’il parviendra à ses fins avec elle. Surtout qu’au vu de son image politique, il vaudrait mieux pour lui qu’il s’oriente sur une femme de haut rang. Maintenant qu’il est veuf, il lui faudrait une épouse digne de ses fonctions ou alors la duchesse mère.
— Irène ? s’étouffa le blondin. Tu es sérieux ?
— Tout à fait. Après tout, elle est noréenne et tout le monde connaît le penchant de von Tassle pour les femmes de ce peuple. Bon, elle a presque dix ans de plus que lui. Mais bon, Judith était bien plus âgée de sept ans, trois ans de plus ça ne devrait pas le refroidir. Et niveau acte diplomatique ce serait fort, car en plus d’Ambre et de Adèle, il prendrait soin de la duchesse et de ses filles.
— Meredith n’est plus trop concernée tu sais, répliqua Antonin, même si on est pas mariés, mes parents la considèrent comme un membre de la famille et, à ce titre, elle peut jouir de mon argent comme du sien. Elle n’est pas des plus exigeantes et dépensière en plus, c’est agréable d’être avec quelqu’un qui n’en veut pas uniquement à ton porte-monnaie. Mais sinon, tu crois que von Tassle pourrait assumer la duchesse et Blanche en plus de ses deux protégées ? Je sais qu’il est fortuné mais assumer quatre femmes en plus de ses domestiques, je ne pense pas qu’il en ait le luxe.
Il gloussa et planta ses yeux bleus dans ceux de son ami.
— Sauf si, bien sûr, un certain jeune marquis se dévoue pour prendre en charge la jolie jeune duchesse, déclara-t-il d’une voix doucereuse.
Un sourire en coin se dessina sur les lèvres du brunet.
— Non, elle n’est clairement pas pour moi. Elle est très belle, magnifique même. Mais elle est trop froide, t’as l’impression de la déranger sans cesse et je doute fort qu’elle veuille me côtoyer de manière plus intime. J’ai l’impression qu’elle me poignarde chaque fois qu’elle me regarde. Je n’ose même pas l’approcher et comme t’as pu le voir, je ne lui adresse presque jamais la parole. C’est dommage, car franchement niveau beauté, elle est la femme la plus ravissante esthétiquement parlant.
— Tu trouves ? Franchement j’ai toujours trouvé que Meredith avait plus de charme. Même si sa couleur de peau est très particulière, elle est si pétillante de vie qu’elle est obligée de te donner le sourire chaque fois que tu la regardes. En plus, c’est étrange, mais pour des jumelles elles ne sont pas morphologiquement pareilles. Meredith a les épaules droites et elle a quand même plus de poitrine et de hanches que Blanche n’en a. Elle est très longiligne et niveau poitrine elle ne possède pas grand-chose, on dirait un corps d’enfant, comme si elle n’avait jamais eu de puberté. Ça ne m’attire pas du tout. C’est plus une beauté esthétique et d’apparat qu’une femme avec qui tu as envie de t’amuser.
— T’es dur, ricana le brunet, parce que bon, c’est vrai qu’elle n’a pas tant de formes mais je ne refuserai pas de l’avoir dans ma couche.
— Théodore ! T’aimes les éphèbes, je te rappelle ! railla son ami d’un ton sarcastique. Normal qu’elle te plaise, tu couches avec des hommes qui ont presque autant de pectoraux qu’elle ne possède de poitrine !
Les deux amis rirent de plus belle et recommandèrent une tournée de bières toutes aussi insipides que ne l’étaient les premières, discutant en toute légèreté comme rarement ils n’avaient pu le faire ces derniers mois.
Plus apaisé, Théodore prit congé et salua son ami. Il prit la direction du Sud-Est afin de rejoindre le cabaret pour commencer sa soirée de débauche.
Arrivé devant le Cheval Fougueux, il recoiffa l’une de ses mèches noires et entra. Son premier réflexe fut de humer à pleins poumons ce parfum si caractéristique et grisant ; mélange de fleurs et de musc. Il longea les allées de tables couvertes d’un napperon blanc et de services en argenterie, où les clients décontractés buvaient gaîment leurs boissons alcoolisées. Le jeune marquis fut salué et répondit avec un sourire d’une douce désobligeance, se pavanant d’une démarche chaloupée.
Il s’enfonça jusqu’au comptoir où il commanda un verre d’absinthe, désireux de se débarrasser du goût âpre de la bière qui le tenait au palais. Il ôta sa veste et s’installa pour prendre ses aises. Silencieux et à l’écoute des bavardages, il sirotait son verre. Il contemplait cette immense salle à la décoration extravagante lorsque son regard se posa sur une personne en grande conversation avec l’un des guichetiers. Il se renfrogna en reconnaissant cet homme musclé à tête de lion et aux boucles châtains qui retombaient en cascade sur son costume de marin militaire d’un rouge cardinal.
Il s’agissait de monsieur Armand Maspero-Gavard, le fraîchement nommé capitaine de la Goélette et l’un des hommes ayant participé à l’enlèvement des enfants noréens. Perplexe, il resta un instant à l’examiner, se demandant ce que ce genre d’homme venait faire dans cet établissement. Puis il soupira et termina son verre avant de rejoindre l’étage pour commencer sa séance de jeux.