Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 310.5

 


Chapitre 310.5 : Le chemin de la vertu

Je suis sûr que je n’oublierai jamais la première fois où j’ai tué un monstre.

J’ai des compétences et des attributs numériques et en plus de cela, si je tue des monstres mon niveau augmente. En étant réincarné dans un monde similaire à un jeu vidéo, j’ai fini par avoir l’impression que c’était un jeu. J’ai réalisé mon erreur quand Natsume a essayé de me tuer. Mais aussi quand j’ai essayé de me suicider.

Cela est arrivé peu après que je sois entré dans l’académie. Pendant un entraînement pour tuer des monstres, j’en ai rencontré un pour la première fois de ma vie. Puisqu’il s’agit d’un adversaire qui était utilisé pour l’entraînement des étudiants immatures, le monstre à ce moment-là était plutôt faible. Suffisamment faible pour qu’un adulte n’ayant pas l’habitude de se battre puisse le faire reculer. C’était pratiquement un petit animal. Mais un monstre reste un monstre. Ce sont des créatures violentes qui chassent activement les gens, donc même s’ils sont faibles, il vaut mieux les tuer pour éviter des accidents. Peu importe à quel point ils sont faibles, cela ne veut pas nécessairement dire qu’un monstre n’est pas dangereux. Même si un adulte est capable de le repousser, d’un autre côté cela veut dire qu’un enfant serait en danger. De plus, même un adulte ne serait pas forcément capable de le repousser sans être blessé et dans le pire des cas, leur vie serait en danger. En pratique, même de tels monstres faibles causent chaque année un petit nombre de problèmes. En même temps qu’il offrait aux élèves une formation pratique au combat contre les monstres, cet entraînement servait également à réduire leur nombre. Par conséquent, les monstres doivent être tués sans hésitation. Pourtant…

Le monstre m’a attaqué avec l’intention de me tuer. Il avait la volonté d’un être vivant. C’était quelque chose de totalement différent d’un programme de jeu et il agissait avec une intention propre. Plutôt que de combattre un monstre, j’avais l’impression de me battre contre un être vivant que j’avais sous-estimé. Je ne parle pas de la différence importante entre nos capacités. En parlant de cela, mes attributs numériques étaient élevés par rapport à mes camarades de classe et je pouvais facilement vaincre un monstre aussi faible. Mais ce n’est pas ce dont je veux parler. Il est difficile de définir la sensation que j’ai eue. Cependant, lorsque j’affrontais ce monstre, il était bien plus réel que ce que j’avais imaginé, et à ce moment-là, j’ai ressenti ce qu’on appelle la peur.

Oui, j’ai eu peur. Le monstre qui s’approchait de moi était un être qui essayait de me tuer, et en retour, c’était un être que je devais tuer, quoi qu’il arrive. Au final, je n’ai pas été capable de tuer le monstre lors de mon premier combat, et je n’ai rien pu faire d’autre que d’éviter ses attaques. Puis, incapable de rester là à regarder sans rien faire, mon coéquipier Palton l’a achevé. Facilement.

« Pourquoi… »

Ai-je demandé à Palton. Moi-même je ne savais pas ce que je lui demandais vraiment. Cependant, il a simplement exprimé les premiers mots qui lui venaient à l’esprit.

« Ah, pardon. Tu semblais avoir du mal, donc j’ai préféré t’aider. »

La réponse de Palton à ma question donne l’impression qu’il devait s’excuser de m’avoir volé ma proie.

« J’ai été présomptueux. Maintenant que j’y pense, c’est impossible pour Shurein-sama d’avoir du mal. Je comprends maintenant ! Tu étais en train d’analyser les mouvements du monstre, c’est ça ! Plutôt que de manquer de prudence, tu étais en train d’observer ce monstre. C’est un concept brillant. »

Non. Ce n’est pas ça. Ce n’est pas pour cela que j’ai demandé pourquoi et ce n’est pas non plus la raison expliquant pourquoi je n’ai pas réussi à battre ce monstre. Mais, je comprends. Je comprends que trop bien. C’est la différence qu’il y a entre ce monde et le japon.

Dans ce monde, la vie est une chose triviale. Bien trop trivial. Il est tout à fait normal de tuer les monstres. Il est tout à fait normal de tuer les démons puisque ce sont des ennemis. Même parmi les humains, s’entre-tuer est facile. Les gens de ce monde sont bien trop indifférents à l’idée de prendre des vies. Ils en prennent parce que c’est leur travail de le faire. Même Palton n’a rien ressenti de particulier en tuant ce monstre.

Je suis loin de penser que je suis un saint. Quand j’étais au japon, je mangeais de la viande après tout, et je tuais aussi des insectes. Je ne peux pas dire que toutes les vies ont une valeur similaire, qu’il s’agisse d’un insecte, d’un animal ou d’une personne. Je comprends aussi que les monstres sont des animaux dangereux qui attaquent les humains. Et que des gens mourraient s’ils n’étaient pas tués. Cependant, j’éprouve de la réticence à l’idée que les monstres soient tués aussi facilement que des insectes.

Malgré tout, ce jour-là, j’ai tué un monstre de mes propres mains dans ce but. J’étais bien trop effrayé pour trahir le regard respectueux que Palton me montrait. Et donc, de toutes mes expériences, je me rappelle du moment où Natsume m’a attaqué et qu’il semblait sur le point de mourir. En pensant que je devais réussir à me protéger par moi-même, j’ai pris la vie d’un monstre dans le but d’améliorer mon niveau. Pour mon propre intérêt, j’ai pris une vie.

