Tour des Mondes – Chapitre 194

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S’équiper pour l’avenir 2

«  Je prends les trois. »

À ma réponse, Bastion me regarde en souriant et je me contente de sourire en retour. J’ai eu quelques problèmes, mais finalement je vais avoir des armes de qualité. Les trois propositions ont clairement l’air d’être ce qu’il me faut pour la suite. Si je peux améliorer mes capacités offensives, je ne vois même pas pourquoi j’hésiterais.

De ce que je comprends, Bastion s’occupe de faire des armes que même des vétérans d’étages monde avancés utilisent. Angela avait apparemment une de ses armes au dix-huitième monde, ce qui veut dire que je peux lui faire confiance sur la qualité. Je dois dire que je suis un peu inquiet concernant les stylets améliorés qu’il compte faire puisque, même s’il dit que je pourrai m’en servir jusqu’au cinquième monde, j’espère qu’ils seront suffisants pour affronter les hommes de Charade.

Je dois avouer que de ne pas avoir fait une seule égratignure sur les chevaliers m’inquiète un peu sur mes chances de réussir à régler cette histoire. Le combat de tout à l’heure me rappelle encore que j’ai besoin d’entraînement, mais j’y arrive. Bientôt, je serai dans l’aile des assassins.

— Quel sera le prix pour trois stylets, la dent et les griffes ?
— Bonne question. Je préfère te dire que ce sera plutôt cher pour la dent, mais ça reste abordable pour le reste. Je suis quand même l’un des meilleurs forgerons du pied de la tour. Un stylet sera 100 pièces d’or pour quelqu’un de ton niveau. La dent de basilisk reste difficile à trouver sur le marché, même si elle vient du septième monde, cependant j’ai peu de demandes qui en nécessitent, malgré mon stock. Ce sera dans les quatre cents, mais le prix vaut largement l’investissement. Pour finir, il faut que je regarde ce que j’ai, mais je dirais 10 pièces d’or par griffe. J’espère que tu as l’argent en tout cas, j’ai horreur de parler de travail et d’être arrêté dans mon élan.

J’ai presque envie de sourire à nouveau, mais j’ai clairement ce qu’il faut pour ça. Je me contente d’ouvrir mon inventaire et dépose l’argent sur le comptoir. C’est une sacrée somme, mais je me répète que ce n’est pas le moment de faire des économies. Si j’obtiens des armes qui me serviront pour plusieurs mondes, c’est un investissement, pas une perte. Je dois clairement remercier Maliel pour ça. J’espère juste qu’elle n’aura pas l’impression que j’en ai pris plus que je n’aurais dû, sinon, elle risque de me tuer la prochaine fois que je la croiserai.

Après avoir rapidement compté l’argent, Bastion place les pièces dans son inventaire.

« Cela me prendra sans doute un peu de temps, mets-toi à l’aise. »

J’acquiesce rapidement avant de me trouver une chaise dans un coin. Bastion de son côté passe de l’autre côté du comptoir et, d’après les sons, que j’entends il commence à travailler.

