Tour des Mondes – Chapitre 140
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Un plan qui germe
Le lendemain matin, Cro’ finit de s’occuper de moi et c’était impossible de me reposer. La douleur plus le fait de sentir des plantes pousser sur et « en » moi m’en empêchent.
Mes animaux ont fini par me rejoindre pendant la nuit ainsi que Maliel qui a dormi dans un coin de la pièce sans me prêter attention. Au niveau de mes blessures… j’ai l’arrière du crâne en piteux état, les bras recouverts de plaies, pareil pour mes épaules. C’est mon dos qui a le plus pris de coups et je pense que c’est mieux de ne pas voir dans quel état il a fini… ou voir des plantes y grandir. Bien sûr, Yuu à commencer à se moquer de moi et de la médecine des humains quand il a commencé à voir les plantes grandir et peu de temps après j’ai l’impression qu’il est resté fasciné par le spectacle et par une plante dans mon dos qui semble produire des fruits ou des légumes à une vitesse dépassant largement n’importe quelle plante originaire de la Terre.
Micha et Juliette sont simplement en train d’attendre dans un coin de la pièce de leur côté. Micha m’a demandé plus de temps que Juliette à rassurer, mais ce n’était pas bien difficile vu qu’elle s’était contentée d’un simple « ok » pendant que l’autre était en panique à l’idée que je disparaisse complètement sous les plantes.
Pour ce qui est du reste, je ne vois plus de mon œil gauche et vu la douleur je pense que je dois avoir la peau en lambeau sur les bordures de mon visage ainsi qu’une oreille coupée en deux. Je n’étais pas spécialement beau auparavant, mais j’imagine que les blessures ne m’ont pas arrangé.
De toute façon avec la transformation de mon dos en jardin ce sera difficile de me montrer en public pour l’instant.
*
Pendant la journée, Cro’ revient et me force à boire une sorte de mixture au goût terreux et en me précisant bien que c’est de l’engrais.
J’ai commencé à recracher dès la première gorgée, mais il s’est senti obliger de préciser que je n’avais pas le choix.
— Le goût est affreux…
– Oui « fin, c’est juste parce que tu n’as pas l’habitude de manger de la terre que tu dis ça. Ce n’est pas la peine de jouer les princesses… Déjà, que Mad m’a demandé de venir pour m’assurer que tout se passe bien. Pff, comme si mes plantes pouvaient mourir ou te tuer…
— … Elles peuvent me tuer ?!
— Meuh non. Ridicule. Pour ça, faudrait qu’elles redeviennent intelligentes et qu’elles aient envie de prendre le contrôle de ton corps. Là, elles font que pousser, au pire tu te dessécheras si elles ont trop faim. Par contre, crie si tu sens des mouvements étranges. J’essaye un nouveau type de lierre et c’est possible qu’il ait envie de t’étrangler.
-…
— Et toi ma belle, tu commences à faire des haricots… Tu es tellement mignonne qu’on ne croirait pas que tu es vénéneuse héhé ! Bon gamin, prends soin de mes plantes et tu n’agites pas sinon je ne pourrai pas prédire le résultat. Elles sont en train de booster ton organisme pour que tu te soignes, mais il y aura des effets secondaires. Hmm, dans la liste tu as… légère toux à cause des spores, enracinement ce qui veut dire qu’il ne faut pas que tu restes immobile trop longtemps en touchant le sol. Ça ira si tu ne dors pas par terre. Tu as aussi une légère paralysie dorsale le temps que les racines se décomposent bien et dans certains cas j’ai aussi vu de l’aversion pour les légumes pendant quelque temps, mais je n’ai jamais compris pourquoi… J’en ai aussi vu qui avait peur des herbivores, mais la plupart du temps ce n’est pas justifié. Pour le reste, c’est trois fois rien, je ne vais pas t’embêter avec les détails.
— Et pour mon œil et mon oreille… ?
