Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 260.5.10


Et un troisième !


Entrevue Officieuse ⑧


Note de l’Auteur : Le point de vue employé dans ce chapitre est celui de Wrath.


« Je vous prie d’attendre un instant. D’après ce que vous dites, la Religion de la Déesse saura alors que votre dieu, source de la Parole Divine, et la Déesse sont le même être. Toutefois, ce ne sera pas nécessairement le cas, non ? »

Pour être honnête, je n’avais aucune intention de participer à cette conversation initialement, cependant, ma bouche a agi sans même que j’y pense. Avant cette rencontre, je n’avais que des informations limitées sur la Déesse, celles-ci me venant de Sophia-san. La vampire, cependant, n’a reçu un enseignement de la part de la Religion de la Déesse que durant la courte période qu’était sa petite enfance, elle est donc loin d’être bien informée sur leur doctrine. Toutefois, à partir du nom seul, je peux deviner qu’ils vénèrent la Déesse. De plus, contrairement à la Religion de la Parole Divine, ils ne savent pas que les deux religions partagent le même dieu.

D’après la façon dont le pape s’est exprimée, il suggérait fortement que cette information deviendra de notoriété publique dans le futur, comme s’il en était déjà certain. Autrement, même si le dieu dont provient la Parole Divine devait mourir, cela ne serait pas nécessairement synonyme de la mort de la Déesse.

« Je suis sûr que cela arrivera. Après tout, nous avons l’intention de rendre cette information publique. »

Le pape adresse une réponse rapide à ma question. Que veut-il dire par là ?

« Eh bien, je suis sûr qu’il vous reste encore bien des questions à poser mais je vous prie pour l’instant d’écouter ce que j’ai à dire. Commençons par la conclusion. Pour éviter que, à la mort de la Déesse, la relation de pouvoir entre la Religion de la Parole Divine et de la Déesse ne s’inverse, il est nécessaire d’affaiblir aussi vite que possible la Religion de la Déesse, sans quoi il est inévitable que mon organisation ne soit absorbé par eux. Impliquer la ville natale de Sophia-jou dans cette guerre pourrait être considéré comme l’une des étapes du plan permettant le-dit affaiblissement. »

Il a sûrement passé outre de nombreuses chose, toutefois, il semble que ce soit la conclusion à laquelle ils soient arrivés.

« En d’autres mots, vous avez simplement peur de perdre votre position sociale actuelle, huh ? »

Sophia-san pose cette question au pape d’une voix grave.

« Si jamais vous voyez les choses ainsi, je suis prêt à vous offrir ma tête ici et maintenant. SI cela peut apaiser votre inimité, je serai heureux de m’y soumettre. »

L’espace d’un instant, je fus incapable de comprendre ce qu’il venait de dire. La même chose pourrait probablement être dite à propos de toutes les personnes réunis dans cette pièce. Avec un certain retard, tous les membres de la Religion de la Parole Divine virent leur expression changer pour une de peur et de surprise et, du côté de Sophia-san, un voile de stupéfaction couvrit son expression vide, lui donnant un aspect stupide. Seul Shiro-san ne sembla pas réagir.

« Quel est donc le problème ? Je n’opposerai aucune résistance. Sentez vous libre de vous en donner à cœur joie sans plus attendre. »

Étant donné le ton calme qu’il emploie, cela ne ferait aucun sens de sa part que de prononcer ses mots pour plaisanter. Il me donne le sentiment d’être véritablement prêt à nous offrir sa tête, ici et maintenant. Un étrange silence prit possession des lieux.

« Qu’est-ce que… tu manigances, au juste ? »

Après un certain temps, Sophia-san laissa finalement échapper une voix rauque.

« Je ne ‘manigance’ rien. Je me suis résolu depuis toujours à abandonner la vie qu’est la mienne à tout instant, point final. »

Ceux qui répondirent à cette déclaration ne furent pas Sophia-san mais bien les autres membres de la Religion de la Parole Divine. De nombreuses phrases, telles que ‘il serait vraiment troublant que vous ne soyez pas la pour nous guider’, ‘arrêtez ces idioties’, ‘si vous devez prendre la tête de quelqu’un, prenez plutôt la mienne’, furent adressées au pape et à la jeune vampire. Ces mots sont simplement ignorés par les deux concernés, qui continuent de se fixer l’un l’autre, immobile, le regard inébranlable du pape servant de preuve à son sérieux.

« Penses-tu que je t’accorderai une mort sans douleur ?

– Ce n’est d’aucune importance. Pour moi, la mort n’est qu’un simple point de passage. Quel que soit le nombre de mes mort, le nombre de mes renaissance et le nombre de fois où je perdrais mes souvenirs, je ne m’écarterai jamais de mon chemin.

– Si tu devais mourir ici, cela ne reviendrait-il pas au même que de s’en écarter ?

