NORDEN – Chapitre 145
Chapitre 145 – Le dilemme
— Il ne manquait plus que ça ! pesta Sonjà.
Les bras croisés et dressée de toute sa hauteur, la cheffe Svingars cracha au sol. Tous s’étaient réunis dans le salon de l’étage. Épuisé par sa longue errance, Faùn leur relatait les événements qui venaient d’avoir lieu. Alexander devint blême, manquant de défaillir. Assis sur sa chaise, il demeurait immobile, les coudes posés sur la table et le visage dissimulé entre ses mains.
— Et vous dites qu’un autre prisonnier était avec elle ? s’enquit James, songeur. Savez-vous de qui il s’agit ?
— Un homme d’une quarantaine d’années, militaire d’après ses vêtements, longs cheveux châtains bouclés et une cicatrice au coin des lèvres.
— Maspero-Gavard ! s’écria la duchesse qui se tenait sur la méridienne, Blanche endormie dans ses bras.
— Pourquoi était-il avec elle ? s’enquit le marquis.
— Mon père a dû lui demander de récupérer ma nièce et de la lui ramener. Malheureusement, au vu de la réputation de cet homme, il n’est guère surprenant qu’il se soit fait capturer par l’ennemi pour devenir une rançon.
— Comme si je me souciais de cet homme-là ! maugréa Lucius. Jamais je ne lâcherai le moindre sou ou risquerai la vie d’autrui pour un homme de sa veine.
— Vous avez tort marquis. Cet homme-là détient des informations cruciales dont personne hormis lui n’a connaissance. Que ce soit pour son expérience professionnelle, son savoir sur Pandreden, les empires et les Pandaràn mais également sur les habitants du territoire dont il connaît les moindres recoins. Sans parler que c’est un excellent limier, un chasseur et un combattant hors pair.
— Sahr ! pesta Sonjà en adressant un regard à Skand. J’vois qu’on a pas l’choix que d’aller les récupérer ! Jörmungand s’rait capable de nous en tenir rancune et de pas nous aider à récupérer nos p’tits chapardés.
Skand approuva d’un hochement de tête.
— Cela sera inutile que vous vous y rendiez, marmonna Alexander en redressant la tête, c’est moi qu’ils veulent. Ils souhaitent que je me rende et que je leur lègue légalement le territoire. Que je signe leur traité de cessation et que je subisse une humiliation publique.
— Ils vous tueront Alexander ! s’indigna Pieter. Ils vous condamneront ! Vous ne pouvez y aller !
— Je doute fort qu’ils soient tant cruels, objecta le marquis, ce sont des hommes d’honneur et des diplomates, pas des monstres sanguinaires capables d’assassiner de sang-froid. Ils ne s’abaisseront pas à torturer un ennemi vaincu, surtout s’il se rend sans réticence.
— Mais monsieur Léandre de Lussac est à la mairie ! Jamais il ne voudra laisser son rival sauf. Mon maître, je vous en prie, ne faites pas cela !
Alexander soupira et fit pianoter ses doigts sur la table.
— Ta loyauté et ta compassion me touchent Pieter mais je suis de l’avis du marquis. Certes Léandre et moi-même nous détestons depuis tant d’années. Et je suppose que l’idée de m’occire traversera l’esprit d’Éric de Malherbes afin de venger la mort de son frère aîné, voire même celui d’Alastair qui ne me pardonnera jamais d’avoir souillé sa sœur avant de l’avoir abandonnée au profit d’une autre.
— Et Alfadir ? Quand est censé arriver le Aràn ? s’enquit James. Ne pouvons-nous pas attendre son arrivée avant de tenter quoique ce soit contre eux ? Avec un peu de chance, ils ne lui feront rien, surtout si Armand souligne l’importance qu’Ambre a pour lui.
— Non, rétorqua Faùn, le Aràn est certes en chemin mais rien ne dit qu’il soit apte à les faire capituler. Sa capacité de persuasion n’est pas au mieux. Tout ce qu’il veut c’est Hrafn, que ce soit eux ou nous qui remettons Ambre à Jörmungand, cela ne changera rien.
