Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 31

La carotte et le bâton
Traducteur : Team Yarashii

— Marchand d’esclaves !

Nous entamâmes la matinée suivante par une visite au chapiteau.

— Un problème, Héros ? Si tôt ce matin ? Oui, monsieur.
— Le sceau de monstre que vous avez appliqué sur Filo ne marche pas. C’est de la daube. En fonction de votre réponse, mon monstre et mon esclave pourraient foutre un sacré bazar par ici. Pigé ?

— J’ai une faim soudaine, alors je vais aller faire un tour dehors.
— Si vous ne vous montrez pas à la hauteur, c’est NOUS qui vous mangerons.
— Le sceau que nous avons apposé sur elle ne fonctionnait pas, et je ne pouvais pas non plus le retirer.
— Oh, vraiment ? Sans déconner, j’étais pas au courant.

Je lui expliquai les événements s’étant produits ce matin. La situation s’était corsée à partir de là. J’étais parvenu à calmer Filo et à la convaincre de reprendre forme humaine, puis, nous nous étions rendus auprès de l’esclavagiste. Raphtalia était clairement à cran, inquiète depuis ce moment que Filo dérape.

— Il semble qu’un sceau de monstre classique ne soit pas assez puissant pour contrôler une Reine des Filoliaux. Oui, monsieur.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Les monstres très puissants ne peuvent pas toujours être soumis par une marque normale. Les Dragons Chevaliers, par exemple, requièrent un sceau spécial.
— Donc, un sceau classique n’est pas suffisant ?
— Tout à fait.

Le marchand d’esclaves ouvrit un carnet et commença à écrire frénétiquement dessus, comme s’il ne pouvait pas attendre davantage de coucher ces nouveaux développements sur le papier.

— Bon, alors, est-ce que vous allez pouvoir changer ça sur Filo ?
— Malheureusement, nous ne proposons pas ce service gratuitement.
— Quoi ?
— Eh bien, le processus coûte une belle somme pour être mené à son terme, nous ne pouvons donc pas le réaliser sans compensation. Je ne peux vous offrir plus. Oui, monsieur.

Il fallait croire que rien n’était jamais gratuit avec lui.

— Quel est votre prix ?
— Au vu de mes attentes futures sur vous, Héros, je vous fais une offre à 200 pièces d’argent.

Ugh… c’était cher.

— Il n’y a aucun moyen…
— Avant de continuer, sachez que le tarif moyen du marché est de 800 pièces d’argent. J’ai beaucoup de respect pour vous, Héros, par conséquent, je ne vous mentirai jamais.

Ugh ! Pile là où cela faisait mal.
Je repris mes esprits et, encore sous le choc, je tendis la somme demandée par le marchand d’esclaves, non sans inquiétude.

— Si vous me racontez des bobards, je laisserai mes amis ici présents vous mettre en pièces.
— Naturellement. Oui, monsieur.

Tout à coup, je remarquai que Filo avait repris sa forme de Reine. Raphtalia tenait l’une de ses ailes, comme s’il s’agissait de sa main, et la conduisit dans la pièce.

— Reste sage juste une minute, d’accord, Filo ?
— Pourquoi ?
— Si tu obéis, je te donnerai un cadeau après.
— Pour de vrai ?
— Pour de vrai.

Filo parut aux anges, et elle alla à l’endroit désigné par l’esclavagiste avant d’y rester sans bouger.
Bien, s’il y avait un temps pour que la magie se montre utile, c’était maintenant. Je croisai le regard du marchand d’esclaves et lui signalai qu’il pouvait démarrer, ce dernier hochant rapidement en guise d’acquiescement. Soudain, douze hommes vêtus de robe apparurent et formèrent un cercle autour de Filo. Ensuite, ils vidèrent un pot rempli d’une sorte de médicament sur le sol, se tournèrent vers l’oiseau et commencèrent à psalmodier. Le sol se mit à briller, et un carré magique se révéla.

