Isaac- Chapitre 2

L’assaut japonais commença à l’aube avec un bombardement d’artillerie affaiblissant les défenses. Cela signifiait également que les forces ennemies seraient bientôt sur place.

L’assaut japonais commença à l’aube avec un bombardement d’artillerie affaiblissant les défenses. Cela signifiait également que les forces ennemies seraient bientôt sur place.


Joon-young se glissa dans le coin de sa tranchée, fredonnant en harmonie avec les obus tombants alors qu’il mâchait du calmar séché.


« Heek ! »


L’homme à côté de Joon-young criait à chaque fois qu’un obus atterrissait, enfouissant sa tête entre ses jambes. À côté de lui se trouvait une radio bidirectionnelle cassée, bourdonnante de rapports et d’ordres du siège. Les forces de première ligne crièrent pour la permission de battre en retraite, mais tout ce qui revint furent des ordres de retarder l’ennemi le plus longtemps possible.


« Hm ? Le bombardement a cessé. Il est temps de bouger ! »


Les hommes de Joon-young jetèrent un coup d’œil au-dessus de la tranchée. Le bombardement tonitruant ayant cessé, il n’y avait que des tensions sur le champ de bataille. Mais juste au moment où leurs oreilles s’adaptaient au silence soudain, ils pouvaient sentir la terre vibrer sous leurs pieds. Bientôt, les chars japonais pourront être vus à l’horizon.


« Tsk … nos balles ne laisseront même pas une égratignure sur ça. »


Blindés avec un placage haut de gamme, ces chars pourraient résister à une rocket d’un RPG-7. Joon-young se gratta la tête. Il savait que les chars et les canons antichars amis étaient hors de portée depuis longtemps, et il était difficile de s’attendre à une quelconque aide de leur part.


Apparemment, la peur s’était emparée d’une autre tranchée. Des coups de feu pouvaient être vus, tirant sur les chars trop éloignés pour subir le moindre dommage. La tourelle d’un char se retourna et fit feu, touchant directement la tranchée.


« Eh bien, au moins ce n’est pas une bombe chimique. Je suppose que c’est un juste retour des choses pour le Busan. »


Le Japon fut critiqué par le monde pour avoir largué une bombe comparable à une bombe nucléaire sur des civils. Avec leur réputation ternie, il n’était plus question d’utiliser une arme chimique ou biologique. Ils durent donc recourir à une méthode plus traditionnelle.


« Ils ont même fait venir un hélicoptère ? »


Fit remarquer Joon-young, la tête appuyée sur ses bras. Ses hommes étaient impressionnés par son attitude. Ils étaient là, effrayés pour leur vie, tandis que Joon-young avait l’air de regarder un film.


« Je suppose qu’il est temps de courir. »

Alors que les chars se rapprochaient, Joon-young prit la décision de battre en retraite. Courir sans tirer une seule balle pouvait sembler lâche et déshonorant pour certain mais ses hommes étaient soulagés d’entendre ces mots.


Joon-young et le reste des forces de première ligne savaient qu’ils n’étaient que des pions déjà sacrificiés. Ils étaient un groupe de soldats enrôlés sans approvisionnement approprié ni soutien du reste de l’armée.

La véritable ligne de défense était derrière eux, remplie de toutes les fournitures qu’ils pouvaient rassembler. Leur travail consistait à faciliter le travail de la vraie ligne de défense en prenant la charge initiale de l’assaut. Pour eux, la retraite était la seule option.


Les messagers de Joon-young coururent vers leurs tranchées désignées, tandis que les autres se rassemblèrent au point de ralliement. Il alluma une cigarette en les attendant.


Des bruits pouvaient être entendus alors qu’ils se rassemblaient, un par un.


« Hm ? Où est le chef de la 3e équipe ? »  


La compagnie de Joon-young fut réduite de moitié après que tous les enfants se soient rendus. La 3e équipe avait le plus d’enfants dans son équipe, mais après la capitulation, il n’en restait que 7. Cependant, seulement 3 arrivèrent au point de ralliement. Un des soldats de la 3e escouade réponda.


« Un obus a atterri directement sur sa tranchée, monsieur.»  


« Tsk. Bâtard malchanceux. Et le chef de la 2e équipe ? »


« C’est-à-dire que… Une des recrues a tiré avec son pistolet sur le char. Le char a riposté avec un tir direct sur eux. »


« Putain de salaud. Si tu veux mourir, n’emporte pas les autres avec toi. »


Il y eut un brouhaha soudain quand un homme fut ramené à Joon-Young.


« C’est fatal. »


« Kuku, ils m’ont eu. »


C’était Min Won-hoo. Une plaque de métal s’était enfoncée dans son estomac, laissant une entaille géante et une mare de sang sous lui. Min Won-hoo demanda ce qui était arrivé aux chefs d’escouade manquants.

« Où sont les autres ? »

« … Ils sont partis avant toi. »

« Kuk, ces salauds. »


Min Won-hoo repoussa les mains qui l’assistaient et s’appuya contre le mur de la tranchée. Alors que son visage se raidissait de douleur, Joon-young demanda.


« Est-ce que ça fait mal ? »


« Bordel de merde, t’imagines même pas à quel point. »


« Comment veux-tu ?»


« Kukuku. Ça fait tellement mal, mais je n’ai toujours pas le courage. Je suis catholique, tu vois. »


« Ah oui ? »


Joon-young sortit un pistolet de sa taille. Il enleva la sécurité et visa la tête de Min Won-hoo.

Click !

Min Won-hoo sortit une cigarette déjà tâchée de sang de sa poche. Alors que ses mains sanglantes et tremblantes luttaient pour allumer la cigarette humide, l’un des soldats réagit rapidement en sortant son propre briquet pour l’aider. Il prit une profonde inspiration puis commença à tousser violemment, lâchant la cigarette.


« Merde ! Je voulais au moins mourir comme un dur à cuire, mais mon corps n’aide pas. »


Un soldat prit la cigarette et la rendit à Min Won-hoo.


« Vous tous crevez d’une mort au moins aussi ‘Sugoi’ que la mienne. »


Min Won-hoo sourit au reste des soldats.


Joon-young a répondu,


« Tu le sais pas vrai ? »

« Quoi ? »


« Sugoi est japonais. »


Min Won-hoo ricana à ces mots, puis fit un sourire. On ne pouvait voir aucune trace de regret sur son visage.

« Hé … C’était marrant de servir avec toi. »


« Ah, je me suis bien marré aussi. »


« Kuku, j’attendrai. »


« Je te rejoins bientôt. »


Bang !


Joon-young remit le pistolet dans son support. Des obus, des coups de feu et des cris résonnaient tout autour d’eux, mais il n’y avait que le silence là où Joon-Young se tenait.


« Nous battons en retraite. »


« Pour aller où, monsieur ? »


Joon-young sourit à cette question et pointa vers le ciel. Un rayon de soleil pouvait être vu juste au-delà.


« Nous courrons vers le soleil. »


Alors que ses hommes restaient confus, Joon-young les gronda.


« Je jure que cette guerre a rendu les enfants plus stupides encore. Comment peuvent-ils ne pas comprendre cette blague ? »


« … »


Pendant un moment, ces soldats semblaient sur le point de tuer Joon-Young.

« Nous allons là où se cachent les plus hauts gradés. Ça devrait toujours être sûr là-bas. Enfin, jusqu’à ce que ça devienne notre tombe. Mais il vaut mieux vivre même une seconde de plus, non ? »

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