— T’as repris le contact avec le Aràn ? fit Skand, ébahi.
— Brièvement si je puis dire, murmura le Shaman, il est affaibli et est escorté par Solorùn et Fenri, sur Saùr et Melchor. S’il vient c’est uniquement pour récupérer son dû, pas pour remettre un quelconque ordre sur ce territoire.
Irène s’éclaircit la gorge et observa le Shaman avec sévérité, lui ordonnant de la suivre pour entretenir une petite conversation privée en sa compagnie. Obéissant et, la sentant troublée, Faùn se leva, imité par Alexander et Sonjà. Mais la duchesse scruta ces derniers avec dédain et refusa leur présence. Les deux rejetés grognèrent mais ne dirent rien. Irène conduisit Faùn dans une pièce isolée. Elle ferma la porte et l’invita à prendre place sur un siège.
— Que souhaitez-vous savoir ? demanda le Shaman.
Elle s’installa face à lui et joignit ses mains.
— Vous savez qui nous sommes. Vous êtes Shaman supérieur et connaissez donc, je suppose, toute l’étendue de l’affaire. Il est inutile que je vous explique le conflit actuel ainsi que les événements ayant eu lieu ces dix dernières années. Je parle ici du meurtre de ma sœur, de l’évincement de Medreva et de cette histoire d’enlèvement.
L’homme inclina la tête.
— Oui, je suis au courant de tout cela y compris de vos origines, de la genèse du conflit et de tous les désastreux événements qui s’en sont suivis, tout ceci à cause de Hrafn.
Après une mise au point avec la duchesse sur ce sujet, il soupira et baissa la tête, les yeux perdus dans le vide.
— Je sais qu’Adler veut une nouvelle fois assaillir Norden et détruire tous les noréens qui s’y trouvent, même les aranoréens. Leijona veut l’empêcher de faire du mal aux autres peuples et ne veut voir périr que la descendance de Hrafn, chose hasardeuse au vu du nombre d’aranoréen à l’heure actuelle. Laisserait-elle ceux possédant ne serait-ce qu’une infime goutte de sang aranéen en vie ? Je crois savoir qu’Adam s’est allié avec elle pour contrer l’aigle. Et qu’elle a fait un pacte avec Jörmungand pour qu’il lui cède des enfants noréens afin de lutter contre Providence et détruire leur arme, mais je ne sais rien sur le sujet.
— C’est exact ! Des marins noréens et aranoréens enlevés en toute discrétion sur Providence depuis tant d’années. Leurs corps ont servi de cobayes à de multiples expériences afin de créer des monstres sanguinaires d’une force redoutable pouvant aisément rivaliser avec des Berserks. Tout ceci, car ils ont été couplés avec le sang de Hrafn maintenu captif au même endroit, dans un laboratoire si loin dans les terres que nos espions ont eu tant de mal à retrouver. Le même sang qui a servi à la confection de la drogue à haut potentiel agressif.
— Dire qu’Alfadir savait et les a laissé s’y rendre. Tout ceci pour le récupérer, lui ! Cet assassin… ce monstre !
Il soupira et fronça les sourcils.
— Comment l’avez-vous récupéré d’ailleurs ? Ne me faites pas croire que ce sont uniquement vos sentinelles qui l’ont rapatrié sans encombre.
— En effet, c’est de cela dont je veux vous parler précisément. Voyez-vous, il nous a fallu énormément de temps et d’astuce pour voler le corbeau. Car en apprenant qu’Adler projetait d’assaillir Norden, Adam a supplié Leijona de réagir et d’éloigner Hrafn de l’empire Nord afin d’épargner la vie de centaines de milliers d’innocents. Mais la lionne, peu encline à coopérer, s’est laissé convaincre d’entrer à nouveau en guerre à condition qu’elle obtienne quelque chose d’essentiel à y gagner.
Elle porta une main à sa bouche et s’éclaircit la voix.
— C’est alors que mon père entre en scène. Jörmungand ayant eu plusieurs déconvenues avec son frère, comme vous le savez, désirait faire payer Alfadir pour ses actes.
