Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 300.5.10

 


Chapitre 300.5.10 : Arc du passé 10

Gyurie place le pion qu’il tient dans sa main sur le plateau de jeu sans hésiter.

« Ugh. »

En réponse à ce geste, son adversaire assis en face de lui grommelle. Vient ensuite une légère pause.

« Je me rends. »

Ensuite, son adversaire se rend sans bouger de pion.

« Eh bien. Je suis raisonnablement confiant dans mes capacités, mais j’admets que d’être battu d’une telle façon est actuellement rafraîchissant. »

En semblant dire cela du fond de son cœur plutôt qu’en essayant de cacher sa frustration, il sourit allégrement malgré sa défaite. Foddway, l’adversaire tend les deux mains au-dessus du plateau pour remettre les pions à leur place.

« Tu veux encore continuer ? »

En réponse à Foddway qui essaye simplement de continuer la compétition, Gyurie pose cette question avec un ton légèrement las. Bien qu’il soit venu rencontrer Sariel, il a été à la place forcé de continuer à jouer à ce jeu avec le vieil homme en face de lui qui est venu le voir.

« Tu as largement assez de temps à perdre, donc il n’y a aucun mal à en passer un peu avec un vieil homme qui a un pied dans la tombe. »

Très certainement, en étant un dragon, Gyurie a du temps à perdre. Même s’il tenait compagnie à Foddway jusqu’à ce qu’il soit satisfait, cela ne serait pas assez long pour le voir comme une perte de temps. Les dragons et les humains ont des notions fondamentalement différentes du temps qui passe. Une vie humaine entière n’est qu’un bref moment pour un dragon. Tandis que pour les humains le temps est une ressource limitée, elle est vue comme infinie pour les dragons. Comme le dit la personne elle-même, il peut bien rester un peu et servir d’adversaire pour un vieil homme qui a un pied dans la tombe. Mais bien entendu, même s’il dit qu’il a un pied dans la tombe, Gyurie voit Foddway comme quelqu’un d’obstiné qui restera toujours là.

Résigner, Gyurie décide de continuer à être l’adversaire de Foddway. Ils jouent tous les deux à un jeu de plateau qui a des origines très anciennes. Le jeu est similaire à ce qui est nommé échecs ou shogi sur terre. Cependant, contrairement à ces derniers, il y a une plus grande variété de pièces et un plateau plus grand, ce qui le rend bien plus complexe. À cause de cela, une partie prend beaucoup de temps. Suffisamment longtemps pour que cinq jours soient nécessaires à une partie entre professionnels.

Leur bataille entre maintenant dans la dix-septième partie. Naturellement, un tel nombre de partis ne peut pas être joué en une seule journée. Gyurie a passé les derniers jours à demander à voir Sariel et à chaque fois, Foddway est venu pour jouer contre lui.

L’objectif de Foddway est clair. Il s’assure que Gyurie ne puisse pas rencontrer Sariel. Tout le monde serait capable de le comprendre étant donné qu’il le dira ouvertement si questionné. Gyurie, même s’il le sait, ne peut qu’accepter les actions du vieil homme devant lui. Et donc, il est simplement concentré sur ce qu’il peut faire. S’il ne peut pas montrer sa sincérité, alors il ne sera pas capable de gagner la confiance de Foddway.

S’il était déterminé à rencontrer Sariel, alors il serait capable de la rencontrer. Peu importe à quel point Foddway essaye de le stopper, il n’a aucune chance contre un dragon comme Gyurie. Cependant, cela serait mal de le faire. Gyurie a besoin d’obtenir l’approbation du vieil homme devant lui. Pas en tant que dragon, mais du point de vue d’un individu à un autre. S’il n’arrive pas à persuader un vieil homme sur un pied d’égalité, alors il n’a sûrement pas le droit de voir les choses comme Sariel.

« Ugh. »

Il est déjà sur le chemin d’une victoire écrasante, cela dit.

« Pas besoin de plus de temps pour réfléchir ? »
« Prendre du temps pour réfléchir est une hérésie. Dans leur vie, les humains ont rarement le temps de réfléchir. C’est exactement pour cela que les humains ont peur de faire des erreurs. »

Maintenant qu’il le dit, il se souvient que Foddway n’a jamais pris le temps de réfléchir à son prochain coup.

« Cela étant dit, les humains font bien des erreurs. Des erreurs finissent toujours par arriver. Nous les empilons, établissons des règles pour en empêcher et en réduire le nombre. L’histoire humaine est basiquement l’histoire de nos erreurs. Nous en sommes là aujourd’hui, car nous avons appris nos leçons de cette histoire. Malgré tout, nos erreurs ne se sont pas arrêtées. »

Tout en continuant à parler, Foddway change un pion de place. Immédiatement, Gyurie déplace une de ses pièces et à nouveau c’est le tour de Foddway. Cependant, après une longue pause, ses mains ne se remettent pas en mouvement.

« Du coup, je n’enchaîne pas mes défaites sans raison. Des erreurs et des défaites se transforment à chaque fois en nouvelles leçons. Pour le prouver, je vais faire ceci ! »

Foddway fait cette déclaration en déplaçant une pièce. En réponse à cela, Gyurie place rapidement une autre de ses pièces pour bloquer le coup de Foddway.

« … Bien que cela ne soit certainement pas une erreur, ce n’était pas non plus la meilleure stratégie. C’est un bon exemple de ce que tu disais, j’imagine. »
« Ce n’est pas ce qui est dit, mais comment cela est dit. »

Le dix-septième match s’est ainsi mal passé pour lui, mais Foddway est un homme qui a toujours les bons mots. Que ce soit avec des discussions triviales jusqu’à de grandes implications pouvant perturber Gyurie, il discute sans problème en continuant à jouer.