— Ah ça par contre mets-y de la pommade ou ce que tu as sur toi, si je commence à y mettre de la mousse y a un risque que ça s’enracine jusqu’au cerveau et que je sois obligé de te tuer avant qu’elles ne prennent le contrôle… C’était une blague, ne fait pas cette tête rooh…
-…
— Bon, elles sont en train d’attaquer la reconstitution de tes muscles et de la peau et c’est presque fini derrière ta tête… Tout va bien ! Tu pousses vachement bien quand même…
Entre la douleur et le discours de Cro », je ne sais plus ce qui est le pire et je préfère faire semblant de perdre connaissance. Il a eu du mal à y croire, mais n’a pas osé me secouer pour savoir si je faisais semblant. Cro’ finit par partir en ruminant qu’il ne pourra jamais parler de la classe de dresseur avec moi. Maliel qui est encore dans la pièce se tourne vers moi en soupirant.
— Tu pourrais être un peu plus sympa avec lui, tu sais.
— C’est toi qui te transformes en buisson ou c’est moi ?
— Si ça marche, tu seras le premier à le remercier.
— Peut-être, mais c’est moi qui souffre et me transforme en espace vert. Tu l’écoutes toi ?
— Aura de professeur, ou alors c’est le timbre de voix, c’est soporifique de toute façon donc non, mais parlons un peu business. Tu seras bientôt guéri ce qui veut dire qu’il est temps de penser à comment se remplir les poches pendant que la ville est en guerre civile. Je te rappelle que tu me dois la vie maintenant doooonc tu as pas le choix. Les autres étaient suffisamment stupides pour accepter de t’aider sans rien en retour, mais je sais que tu sais que je ne suis pas de ce genre-là.
— Je..
— Tcht. Ferme là. Vu la situation, j’ai commencé à réfléchir à ce que l’on pourrait faire et crois-moi j’ai été gentille. À la base je me suis dit que nous pourrions nous servir de ta nouvelle copine qui a l’air riche pour gagner de l’argent, mais tu ne serais pas d’accord et elle non plus. Du coup, j’ai trouvé autre chose.
— … Pas ma copine.
— Hm ? Tu me dis ça parce tu es gêné ou parce que tu me préfères à elle ? Dans les deux cas, je m’en fous complètement. Tu me laisses finir maintenant ? L’idée c’est de s’introduire dans le palais et de trouver la salle du trésor pour voler les joyaux de la couronne ou ce qui y ressemble. Vu que le massacre continue dans les rues de la ville, ça devrait être facile de traverser et d’arriver au palais sans ta potiche pour nous ralentir. Avec un peu de chance, le palais sera sans défense, on se faufile et on vole ce qu’on peut. Si ce sont des pièces, je pourrais me débrouiller sans toi, mais dans le doute j’aurais besoin de ton inventaire pour transporter tout ce qui a de la valeur. Vu que tu es le truc qui se rapproche le plus d’un voleur et que je sais que tu n’es pas suffisamment intelligent pour me doubler et que tu n’es pas suffisamment stupide pour me dire non, mon choix est fait. Tu seras plus utile qu’un des ivrognes à côté.
Je réfléchis quelques instants à l’idée de Maliel ce qui a l’air de passablement l’irriter. Elle s’allonge à l’envers sur le fauteuil où elle est installée et commence à jouer avec une mèche de ses cheveux qui sort de sa capuche. Elle n’a pas l’air très inquiète je dois dire. Un peu comme si elle savait que je ne refuserais pas. Honnêtement, l’idée est plutôt alléchante, mais reste très dangereuse. S’introduire dans le palais sera facile avec de simples gardes, mais si les manges-mot en ont pris possession ce sera bien plus dur. Sans parler du fait que l’existence d’une salle de trésor reste hypothétique. Maliel a cependant l’air sûre d’elle et j’ai moi aussi besoin d’argent. Ça me permettrait aussi d’en apprendre plus sur la situation sans être seul dans les rues…
À peine, je pense à cela que je me rappelle la douleur que j’ai ressentie à cause des fouets et qui me refroidit tout de suite. Je ne veux pas sortir si c’est pour revivre ça. La douleur que causent mes plaies et les plantes est une chose, mais celle que j’ai reçue en me faisant attaquer…
C’est bien ce que je pensais quand je me faisais fouetter. Le pire avec les fouets, c’est la douleur qu’ils infligent sur le moment et le souvenir qu’il en reste après. Je n’arrive pas à en faire abstraction et je commence à me remémorer ce que j’ai vécu. Depuis que Maliel m’a sauvé j’essaye de ne pas y réfléchir, mais la simple idée de sortir de là… non, je préfère laisser tomber. Devenir riche serait une bonne chose, mais je ne veux pas prendre le risque que ça recommence, plutôt mourir tué par les plantes… ce qui reste encore très probable à entendre Cro ». Si on ajoute ça avec le fait que son plan a l’air trop facile pour être vrai… J’ai beau être un assassin et elle une voleuse, est-ce qu’on a vraiment le niveau pour voler le trésor dans le palais ?