— Après la mort de votre mère Erevan ?
— Oui et celle de ma sœur également. Mon père a décidé d’aborder la lionne et la licorne, trouvant le moment opportun pour s’allier à eux, car tous les trois y avaient un vif intérêt. Ainsi, Jörmungand devait ramener Hrafn à Alfadir. Pour cela, Adam se rendait régulièrement dans l’empire Nord afin de repérer où se tenait le laboratoire en question et aidait les espions de Rochester dans leur cause, n’exigeant en retour de son aide que le bien-être de son peuple sur Norden. Quant à Leijona, elle promit au Serpent de ne pas mener d’assaut contre l’île, protégeant ainsi les aranéens et noréens qui s’y trouvent et même de défendre Norden contre l’invasion de Providence. Elle exigea en revanche qu’Alfadir lui cède des enfants, de nombreux noréens du peuple de Hrafn afin d’obtenir justice et de pouvoir s’en servir pour les étudier et les envoyer au front contre l’empire ennemi à la place de ses soldats. Dans le lot, il nous fallait lui céder des noréens spéciaux, des Féros pour être plus précise, dans le but de se servir de leur sang comme Providence l’avait fait pour Hrafn.
— Contrat qui n’a pu être honoré que partiellement, que va-t-il se passer maintenant que la mascarade a été déjouée et que les révélations sur ces enlèvements ont eu lieu ? Personne ne voudra envoyer sciemment son enfant à Charité, surtout pour être utilisé comme une arme ! C’est de la barbarie ! Je n’ose même pas imaginer comment les Aràn ont pu s’abaisser à ces échanges infâmes ! Qu’importe si cela est pour protéger leur peuple ! Un individu, quel qu’il soit, ne doit pas être sacrifié quand bien même il servirait à protéger le plus grand nombre.
— Vos paroles sont sages Shaman mais vous êtes hélas l’un des seuls à penser ainsi. Même nos Aràn ne sont pas si magnanimes. Il nous reste néanmoins une ultime solution de secours. Certes la lionne n’a pas eu autant d’enfants que désiré, mais elle a tout de même reçu les individus qu’elle souhaitait. Pour consolider notre contrat et le sceller d’une autre manière, elle exige une dernière requête.
— Quelle est-elle ? s’enquit-il, inquiet.
— Un mariage diplomatique entre le veuf empereur de Charité, monseigneur Joseph de Valembruns et mademoiselle Blanche von Hauzen, ma fille.
Abasourdi par cette réponse, Faùn demeura muet.
— Mais… mais votre fille s’est transformée ! finit-il par dire. Comment honorer un tel contrat ? À moins que…
— Oui, Ambre est celle qui pourrait tout à fait convenir, d’où le fait qu’elle soit extrêmement importante aux yeux de tous. Elle est logiquement le dernier maillon qui permettra de sauver l’île, car jamais mon père ne se résoudra à leur céder Meredith ou Adèle.
— C’est ignoble ! Vous allez sacrifier votre nièce, et ce, qu’importe sa volonté ?
— Non, hélas ! Je ne pourrais m’y résoudre.
— Quoi ? Mais dans ce cas… comment ?
Elle inspira à pleins poumons puis expira longuement.
— C’est moi même qui me rendrai à Charité. Certes je ne suis plus toute jeune mais je ne peux plus enfanter et l’empereur est à peine plus jeune que je ne le suis. Qu’importe que mon père ne le souhaite pas, il devra se plier à mon choix cette fois-ci. Je refuse de sacrifier ma nièce qui, pour au moins une fois dans sa vie, mérite de s’épanouir sur cette île aux côtés des êtres qui lui sont chers. Surtout qu’au vu de son Féros et de son ignorance des convenances, elle risquerait de compromettre notre accord.