— Qu… quoi ?

Filo claqua rapidement son bec de mécontentement, mais elle était incapable de lutter, le carré s’étendant pour la recouvrir.

— Oh ! Aïe ! Arrêtez ça !

Le sort de contrôle de monstre la faisait apparemment souffrir, et elle courut alors en cercles, désemparée, faisant claquer son bec à intervalles réguliers. Le carré magique commença à trembler.
Les hommes en robe laissèrent tous échapper une exclamation effarée.

— Nous avons pris toutes nos précautions, en employant le maximum de personnes disponibles. Je n’ai jamais vu un monstre apte à se mouvoir sous une telle force. Allez savoir de quoi elle est capable. Oui, monsieur.

Cela me rappela qu’elle n’était qu’au niveau 19. Imaginez un peu ce que cela donnerait une fois qu’elle serait… disons, niveau 70. Les propos du marchand d’esclaves étaient lourds de sens.
Finalement, le sort se réduisit, et le sceau de contrôle se grava sur sa poitrine, ce qui la calma.

— Nous avons terminé. Oui, monsieur.

Je pouvais voir une icône de monstre en surbrillance à la périphérie de mon champ de vision, mais elle semblait différente de ce à quoi j’étais habitué, comme pour signifier une puissance de contrôle supérieure. Je ne m’arrêtai même pas pour réfléchir, me contentant de cocher rapidement les cases dont le descriptif correspondait à ce que je désirais.

Huff… Huff…

Filo était quasiment à bout de souffle tandis qu’elle s’avançait vers moi.

— Mon Maître ! Ça fait vraiment mal !

Je me sentais un brin coupable de la mettre à l’épreuve aussi vite, mais je lui transmis immédiatement un ordre :

— Repasse en forme humaine.
— Mais ça fait mal, alors je veux pas ! Donne-moi à manger un truc trop bon !

Elle avait tout de suite opposé son refus et réclamé de la nourriture, la malédiction se mit donc en action, le motif sur sa poitrine se mettant à luire.

— Quoi ? Non ! J’aime pas ça ! Arrête ça !

Filo libéra une espèce de magie qui convergea vers la marque, mais, cette fois, elle fut incapable de la briser, et la malédiction elle-même réagit.

— Aïe ! Aïe !

Filo s’écroula au sol, souffrante.

— Si tu ne m’obéis pas, ça ne fera qu’empirer.
— Aïe ! Aïe aïe aïe !

Elle passa un long moment à se plaindre, mais finit par redevenir humaine. Une fois cela fait, le sceau cessa de briller et disparut.

— Hé ! Au moins, ça a marché, ce coup-ci. Bien joué, esclavagiste.
— Oui, eh bien, c’est une magie très puissante. Pas si facile que cela à vaincre, vous voyez. Oui, monsieur.

Je fis quelques pas pour me tenir devant Filo, qui gisait au sol.

— Ton achat m’a coûté 100 pièces d’argent, et j’ai dû débourser 200 de plus pour te contrôler. Ce qui fait un total de 300 pièces d’argent. Je m’assurerai que tu me rembourses intégralement.
— Mais… Mon Maître !

Elle tendit la main vers moi. Je me sentais mal de m’adresser ainsi à une enfant. Quand bien même, je ne pouvais pas avancer si mon équipe faisait la sourde oreille à mes injonctions.

— Fais ce que je te dis.
— Non !
— Très bien. Tu refuses de m’écouter ? Je vais simplement te refiler à ce vieux flippant, là-bas, alors. C’est ce que tu veux ?
— …

Filo finit enfin par saisir quelle était sa place et arrêta de se plaindre. Son visage se déforma sous le coup de l’émotion.
Le marchand d’esclaves était en train de m’observer. Il semblait exprimer un certain désarroi, tout en ayant l’air, dans le même temps, très heureux.