Comme si elle avait senti quelque chose, Maliel me regarde droit dans les yeux très sérieusement.
— La plupart sont morts d’accord ? Même si on tombe sur un autre groupe on se contentera de partir rapidement. L’objectif est de voler et rien d’autre. À partir de là, on a peut-être même une chance de ne pas avoir à tuer qui que ce soit.
— Je me demande aussi si c’est une bonne idée. À quel point es-tu prête à risquer ta vie pour trouver un trésor dit moi.
— Bonne question. Je fais confiance à mon jugement là-dessus. Si la situation devient impossible, on se contentera de courir.
— Tu veux dire que j’ai le droit de décider de fuir quand je veux ?
— … Je sais même plus pourquoi je veux que tu m’accompagnes… On va faire simple, je pourrais te ramener au pied de la tour pour gagner la prime sur ta tête, ce serait moins risqué et moins irritant que de travailler avec toi.
— Je pensa…
— Première règle, tu arrêtes de penser. Deuxième règle, tu écoutes mes ordres sans discuter. Si je te dis saute-tu sautes, si je te dis donne la patte tu donnes la patte. Troisième règle, je me…
— Écoute si tu veux que ça marche, il faut que tu arrêtes de me menacer tout le temps. Je ne suis pas un gamin. Tu veux être la chef, pas de problème, mais arrête de me prendre au sérieux à la moindre pique d’humour ! Je te rappelle que j’ai un jardin qui pousse sur mon dos, que j’ai pris la plus grosse dérouillée de ma vie hier et qu’il y a un peu plus de deux semaines j’étais dans le coma, tu veux que je continue ? Si tu veux savoir la vérité, ton plan est vraiment nul… non, dangereux. Mais tu sais quoi ? Depuis que je suis entré dans la tour j’ai dû redéfinir ce que je considère être dangereux. En attendant si je participe et que je risque ma vie avec toi, je veux que ce soit de mon propre chef. La confiance est soit mutuelle, soit elle n’existe pas.
— Finalement, on peut parler entre adultes. Très bien. Je te fais confiance le buisson. On va attendre que tu sois complètement remis en forme par l’autre fêlé et toute ton animalerie et toi nous partirons dès que la nuit sera tombée, demain. Prends que le nécessaire dans ton inventaire et sur toi. Au passage, j’ai demandé à ta copine et devine quoi, son père est dans le palais. Je me suis dit que ça t’intéresserait.
Sur ces mots, elle se redresse et se dirige vers la sortie et me laisse seul.
Elle a attendu le dernier moment pour me dire que le père d’Adelina est dans le palais, histoire de finir de me convaincre… Je lui dois la vie, elle me propose de l’argent et elle finit par me parler du Père d’Adelina… Elle a fini par appuyer sur tous les boutons qui pouvaient me faire accepter sa proposition.
[Marrante cette fille. Même si elle essaye de jouer la dure, je ne suis pas sûr qu’elle soit à l’aise avec le rôle. Enfin, je comprends pourquoi tu l’aimes bien..]
Ne commence pas Yuu.
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J’avais presque perdu espoir 😉
Merci pour ce chapitre
Le petit commentaire de Yuu à la fin est tellement bien placé.
PS: Enfin un « La tour des mondes » j’en pouvais plus d’attendre.
Merci pour le chapitre