« Le langage est considéré comme la plus grande invention humaine. L’histoire humaine est basiquement un échange sans fin de dialogue. »
« Hm, plutôt étrange. »

Avec sa façon de faire, il est difficile de savoir s’il est sérieux ou s’il ne fait que plaisanter. Cela lui permet de souvent perdre les autres.

« Il n’y a rien d’étrange à cela. À cause de l’existence des absolus que l’on nomme les dragons, nous, humains, nous avons décidé de ne pas nous reposer sur la force brute. Bien qu’elle soit importante ultimement, avant d’en arriver là, une bataille de ruse est ce qui compte. En dialoguant et débattant pour différentes raisons, il est possible de tromper son adversaire. Puisque c’est ce que nous faisons toujours, c’est pour cela que j’ai une verve affûtée, vois-tu. »
« Ne blâme pas ta verve affûtée sur l’histoire. D’ailleurs, j’aimerais bien que tu ne blâmes pas les dragons non plus. »

En contraste avec la lassitude qu’il est possible de voir sur le visage de Gyurie, Foddway sourit joyeusement.

« Mince. Je suis époustouflé par tes paroles. »
« Je ne compte pas perdre non plus de ce côté. »

En mettant facilement sa réponse sarcastique de côté, Foddway joue son tour en ayant l’air fier. Gyurie joue ensuite son coup et cette expression fière disparaît.

« Je n’ai pas la sensation que je puisse perdre à ce jeu, mais je n’ai pas l’impression de pouvoir te battre avec des paroles non plus. »
« Bien sûr. Le rythme de réflexion des humains et des dragons doit être différent après tout. Il est probable que peu importe combien de fois je te défie, il me sera impossible de te battre. Cela reste étrange, cela dit. Bien que les deux nécessitent de se servir de sa tête, bien que je n’ai aucune chance de gagner à ce jeu, je ne pense pas que je perdrais lors d’un débat. Bien que les dragons soient bien supérieurs en termes de calculs, peut-être que les humains peuvent gagner en matière de sournoiseries ? »

Bien que Foddway semble mécontent quand il regarde le plateau de jeu, il a étrangement l’air heureux.

« Il n’y a pas de doute sur la grandeur des dragons. Cependant, bien les dragons sont puissants, cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ne sont pas inférieurs à d’autres sur différents domaines. Les dragons n’ont pas la sournoiserie des humains. Ils sont suffisamment forts sans. Même sans s’embêter avec des stratégies de lâche comme les humains le feraient, et simplement en se battant avec honneur, ils peuvent gagner contre la plupart de leurs adversaires. À cause de cela, ils n’ont pas besoin de ruse. Cependant, c’est aussi pour cela que les dragons sont négligents. Ils peuvent échouer face à de lâches humains qu’ils voient comme inférieurs. En effet, comme un certain dragon devant moi qui à cause de ma cajolerie en est venu à affronter librement un humain sur un terrain équitable eh. »

Foddway discute sans difficulté en ayant l’air particulièrement heureux. Même s’il a gagné la partie, Gyurie a l’impression d’avoir perdu à cause des paroles de Foddway. C’est comme s’il était en train de danser à cause des manipulations de vieil homme devant lui, qui n’est qu’un être fragile et sans valeur du point de vue d’un dragon. Et objectivement, c’est bien le cas.
Bien qu’il soit un dragon, il est facilement manipulé par la créature inférieure que l’on nomme un humain.

« Les humains sont des lâches. Et ils sont bien plus stupides que les dragons ne l’imaginent. Malgré notre histoire pleine d’erreurs, nous faisons toujours des erreurs en connaissant notre histoire. Nous faisons des erreurs et ensuite nous en faisons d’autres, puis encore d’autres. Chaque fois que nous faisons une erreur de plus, nous allons toujours plus loin dans la suivante et la fois suivante elle créera encore plus de problèmes. Nous faisons cela même si nous devrions apprendre de nos erreurs pour en diminuer les effets. C’est bien étrange. »

Même s’il est manipulé par Foddway, Gyurie doit quand même lui faire face d’un point de vue humain puisque c’est une sorte de test. C’est un rite de passage dans le but de rencontrer Sariel.

« Bien qu’étant un dragon, tu as étudié le point de vue des humains. Cela reste cependant difficile de dire que tu comprends vraiment les humains. Comme je viens de le dire, les créatures nommées humains sont bien plus stupides que les dragons ne l’imaginent. Sariel-sama est confronté à cette stupidité tout ce temps. »

Foddway déplace une pièce. Quand Sariel voit que Foddway ne semble pas vouloir retirer la main de sa pièce, il déplace une des siennes.

« Je déclare forfait. »

Foddway accepte sa propre défaite en ayant l’air satisfait.

« Les dieux et les gens. Si tu peux avoir les deux perspectives, tu seras peut-être capable de changer Sariel-sama. Il est déjà trop tard pour qu’un simple humain le fasse. Bien que je le dise, un simple dieu ne sera pas suffisant non plus. Ce qui est nécessaire est une existence qui soit un dieu, mais qu’il soit capable de comprendre les gens. »

C’est le plus grand conseil que le perdant puisse donner au gagnant. C’est aussi une demande.

« S’il te plaît, prends soin de Sariel-sama. »

Gyurie ne répond pas avec une affirmation ou un refus à la requête sincère du vieil homme.


Pour donner vos impressions n’hésitez pas à mettre des commentaires !
Vos appréciations sont importantes pour montrer votre soutien.

Correction : Gobles

Chapitre Précédent | Sommaire | Chapitre Suivant

 


1 thought on “Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 300.5.10

Laisser un commentaire