– Même si je ne suis plus là pour la guider, la Religion de la Parole Divine ne cessera pas de fonctionner. Je l’ai développé toute ma vie afin de rendre ceci possible. Je ne peux pas croire que cette organisation puisse s’effondrer simplement à cause de la disparition d’un homme. »

Sophia-san grince des dents. La détermination du pape est réelle. Si cela permettait de forger ce pacte, il serait prêt à faire de ces lieux sa tombe sans la moindre hésitation. C’est, également, une façon indirecte d’indiquer qu’il n’est pas du genre à obstinément s’accrocher à sa position et son autorité, enfin je suppose. Il est après tout impossible qu’un humain prêt à offrir sa vie comme monnaie d’échange puisse s’accrocher ainsi à une chose aussi mineure que sa position.

« Si Déesse-sama devait disparaître et Dragon Noir-sama prendre sa place, il est certain que cela affectera l’influence de la Religion de la Parole Divine, et indiscutablement pas par un petit montant. Lorsque cela arrivera, il ne faudra pas que la Religion de la Déesse ait même une chance infime de gagner en importance. C’est précisément car nous pouvons les écraser à tout moment qu’il est permis à cette organisation de survivre, cependant, ce que nous ne pouvons permettre, c’est qu’ils prennent la place de plus grande secte de l’humanité qu’occupe actuellement la Religion de la Parole Divine. Nous ne pouvons laisser ce rôle à une religion se contentant d’adresser ses prières à un dieu déjà disparu et ne possédant pas la plus petite compréhension de ce qu’est le Système. »

Le pape argumente certes vigoureusement mais ses mots sont dépourvus de passion.

« Quant à votre accusation comme quoi je m’accroche à ma position, je ne peux le nier. Cependant, si l’organisation que je dirige devait disparaître , je crois que les humains et le monde seraient alors d’un pas plus proche de leur ruine. Je ne me soucis peut-être pas de ce qui m’arrive personnellement mais je ne peux pas permettre une telle chose. D’autant plus si la Religion de la Déesse devait nous remplacer, ses dirigeants ayant oubliés les idéaux originels de la Déesse et les ayant pervertis. »

Je n’ai peut-être pas une grande connaissance de la Religion de la Déesse, cependant, j’ai l’impression qu’un léger dégoût se mêle aux mots du pape à chaque fois qu’il la mentionne, bien que mon esprit ne fait probablement que me jouer des tours.

« Jusqu’à ce qu’une telle chose arrive et même après cela, la Religion de la Parole Divine, pour le bien de ce monde, et, en conséquence, pour le bien de l’espèce humaine, continua d’agir. Si la survie des humains devait passer par la destruction de mon organisation, je cèderai avec joie ma position. Néanmoins, si je devais juger quelque chose comme négatif pour les êtres humains, alors je m’en débarrasserai sans hésitation. »

En fin de compte, voici tout ce qui motive le pape. Assurer la survie de l’espèce humaine. Pour la protéger, il serait prêt à abandonner tout intérêt personnel et même, éventuellement, sa propre vie. De plus, à chacune de ses réincarnations, ses actions visent toujours à accomplir cet objectif.

« Même si ce que vous jugez ‘négatif’ essaye lui aussi de protéger les humains?

– Si je me retrouvais dans une situation où tuer un petit nombre permet d’assurer la survie du plus grand nombre, je prendrai cette décision sans hésitation. Lorsque j’ai cherché à déterminer si c’est la Religion de la Parole Divine ou bien celle de la Déesse qui devait survivre, en me basant sur le bénéfice que chacune apporterait aux humains, j’ai finalement pris la décision d’anéantir la Religion de la Déesse. Il n’y a rien à ajouter. »

Sophia-san lui pose cette question d’une voix tremblante, ce à quoi le vieil homme répond immédiatement et sans hésitation.

« Vous proclamez les protéger tant en les massacrant, quelle blague. »

Comme une mauvaise perdante, elle cracha au visage de son adversaire le mot ‘blague’ sans pour autant sourire.

« C’est précisément pour cette raison que je dois éviter à tout prix de créer des montagnes de cadavres inutilement. »

Ces mots m’infligèrent un choc mental tel que j’eus l’impression d’être frappé à la tête.

« Je ne m’arrêterai que lorsque mon corps et même mon âme seront en lambeaux. Si je peux sauver ce monde avant que cela n’arrive, je suis déjà préparé à infiniment m’excuser une fois arrivé en enfer. Par conséquent, je vous supplie de me pardonner pour le moment. »

Le tout pouvait se résumer par : ‘Je suis terriblement désolé d’avoir tué vos parents,  dérobé votre foyer et détruit votre futur’

En entendant ces mots, Sophia-san ne pu que faiblement lever les yeux vers les cieux.


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