— Votre dévouement est louable. Jamais je n’aurais pensé que le Serpent et sa lignée seraient autant…
— Autant humains ? Autant attachés aux valeurs noréennes ainsi qu’à cette île et à tous ceux qui y vivent ? Shaman, vous savez très bien que les coupables ici sont ceux que nous vénérons depuis des millénaires, ceux que nous pensions sages. Ce sont eux les véritables monstres, nous sommes les descendants de ce sombre héritage !
Faùn sentit les larmes lui monter aux yeux.
— Pardonnez-moi. Il est vrai que j’ai appris tout ceci récemment. Et, comme vous, je ne parviens pas à pardonner les agissements de nos entités. J’ai davantage de rancune envers Alfadir au vu de ce qu’il a infligé à votre grand-mère et de tous ces secrets tant jalousement gardés.
Il renifla et s’essuya les yeux d’un revers de la main.
— Que faisons-nous, là, présentement ?
Plongée dans ses réflexions, Irène se mordilla la lèvre.
— Si je me mets à la place de Maspero-Gavard, en supposant que les von Dorff et leurs partisans soient à la mairie, je ne serais pas choquée à l’idée qu’il puisse tout leur dévoiler dans le but d’obtenir grâce à leurs yeux et de sauver sa peau. Y compris le fait que nous possédons Hrafn et comptons sur l’arrivée d’Alfadir pour remettre de l’ordre.
— En soi ils s’attendraient à voir le maire leur remettre Hrafn pour négocier eux-mêmes avec les Aràn ?
— Tout à fait ! Et borné comme peut l’être Alfadir, cela ne me surprendrait guère qu’il les honore et laisse le territoire aranoréen sous leur domination. Je ne pourrais me résoudre à voir mon peuple vivre sous leur joug ! Après, je doute fort que ces hommes-là croient un traître mot de ce que le capitaine pourra leur raconter. Ils ne croient pas en l’existence des Aràn ni en celle des Shamans ou tout ce qui pourrait concerner le folklore noréen.
— Dans ce cas que proposez-vous ? Laisser Ambre souffrir en attendant l’arrivée d’Alfadir et espérer que ses ravisseurs ne lui fassent rien subir ? Voilà qui est dangereux.
— Hors de question que je laisse Ambre entre leurs griffes ! Écoutez-moi, attentivement, nous allons laisser le maire s’y rendre afin de parlementer avec eux. Si nous ne tardons pas alors ils ne pourront pas nous accuser d’avoir omis de leur remettre Hrafn dans la mesure où nous n’aurions pas été au courant de la négociation.
— Ne craignez-vous pas qu’ils le tuent ?
— Si, bien évidemment, et c’est le risque à encourir ! Ma foi, s’ils ne sont pas trop stupides, je doute fort qu’ils le fassent souffrir avant qu’Ambre ne soit remise en main propre à mon père. Il faut qu’elle conserve sa forme actuelle. Car si elle se transforme non seulement le contrat sera brisé à leurs yeux mais elle risquerait de faire un carnage en désirant venger l’homme qu’elle aime. Dans les deux cas, qu’ils croient ou non en l’existence des entités, ils ne prendront pas le risque de la pousser à bout.
— Hum… ma foi cela me semble la meilleure solution. Que dois-je faire pour ma part ? Je peux toujours tenter de contacter Alfadir ou Solorùn pour les avertir.
— Non, c’est inutile, qu’importe qui confiera Hrafn au Aràn, son unique but est de le récupérer. Et je souhaiterais que vous restiez auprès de moi. Vous avez votre protégée à soigner et ma fille Blanche n’est pas au mieux. Je voudrais la soigner un tant soit peu afin qu’elle ne souffre pas outre mesure lors de son voyage jusqu’à Charité.
— Vous l’emmenez avec vous ?
— Évidemment ! j’abandonne déjà tout ce que je possède, y compris ma fille, mon petit-fils et mes nièces, je ne vais pas en plus abandonner ma Blanche qui, je l’espère, s’épanouira au palais impérial à mes côtés.
Elle se releva et commença à se diriger vers la porte.
— J’espère surtout que votre cheffe ne se mêlera pas de cette affaire, butée comme elle est, elle risquerait de mettre en péril nos négociations et de tout compromettre.