Alors Yuu, qu’est ce qu’ils racontent ?
[La plupart disent que tu as eu beaucoup de chance. Il y en a quelques-uns qui sont mauvais joueurs, mais la plupart réfléchissent à des contre-mesures pour ce genre de situation. Il semble que même si Alexander ne les avait pas réprimandés, ils auraient pris le temps d’analyser le combat en détail pour savoir comment te battre plus facilement. Pour ce qu’ils pensent de toi, ils te trouvent plutôt rapide, mais pas encore très fort. Rien d’intéressant. Ils sont plus intéressés par le pouvoir que tu as utilisé grâce à la pierre la semaine dernière. En tout cas, vu le regard que jette Alexander dans la direction où je me trouve, on dirait qu’il est capable de sentir ma présence, et il a fait comprendre aux chevaliers de se taire, donc je n’apprendrai rien d’intéressant.]
C’est sans doute mieux que tu reviennes dans ce cas, évitons de faire quelque chose pouvant lui déplaire.
[Tu manques clairement de connaissances sur le pied de la Tour. Bien sûr, puisque j’ai vu tes souvenirs, je n’ai que tes propres connaissances limitées. Si je veux en apprendre rapidement, je me servirai des moments où tu te reposes pour partir en éclaireur.]
C’est sans doute une bonne idée tant que tu ne te mets pas en danger.
[Le mieux serait sans doute d’accéder à la bibliothèque de la tour des Mages pour ça.]
Je ferais bien d’y aller dans ce cas. J’avais une question d’ailleurs. Je peux fusionner avec Juliette, mais je me demandais si je pouvais faire la même chose avec Micha ou toi ?
[Avec moi, ce serait trop compliqué. Tu es incapable de supporter un lien complètement ouvert avec moi, alors une fusion te tuera. Tu auras besoin d’entraînement chez les dresseurs pour ça.]
Et pour Micha ?
[C’est sans doute possible, mais pas pour le moment. Je dois réussir à accorder vos esprits et ils ne sont pas compatibles. Le cas de Juliette est un peu particulier. La première fois, j’ai réussi parce que vous étiez tous les deux en colère. En vous alignant sur ce sentiment, la fusion était possible une première fois et sera plus facile avec la pratique à mesure que vous vous y habituerez. De plus, c’était une expérience, je n’étais pas certain d’y arriver. J’ai sans doute eu beaucoup de facilité grâce à votre synergie en combat, et c’est d’ailleurs à cause de la fusion qu’elle a évolué. Dans le cas de Micha, je n’ai pas encore eu l’occasion de voir vos esprits coïncider suffisamment. Que tu le croies ou non, une fusion avec elle sera plus difficile à cause de la complexité des sentiments qu’elle a pour toi.]
Euh… Tu veux dire qu’elle est amoureuse de moi ? Même à travers le lien, je prenais ça pour de l’affection, depuis le début, pas des sentiments…
[C’est vraiment un problème chez les humains… Enfin chez toi. Même avec un lien d’esprit à esprit, tu as quand même des difficultés à comprendre sa façon de penser. S’il y a une barrière à ta fusion avec elle, c’est elle qui la crée inconsciemment. J’imagine que tu comprendras mieux quand elle pourra parler avec toi.]

J’imagine qu’il sait quelque chose que je ne sais pas, mais il n’a pas l’air de vouloir m’en parler, même si j’insiste un peu. En attendant, j’ai appris certaines choses sur la fusion et, même si j’étais curieux, jusqu’à maintenant je n’en ai pas trop parlé avec Yuu.

Si la question de l’équipement est maintenant presque réglée, je dois à présent m’entraîner et devenir plus fort. Même si la fusion avec Juliette me permet de devenir significativement plus fort, je ne peux pas me reposer dessus sachant que je ne peux m’en servir que pendant un temps limité en vidant les forces de Yuu, Juliette et les miennes. Il suffit de voir ce qu’il c’est produit à Lishnul pour savoir que cela me laisse beaucoup trop vulnérable. Je ne peux pas me reposer dessus pour affronter une guilde entière.

Sans parler de l’entraînement, il y a aussi cette histoire de corruption avec Angela. Je ne sais encore rien sur le « cadeau » qu’elle m’a fait, mais maintenant que j’y pense, les assassins que j’ai croisés jusqu’à présent avaient tous des pupilles rouges. Que ce soit Nerys, la secrétaire, Mad ou encore Carl.
Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il y a un rapport. Je vérifie rapidement dans le reflet d’une épée, mais mes yeux sont parfaitement normaux actuellement. Il faut que j’essaye de me rappeler de la sensation que j’ai ressentie en me réveillant tout à l’heure. J’avais mal, mais il y avait autre chose aussi, une sensation irradiant de l’intérieur de mes yeux. La sensation était froide, presque glacée, et j’avais aussi l’impression de voir le monde plus clairement malgré la fumée noire que je pouvais voir partout.
En y repensant, je continue de m’observer dans le reflet de l’épée et je peux voir que la teinte de mes yeux change en devenant plus rouge et en gagnant petit à petit cette teinte fluorescente étrange. À mesure qu’elle devient de plus en plus brillante, je peux voir que le reste de ma vision change aussi et l’épée, ainsi que mon reflet, commence à dégager cette espèce de fumée noire que j’avais vue. Je peux voir que mes yeux commencent à « pleurer » du sang, même si je ne ressens pas de douleur. L’épée devant moi dégage cette fumée noire, mais, même si on pourrait croire que c’est dérangeant pour voir mon reflet, ce n’est pas le cas. Je peux encore clairement discerner les formes, un peu comme si ma façon de voir habituellement était juste superposée à une autre me permettant de voir cette fumée. La sensation est troublante, puisque j’ai l’impression de voir et de ne pas voir cette fumée en même temps.