— Combien seriez-vous prêt à l’acheter ?
— Bonne question. Elle est très rare, mais, en prenant en compte les ennuis qu’elle cause, elle paraît valoir, disons, 30 pièces d’or. Maintenant qu’elle possède un sceau plus puissant, elle devrait être bien plus facile à contrôler, et ce n’est pas le travail qui manque en ce qui concerne les tâches que je pourrais lui attribuer. Oui, monsieur.

Quel petit enfoiré. Après avoir dit ne pas être intéressé par son rachat, avançant qu’elle serait trop difficile à vendre, le voilà qui se ramenait avec déjà un prix et des idées derrière la tête ! J’ignorais ce qu’il tramait, mais j’avais le sentiment qu’en lui cédant Filo, cela la condamnerait à une fin immédiate.

Filo, elle, me regardait, les yeux emplis d’une terreur indicible.
Ce n’était pas bon. Je pensais que la moindre trace de gentillesse avait disparu de mon cœur et, pourtant, elle demeurait encore là, toute prête à revenir sur le devant de la scène. Son retour ne tenait qu’à une unique condition : le comportement de Filo.
Je n’étais pas son adorable grand frère, et je n’étais pas non plus du genre à rester là tranquillement à la dorloter.

— Bien, tu as entendu. Si tu piques encore ta crise, je ne rappliquerai pas en courant, tu m’entends ? Je te filerai un remède bien amer et dégueulasse qui se répandra dans tes veines et te tuera.
— Non ! Noooooooooon !

Filo était pratiquement en train de crier.

— Mon Maître ! Ne me hais pas ! Par pitié, non !

Elle rampa vers moi et s’agrippa à mes jambes tout en s’exclamant.
Ugh… c’était pathétique…

— Si tu m’obéis, je ne te détesterai pas. Mais tu dois m’écouter.
— D’a… d’accord !
— Très bien. Quand on dort à l’auberge, pas de transformation en oiseau. Promets-le.
— D’accord !

Elle leva la tête vers moi, le visage rayonnant. Cela pesait lourd sur ma conscience.
Toutefois, je détournai alors les yeux de cette expression suppliante, et le marchand d’esclaves le remarqua, se penchant en avant pour contempler, avec excitation, ce qui allait se produire.

— Simuler à ce point une colère noire est stupéfiant, oui. Je vous tire à nouveau mon chapeau. Vous êtes véritablement le Légendaire Héros Porte-Bouclier.

Je n’appréciais pas vraiment ces aspects de moi qu’il louait, mais je supposais qu’il n’y avait pas de quoi se plaindre.

— M. Naofumi… ne pensez-vous pas en avoir assez fait ?
— Sans ça, elle ne m’aurait jamais écouté. Tu te conduisais de la même façon, tu te souviens ?

Raphtalia hocha la tête.

— Vous avez raison. J’étais comme cela.
— Parfois, il vaut mieux laisser couler et, d’autres fois, il faut savoir recadrer les gens.

Je n’allai pas jusqu’à dire que je me considérais apte à juger ce qui était le plus adapté en fonction de la situation.

— Ah oui, la carotte et le bâton ! La carotte et le bâton ! Oui, monsieur.
— Ce n’est pas à vous que je parlais, esclavagiste.

Et je souhaitais aussi qu’il ne se montre pas aussi présomptueux.

— Désolé du dérangement.
— Si vous l’êtes vraiment, alors simplifions-nous la tâche à l’avenir en me disant comment vous avez élevé ce Fi…
— Bref, on a des choses à faire aujourd’hui, alors on va y aller.
— Ah, oui. Une fois encore, je suis impressionné par votre capacité à ne jamais vouloir suivre la direction que j’imprime à nos conversations… Oui, votre volonté est tout à fait remarquable, Héros. Oui, monsieur.

Ainsi s’acheva pour aujourd’hui notre contact avec cet individu, et nous quittâmes le chapiteau.

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