Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 260.5.2
Sang 32 – Morosité
Beaucoup trop de choses se sont produites ces temps-ci et j’ai l’impression que ma tête est sur le point d’exploser. Lorsque je me suis réveillée après m’être précipitée au lit dans un accès de colère et, une fois avoir pris le temps de réexaminer les choses calmement, je n’arrive pas moi-même à comprendre ce qu’il m’a prit hier.
Wrath avait raison sur toute la ligne. Même maintenant, je ne peux me rappeler d’aucun souvenir concernant Felmina, entre autres. En fait, je ne pense pas avoir ne serait-ce qu’eu conscience de son existence depuis le début. Je réalise moi-même que ce fait est vraiment cruel, après tout, je peux comprendre ce que cela fait de considérer à sens unique quelqu’un comme son ennemi, sans que celui-ci ne vous remarque, avant de souffrir du choc terrible provoqué par la prise de conscience que la-dite personne est incapable de simplement vous reconnaître. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que j’en ai moi-même été victime. La relation entre Wakaba Hiiro et Negishi Akiko, dans notre ancien monde, était de même nature. C’est bien pour ça que la relation que nous entretenons maintenant, après notre réincarnation, me donne parfois une étrange impression.
Ce que j’ai fait à Felmina… est mal, j’en suis sûre. Je le comprends. Je le comprends, pourtant, je n’ai tout bonnement pas envie de m’excuser.
C’est quoi ce délire ? Felmina-’chan’, eh ! Je n’aurai jamais pu m’atteindre, même dans mes rêves les plus fous, à ce -chan. Dire que CETTE Goshujin-sama a, AMICALEMENT, utilisé -CHAN !
Sigh. Calme-toi, moi. Récemment, ne me suis-je pas comportée assez étrangement lorsqu’on en vient à Goshujin-sama ? Je suis bien consciente de la façon dont nous nous traitions l’une l’autre durant notre précédente existence et, pourtant, j’ai l’impression que les choses se développent, je ne sais comment, dans une tout autre direction. Cette évolution est mauvais signe, j’en suis certaine.
Néanmoins, je ne peux nier que je considérais, même en mettant de côté le point précédent, Felmina comme une source d’ennui, et je peux vous parier que ce sentiment n’est pas prêt de changer. En fait, si je devais lui demander son pardon alors que les choses sont toujours telles qu’elles sont actuellement, ce sera simplement pour la forme et mes excuses ne possèderont pas la moindre once de sincérité. Si je dois finir par m’excuser, ce ne sera qu’après m’être honnêtement repentie et que mes sentiments se soient refroidis.
Tout cela mis à part, celui qui m’ennuie le plus dans cette affaire, c’est ce satané étranger qui fourre son nez dans les problèmes des autres et qui agit comme s’il était chez lui, à me dire sans arrêt de m’excuser – Wrath. Regardez-le, lui qui considère son opinion comme meilleure que celle des autres ! Les choses mauvaises sont mauvaises !? Je peux le comprendre sans même que tu me le dises ! C’est bien pour ça que, ces temps-ci, je n’ai pas arrêté de vomir tout en me sentant atrocement mal, après tout.
Éperonnée par mon irritation en pleine ébullition, je me lève du lit sur lequel je suis couchée. Au final, je ne suis jamais revenue au dortoir la veille et fut hébergée au manoir pour la nuit. Après avoir ouvert les rideaux, je me baigne dans les agréables rayons du soleil. Bien sur, ils ne risquent pas de me réduire en cendre, cependant, cette lumière me rend mélancolique.
Je suis sûre qu’elle attendait mon réveil, compte tenu du moment parfait qu’elle a saisie pour toquer à la porte. Après lui avoir répondue, l’une des servantes de la demeure me prie de lui dire si j’ai le besoin d’une quelconque assistance pour m’apprêter. Je refuse poliment avant de rendre jusqu’à la salle où le petit-déjeuner est préparé. Je découvre alors que d’autres personnes sont déjà présents.
Parmi eux se trouve Goshujin-sama. Elle est aussi dépourvue d’expression que toujours mais c’est bien le visage de quelqu’un ne pensant à rien d’autre qu’au repas qu’il est sur le point de savourer. Lorsqu’elle est dans un tel état, il est inutile de s’attendre à une réponse.
« Bon matin.
– Bon matin. »
J’échange des salutations avec Wrath, l’autre personne déjà réveillée. Une bataille de dangereux regards s’épanouit entre nous, donnant littéralement l’impression que la température de la pièce a diminuée. Aucun d’entre nous n’a l’intention de plier, voila, au moins, qui est clair.