Je me tourne pour regarder la pièce. Je peux voir cette fumée un peu partout et de façon plus ou moins prononcée. Les endroits où elle a l’air condensée restent les chevaliers ainsi qu’Alexander, mais sans autre références à part Balthazar, qui semblait en déborder, je vais avoir du mal à savoir si ça fait beaucoup ou non. Les autres épées en sont également recouvertes, certaines plus que d’autres. C’est difficile de savoir exactement pourquoi, mais c’est sans doute en lien avec les matériaux utilisés, à moins que les armes aient déjà servi.

Donc, ce que je vois actuellement c’est de la corruption ? J’ai très clairement trop peu de référence pour savoir ce que ça veut vraiment dire. J’en ai entendu parler pour des politiciens, mais qu’est-ce que cela veut dire à l’échelle d’un dieu ? Un détournement moral de la personne? Le mal qui réside à l’intérieur de chacun de nous ? Il y a aussi cette idée de corruption de Tour dont Balthazar a parlé brièvement et dont je ne sais encore rien. Il m’a aussi demandé de trouver quelqu’un qui n’était pas corrompu, mais je vois cette fumée partout en ce moment.

J’imagine que je vais avoir du mal à comprendre si quelqu’un ne m’explique pas en détail. Cette Catherine pourra probablement m’éclairer.

Je continue à réfléchir à tout ça pendant plusieurs dizaines de minutes et pendant ce temps, Alexander a décidé d’organiser des combats d’entraînements pendant que les autres chevaliers font des exercices physiques. Le magasin ressemble de plus en plus à un camp d’entraînement avec autant de personnes qui s’entraînent. J’imagine qu’Alexander est du genre à battre le fer tant qu’il est encore chaud, mais ça ne m’intéresse pas spécialement. Je sais que j’aurais l’occasion de m’entraîner dans peu de temps de mon côté et connaissant Nerys, ça ne me tarde pas, puisque je serai probablement accueilli par une volée de carreaux d’arbalète.

« C’est bon, j’ai fini. »

Bastion m’appelle alors qu’il pose sur le comptoir ce qu’il vient de forger. Les stylets sont sensiblement les mêmes que ceux que j’utilise. Ils font environ 45 cm dont 30 cm pour la lame et la garde n’est plus pointue de chaque côté et à l’air un peu plus court par rapport au précédent modèle, mais je dois avouer que je m’en suis tellement peu servis pour parer ou attaquer que ça ne me pose pas de problème. La forme de la lame reste celle d’une aiguille en n’étant dangereuse qu’au niveau de la pointe aiguisée, cependant, je peux à présent sentir que même s’il n’y a pas de lame à proprement parler dessus, je pourrais facilement me couper avec. C’est sans doute ce côté un peu rugueux que je peux sentir qui cache du tranchant. Je ne parlerai pas non plus de la pointe qui est devenue ridiculement plus tranchante et plus pointue qu’avant, ce qui rendra plus facile de percer une armure. Le manche couvert de cuir que je connaissais précédemment a également peu changé. Je peux sentir qu’il fait solidement partie de l’arme à présent et qu’il est plus facile à garder en main. J’imagine que je ne me serais pas rendu compte de l’imperfection du modèle que j’utilisais avant de prendre en main un modèle de qualité supérieure.
Un autre gros changement reste la couleur de l’arme. Si jusque là c’était des teintes de gris à part pour le cuir, elle est beaucoup plus colorée maintenant. La lame est à présent d’une couleur proche de celle du cuivre et la garde est un mélange d’argent et d’or. Le manche reste sombre et le cuir est d’un noir charbon.
Le poids est aussi différent puisque l’arme est plus lourde même si elle fait la même taille que mon stylet habituel.

Je passe ensuite à la deuxième arme, la dent de Basilisk. C’est plutôt surprenant de voir qu’elle n’est pas très différente d’une vraie dent. L’arme est naturellement recourbée et un côté semble effectivement très tranchant. Au niveau du manche, il semble directement taillé dans la dent. Il n’y a pas de garde et à part le manche, la dent semble avoir été très peu retravaillé. La « lame » est en tout cas plus grande d’au moins cinq centimètres par rapport au stylet malgré sa forme ce qui la rend un peu étrange à prendre en main. L’équilibre n’est pas du tout le même que pour le stylet et ça me demandera du temps pour apprendre à m’en servir.