Je ne l’oublierai jamais. Le sentiment alors que j’ai coupé à travers le cuir avec mon épée en coupant sa chair et même la sensation des os qui sont coupés. L’odeur du sang qui se répand tout autour. Les cris d’agonies venant avec la mort. Le moment où la vie a disparu s’est gravé dans mon esprit. Ce qui se trouvait devant moi était loin des graphismes d’un jeu sur un écran, c’était la mort de quelque chose de réellement vivant.

Même au japon, les animaux dangereux sont exterminés. En allant plus loin, la viande de vache et de porc est alignée dans des magasins. Pour que les humains vivent, ils doivent prendre des vies. Même si c’est indirectement, pour qu’un humain vive, il doit détruire d’innombrables vies. Cependant, je ne savais pas à quel point prendre une vie serait aussi difficile. Et donc j’ai réalisé une chose. Si c’est aussi dur avec un monstre, à quel point est-ce que ce sera difficile de prendre la vie d’un humain ?

C’est effrayant. Rien que d’y penser m’effraye.

Comment est-ce que Natsume peut faire une chose pareille ? S’il avait vécu les mêmes sensations que moi, alors c’est impossible qu’il puisse penser que c’est un monde de rêve. Même dans un monde qui ressemble à un jeu, ce n’en est pas un. Même si vous voyez les vies à la légère, le poids qu’elles ont n’est pas différent de celles sur terre. C’est juste que les gens ici ne le savent pas.

Je comprends bien que dans ce monde où le combat ne s’arrête jamais, il est plus facile de voir une vie comme n’ayant pas beaucoup de poids. Pour continuer à vivre, les gens tuent les monstres et les démons. Je ne peux pas leur dire d’arrêter de faire ça. Après tout, j’ai moi-même tué des monstres pour mon propre bien. Je vais devoir porter cette croix jusqu’à la fin de ma vie. Je comprends aussi le sentiment de vouloir réduire ce poids ne serait-ce que d’un peu en me forçant à me dire que les vies ne valent pas tant que ça. Cependant, je ne peux pas changer mes sentiments au point de me dire que c’est « inévitable » de les prendre. Après tout, je connaissais un héros qui a suivi ses idéaux jusqu’à la mort.

« Ce n’est rien s’il s’agit bien d’un rêve. Ce n’est rien si on se moque de mes bêtises impossibles à réaliser. Malgré tout, cela devrait aussi être acceptable d’avoir ce but. Un monde où tous peuvent rire en paix. Je vais continuer de poursuivre ce but. Jusqu’à ma mort. »

Julius-nii-sama a dit cela et il a continué à se battre. Malgré le paradoxe de devoir se battre pour obtenir la paix. Tout en souffrant, il a continué à se battre sans me laisser voir sa détresse. En le voyant comme ça, j’ai eu la sensation que je voulais hériter des idéaux de Julius-nii-sama. J’ai peur de me battre. J’ai peur de prendre des vies. J’ai peur que des vies soient prises. Je ne peux pas devenir un véritable héros comme mon frère qui avait la volonté nécessaire pour continuer à se battre. Même mon but n’est rien de plus qu’une copie de celui qu’avait Julius-nii-sama. Je ne suis rien de plus qu’un faux héros.

Cependant, c’est précisément parce que je suis comme ça que je peux penser accomplir certaines choses. Peut-être que connaître le poids de la vie n’est qu’une première étape. Peut-être que mon sens de l’éthique que j’ai obtenu en naissant et en étant élevé dans un japon paisible me sera d’une utilité. Peut-être que je peux réduire un peu la quantité de conflits, même si je ne peux pas tous les faire disparaître. Oui, c’est ce que je pensais déjà avant que le royaume ne soit attaqué par Natsume, et après cela j’ai fait ce que je pouvais avec les choses qui apparaissaient devant moi.

Comme si mes idées et celle de Julius-nii-sama venaient d’être ridiculisés, j’ai appris la vraie nature de ce monde et j’ai laissé mes émotions me submerger. J’ai compris que j’avais utilisé les mauvais mots immédiatement quand j’ai vu le visage de Kyouya. Parce que le visage de Kyouya a exprimé la souffrance comme s’il essayait d’endurer quelque chose. Avec le visage de Kyouya qui indique qu’il n’avait pas tué Natsume parce qu’il le voulait, je me suis étrangement senti soulagé. Cependant, ce n’est pas comme si ses émotions que je peux sentir dans ma poitrine allaient se calmer, et plutôt que d’insister en parlant plus alors que cela ne ferait qu’aggraver les choses, j’ai simplement regardé Kyouya.

« … Désolé. J’ai laissé mes émotions prendre le dessus et j’ai un peu trop parlé. »

Je ne sais pas combien de temps a passé comme ça, mais j’ai finalement repris mon calme et je me suis excusé auprès de Kyouya. J’ai finalement réalisé que ce n’était pas raisonnable de critiquer Kyouya ici.

« Non. Tu n’as pas besoin de t’excuser. Tu as raison, Shun.

Kyouya secoua gentiment la tête.

« Je suis jaloux de toi Shun, d’être capable de continuer à faire ce qui est le mieux. »

En voyant son visage montrant autant de faiblesse, je suis soudainement incapable de croire que c’est la même personne qui a tué sans aucune pitié Natsume. Je peux au moins dire que Kyouya a lui aussi vécu beaucoup de choses. Kyouya ne finit par montrer sa faiblesse que pendant un instant, et le suivant en fermant brièvement les yeux, il les rouvre en retrouvant son expression naturelle.

« Tu as raison, Shun. Cependant, je n’ai pas l’intention de déviée de mon chemin. Je ne regretterai pas non plus ce que j’ai fait. »

Devant moi se trouve un homme qui porte une conviction qui ne faiblira jamais. Une conviction qui ne sera jamais compatible avec la mienne.


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Correction : Gobles

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