Peu de temps après le début de notre bataille de regards, la nourriture est apportée. Je suis certaine que simplement entrer dans cette espace où nous nous fusillons du regard est éprouvant, le sérieux de ces servantes n’ayant rien autorisées à paraître sur leur visage est donc vraiment digne d’admiration. Je détourne les yeux de Wrath, dont l’attention vient de vaciller, et prend un siège à proximité de Goshujin-sama.
L’ensemble du repas se déroule plongé dans le silence. Après que nous ayons fini la nourriture nous ayant été servie, l’oni se tourne dans ma direction. Il essaie clairement de me dire qu’il souhaite discuter par la suite.
« Sophia, c’est le moment idéal, rendons donc visite à la Religion de la Parole Divine. »
Et la chose déchirant cette atmosphère fut… une phrase d’une longueur rarement vue chez Goshujin-sama. Le fait qu’elle ait pu, dans une telle ambiance, ignorer tout ce qui l’entourait et même parler de m’emmener quelque part montre qu’elle a toujours des nerfs d’acier. Attends, elle a dit qu’elle voulait m’amenait où ? Si mes oreilles ne m’ont pas trompées, elle a parlé de la Religion de la Parole Divine ou quelque chose du genre.
« Eh ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »
C’est une mauvaise habitude de Goshujin-sama, elle n’arrête pas de donner des ordres sans offrir la moindre explication, se contentant de donner la conclusion de son résonnement et rien d’autre. Malgré tout, je ne comprends pas pourquoi je devrais rendre visite à cette religion. Cette question que je me pose donne naissance à une nouvelle interrogation, de quel endroit parle-t-elle exactement ? Après tout, étant une religion majeure, cette Église possède des sites répartis sur l’ensemble de la surface du globe, non ?
Goshujin-sama est inexpressive. Cela dit, je ne pense pas que mon imagination soit la seule raison pour laquelle elle m’apparaît étonnée. Pourquoi ne réalise-t-elle jamais l’insuffisance de ses explications, j’aimerais vraiment qu’elle le comprenne enfin.
« La Religion de la Parole Divine ? »
Alors que j’angoisse quant à la décision à prendre, le murmure de Wrath me ramène à mes sens. Au vu de la façon dont il prononce ces mots, il ne semble pas en connaître la signification. Ah, je suppose qu’il en est ainsi pour tous les personnes vivants au sein du territoire des démons ? Je n’ai peut-être pas connaissance des détails de l’histoire de cet oni, mais j’ai néanmoins entendu qu’il est un ancien gobelin. Dans ce cas, il n’est pas surprenant qu’il n’ait aucune information sur les religions humaines, celles-ci n’existant ni chez les gobelins, ni chez les démons.
« La Religion de la Parole Divine est une croyance religieuse largement partagée au sein des territoires humains. Ils considèrent les messages du Système comme prononcés par la Voix de Dieu et encourage activement à monter de niveau ou à améliorer ses compétences afin de l’entendre plus souvent, enfin bref, ce genre d’absurdités. »
A titre privé, je rajoute le commentaire comme quoi ce sont des bâtards ayant tués mes parents. Ce n’est pas vraiment pertinent dans notre situation, il n’est donc pas nécessaire de me donner du mal afin de lui expliquer, au contraire, je vais plutôt le dissimuler. D’ailleurs, il devrait déjà être reconnaissant d’avoir reçu une explication décente. En réponse à mes propos, Wrath fait une expression pensive et, soudain, son visage semble se raffermir suite à une réalisation soudaine.
« Shiro-san, cette doctrine est… »
Comme toute réaction à ces paroles, Goshujin-sama hoche la tête. Hey, qu’est-ce que vous faites tous les deux, à m’ignorer tout en tenant votre propre petite conversation privée ? Comment arrivez-vous même à communiquer avec si peu ?
« Me serait-il également possible de venir ? »
Goshujin-sama hocha la tête à nouveau. Elle affirme par là qu’il a le droit de venir, pas vrai ? Suis-je la seule à vivement ressentir que cette situation problématique… vient juste de soudainement empirer ?
Notes du Traducteur Anglais :
Concernant la phrase ‘Goshujin-sama a, amicalement, utilisé -chan’, c’est légèrement dur à expliquer mais, selon la situation, ce suffixe peut avoir un sens de proche amitié. Bien que n’utiliser aucun suffixe peut être considéré comme encore plus intime, en fonction du contexte.
Merci pour ce chapitre
Elle est un peu adorable quand elle est jalouse. Merci pour le chapitre !
Ramené un démon dans un lieu saint n’a jamais été synonyme de bonne idée.
Ho ho, le chapitre est plus intéressant que je le pensais :o.
Merci pour le chapitre \o/.