— Ne vous en faites pas, assura-t-il en se redressant à son tour, j’ai une mission de la plus haute importance à lui confier ainsi qu’à Skand.
Avant de sortir, ils se serrèrent la main puis empruntèrent le couloir où Mesali et Léonhard s’amusaient avec des chevaux de bois. La petite tendait sa jambe cassée derrière elle sans nullement s’en soucier tant elle semblait prise dans son jeu. Ils regagnèrent le salon où Alexander, vêtu d’un long manteau noir et d’une paire de bottes haute, s’apprêtait à rejoindre la mairie.
— On peut toujours vous escorter m’sieur le maire, proposa la guerrière, si votre Ambre est aussi importante que Hrafn, alors autant qu’on aille en nombre parlementer avec vos amis les hundr.
— N’y pensez même pas, objecta Irène.
— Et pourquoi donc ? grogna la Svingars.
— Tout simplement parce que jamais ces hommes ne voudraient s’entretenir avec une femme, encore moins une femme de votre veine. Vous avez beau être une guerrière respectée et respectable sur vos terres mais ici, vous êtes considérée comme une rustre grossière ! Une vermine qui, aux yeux de ces hommes conservateurs et fortement centrés sur le patriarcat ainsi que sur la supériorité aranéenne, ne possède aucune légitimité.
La duchesse baissa son regard pour venir le poser sur le chef Korpr dont la petite taille ne pouvait être prise au sérieux par ses interlocuteurs.
— Il en va de même pour vous, lui avoua-t-elle, jamais vous ne les convaincrez de quoi que ce soit.
Furieuse, Sonjà laissa libre cours à sa colère, frappant du poing sur la table et arrosant d’insultes son interlocutrice. Faùn parlementa avec elle afin d’éviter d’attirer l’attention d’éventuels curieux. Car les éclats de voix risqueraient d’alerter le camp ennemi de leur présence indésirée. Après de brefs échanges, Alexander se décida à y aller et sortit par la porte arrière de la boutique. Pieter, que l’inquiétude gagnait à l’idée de laisser son maître partir seul, l’escorta jusque sur le perron où ils se saluèrent avant de se séparer.
Quand le palefrenier retourna dans le salon, la tête basse et les yeux voilés, il vit Sonjà et Skand en pleine conversation avec le Shaman, prêts à quitter les lieux également.
— Si vous tenez à vous rendre utile, sachez que le Berserk continue d’arpenter les rues. J’ai réussi à l’éloigner tout à l’heure mais je n’ai pas été assez convaincant pour parvenir à le faire fuir. Cela pose problème car, au risque de blesser l’ennemi, il serait fort probable que ce Starkr s’attaque à d’éventuels Féros présents dans cette ville.
— Il y a des Féros en ville ? s’enquit Lucius. Combien ?
— Je n’en suis pas sûr mais je dirais pas loin de dix. Tous des Latents, autant femelles que mâles et de tout âge.
— Sahr, voilà qui va nous occuper un moment. Un Berserk Ardent t’as dit. Et un lion en plus ! Comme si un Berserk mâle n’était pas déjà assez compliqué à chasser !
Faùn se renfrogna et se gratta le menton.
— Soyez prudent surtout, la présence d’un lion sur notre île est un mauvais augure. C’est le premier du genre. Je n’aime pas cette coïncidence.
— Personne ne savait qu’un tel spécimen était présent ? Vous, Shaman, n’avez jamais décelé son animal-totem ?
— Malheureusement non, nous sommes trop loin des carrières nord pour ressentir les vibrations des Hani. En plus, ils n’ont plus de Shaman depuis des générations. Ils sont incapables de connaître leur animal-totem. Ajoutez à cela qu’ils sont indépendants et n’ont pas de liens directs avec nous, hormis de rares échanges mercantiles. Et ils ne se soumettent plus à Alfadir depuis leur indépendance.
Sur ce, Sonjà se munit de son arme puis, après un dernier regard échangé à son Shaman, sortit de la demeure, Skand à ses côtés. La partie de chasse allait commencer.