« J’ai renforcé la dent avec des tiges donc ce sera difficile de la casser. Le manche est un peu plus grand pour que tu puisses la prendre à deux mains si nécessaire. Vu que c’est une dent de Basilisk, je te déconseille de te couper avec. Le tranchant est encore plus aiguisé que celui de ton stylet, mais le vrai danger vient du venin imprégné dedans. Je ne connais pas la dangerosité de celui de ton serpent, mais si par exemple tu te coupes au bras avec, je te conseille de le couper tout de suite si tu n’as pas d’antidote. Les tissus se nécrosent presque aussitôt et tu perdras l’utilisation de ton bras en moins de trente secondes. Au-delà d’une minute, tu peux tout aussi bien penser que tu es mort. Je te laisse imaginer ce qu’il se passe si tu touches un organe. Je te déconseille aussi de chasser avec. »

Je… repose l’arme sur le comptoir. J’ai beau avoir de l’antidote dans mon inventaire, je ne souhaite pas spécialement tester personnellement le venin. En expliquant à Juliette qu’on ne se servira de cette arme que pour la fusion, elle semble curieuse et sort sa tête de ma manche. Elle semble s’amuser d’avance à l’idée de s’en servir, et cela malgré mon inquiétude personnelle.

Je passe ensuite aux griffes qui sont simplement retaillées et posées sur le comptoir. Elles ont l’air aiguisées, mais aussi bien plus solides et épaisses que les lames que j’ai d’installées sur mon gantelet de félin. Bastion m’explique rapidement que ce sont des griffes venant d’un tigre du deuxième monde. Il préfère ne pas me donner quelque chose de trop cher de ce côté puisque cela risque de déséquilibrer le fonctionnement du gantelet. Sachant que j’ai déjà cassé le précédent, j’imagine que c’est la bonne décision. Je vais juste avoir besoin de les donner à Eruc.

Je récupère tout ça avant de le mettre dans mon inventaire. Je regarde Bastion qui a toujours l’apparence d’un enfant. C’est assez troublant de l’entendre me parler comme si c’était moi le gamin, mais c’est sans doute le genre de chose auxquelles je dois me faire au pied de la tour.

— Merci pour tout. Ses armes, le brouilleur et les informations me sauveront probablement la vie.
— Entraîne-toi à partir de maintenant. C’est la meilleure chose que tu peux faire si tu veux survivre.

En pensant à quelque chose, je demande à Bastion s’il peut examiner une arme pour moi. J’ai toujours les couteaux des « envoûteurs » sur moi, mais j’aimerais bien savoir comment il fonctionne. J’en sors un de mon inventaire et, en le voyant, Bastion écarquille les yeux.
Sans attendre, il attrape l’arme et la jette en direction du foyer dans la forge. Sans que je ne comprenne, il se tourne satisfait vers moi. J’ai raté quelque chose ?

« Pas besoin d’examiner cette chose. Ce n’est pas une arme. C’est un outil de torture appartenant à un inquisiteur. Elle est liée à un dieu et n’est pas fiable pour quelqu’un d’autre que son propriétaire. Une sorte de miracle sadique si tu veux. Reste le plus loin possible de ce genre d’objet. Tu en as d’autres ? »

En me voyant ne pas comprendre et hésiter pendant quelques instants, Bastion se met aussitôt à tendre la main dans ma direction.

« Crois-moi, ce genre d’objet n’apporte que du malheur, il vaut mieux s’en débarrasser. »

Sans trop savoir quoi faire d’autre, je sors le deuxième couteau de mon inventaire, qui atterrit aussitôt dans la fournaise. La première pensée qui me vient est pour Charade. Je sais que c’est un inquisiteur et les deux envoûteurs étaient probablement dans sa guilde. Ils n’avaient pas du tout l’allure des membres de sa guilde, mais ça reste la réponse la plus logique vu ma situation. Au moins, j’ai la preuve qu’il veut toujours me tuer.

Bastion me dit ensuite qu’il espère me revoir dans le futur et je sors du magasin en disant au revoir d’un geste aux chevaliers, tout en remettant ma capuche et mon écharpe.

Dans le couloir se trouve toujours l’homme qui m’avait empêché d’entrer et autour de lui, je peux voir un peu moins d’une dizaine de personnes au sol. Il se tourne dans ma direction.

« Alors, j’espère que ça s’est bien passé à l’intérieur ? »


Correction : Hastin



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