Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 33
Marchand Itinérant
Traducteur : Team Yarashii
Le lendemain matin, nous allâmes chez la tailleuse, et cette otaku nous attendait sur le pas de la porte, arborant un franc sourire.
— Cela m’a pris toute la nuit, mais j’ai terminé ! Je pense que vous allez apprécier.
Elle était restée debout toute la nuit, mais conservait toute sa gaieté, même sa démarche était sautillante. Elle se hâta derrière le comptoir et revint avec les nouveaux vêtements de Filo dans les mains.
C’était tout simplement une robe une-pièce blanche, mais avec un grand ruban bleu sur le devant, au centre. Il y en avait d’autres plus petits ici et là pour agrémenter la tenue. Un seul coup d’œil suffisait à affirmer que c’était du bel ouvrage, ayant profité pleinement du matériau d’origine.
Il dégageait cette impression que « le plus simple était le mieux », que c’était un vêtement qui choisissait son porteur.
— Mon Maître ! Je suis censée enfiler ça ?
— Oui.
— Ouais !
Elle se débarrassa de ma cape et demeura là, toute nue.
— Arrête ça.
— Mais…
Raphtalia l’interrompit et la conduisit à l’arrière de la boutique.
— Bien, essaie donc de te transformer.
Je pus entendre la voix de la tailleuse résonner dans la pièce.
— Pourquoi ?
— Sinon, ce ruban te mangera.
— Oh non !
Étrange menace.
— D’accord !
Je perçus un gros bruit lors du processus, puis…
— Oui… je savais que ça rendrait bien.
Elle parut assez satisfaite d’elle-même.
— Bien, allons-y !
— Ouais !
Les filles revinrent dans la pièce, et je vis enfin la nouvelle tenue de Filo.
C’était déjà une fille toute mignonne, alors ces vêtements-là accentuaient d’autant plus son côté angélique.
Elle portait cette robe une-pièce, avec ses ailes blanches et ce grand ruban bleu sur sa poitrine comme touche finale.
On dirait la petite héroïne angélique d’un jeu en 2D !
— Mon Maître ?
— Hein ?
— Tu me trouves comment ?
— Ça te va très bien.
Cette otaku savait y faire. Qui d’autre aurait pu avoir une idée de vêtement qui se marie aussi bien avec l’apparence et les spécificités de Filo ?
— Hé hé.
Filo paraissait vaguement embarrassée, mais elle jouait avec le bord de sa robe et tournait sur elle-même.
Nous quittâmes la boutique, et décidâmes de retourner à Riyute. Pour cela, il fallait que Filo tracte notre attelage. Quand elle se transformerait, ses vêtements disparaîtraient, mais le ruban resterait tel un collier autour de son cou.
Ces habits étaient chers, mais il avait fallu beaucoup de réflexion pour les créer.
— Oh, Héros Porte-Bouclier !
Nous étions sur le point de quitter la capitale lorsque nous croisâmes la route de la sorcière de l’échoppe de magie.
— Êtes-vous en route pour Riyute ?
— Ouais.
— Moi de même. Puis-je me joindre à vous pour le voyage ?
Elle souriait.
Nous y allions aussi, et elle avait déjà fourni beaucoup d’efforts pour nous aide, je ne voyais donc aucune raison de refuser.
— Je ne garantis pas que ce sera un trajet reposant, mais vous êtes la bienvenue à bord.
— Je suis bien montée dedans il y a deux jours, vous savez.
— Oh oui, c’est vrai.
Raphtalia avait appris à lutter contre son mal des transports en fixant l’horizon.
— Merci, Héros.
La sorcière grimpa à bord de la charrette.
— Allez, Filo ! Vas-y, mais en douceur.
— D’accord !
Tous les passants s’arrêtaient pour regarder Filo quand nous passions à côté. Ils n’étaient probablement pas habitués à voir un monstre doué de parole. Nous avançâmes lentement dans la rue, au rythme de Filo frappant le sol de ses pattes.
J’avais l’impression que les derniers jours avaient été bien remplis. Je voulais dire, tous les jours semblaient l’être, mais, récemment, j’avais le sentiment qu’ils l’étaient encore plus. Et, en y réfléchissant, tout ceci était la faute de Filo.
Quant à la sorcière… Eh bien, je désirais apprendre la magie, mais si je lui demandais dès maintenant, je ne pouvais pas être certain de sa réponse.
Et je me sentais coupable de ne pas étudier aussi assidûment que je le devrais.
Elle nous avait donné ces livres, je comptais donc bien lui rendre cet élan de gentillesse en les lisant tous. Oui, j’allais devoir y consacrer plus de temps dès que possible.
Je ne connaissais pas tous les secrets de ce monde comme les autres Héros. Alors, j’apprenais constamment de nouvelles choses. Quand bien même, il me fallait donner une priorité particulière à l’apprentissage du système d’écriture et à la compréhension des recettes que j’avais reçues. Sans cela, ce serait du gâchis.
— Hmm… c’est si léger.
Filo bâillait tout en marchant, et elle commençait à se murmurer à elle-même.
Il y avait trois personnes dans cet attelage, et elle se plaignait que ce n’était pas assez lourd ?
C’était une bonne chose. J’avais déjà une idée que je souhaitais mettre en œuvre… et j’allais avoir besoin de Filo.
À notre arrivée à Riyute, la sorcière me tendit 25 pièces d’argent.
— C’est pour quoi ?
— Le voyage.
— Oh… merci.
Peut-être pourrions-nous gagner un peu d’argent avec cette technique.
Riyute était toujours concentré sur la reconstruction. Je passai à l’auberge et le propriétaire des lieux nous salua amicalement.
— Bien, commençons par l’entraînement de Raphtalia sur son mal des transports. Aussi connu sous le nom du « service de livraison de bois ».
Nous avions accepté d’aider au transport du bois en échange de viande.
— Pardon ?
Raphtalia sembla irritée. Une fois encore, elle allait devoir combattre ce mal toute la journée.
— Nous allons être emmenés ici et là par Filo à partir de maintenant, alors tu ferais bien de t’y habituer.
— Pfff. Très bien.
— D’accord !
— Filo, c’est toi qui assureras toute la traction de l’attelage.
— D’accord !
Apparemment, les Filoliaux appréciaient vraiment ce type d’activité. Ses yeux brillaient à tel point son excitation était palpable.
— Hmm… avez-vous un plan en tête ?
— Oui. Je pensais devenir marchand itinérant. Le gouverneur local me l’a suggéré.
— Un marchand itinérant ?
— Ouais. On n’a pas beaucoup de produits, mais je me focaliserai sur les remèdes et le transport. On peut couvrir une large zone.
— Hmm…
Raphtalia ne parut pas très emballée. Pour être honnête, je ne montrais pas une confiance débordante dans ce projet. Cependant, nous allions de toute façon voyager, alors cette idée me semblait naturelle.
— Ce qui signifie que, si on se met à transporter des choses, Filo va devoir courir assez vite. Je ne peux pas te laisser être malade tout le temps.
— Je comprends bien, mais…
— Allez, c’est bon. Je connais un bon coin tranquille pour débuter en douceur. Tu t’y feras depuis cet endroit.
— Ah vraiment ?
— Oui.
Ce fut ainsi que, en ce début de labeur, je plaçai Raphtalia là où elle ne serait pas malade… sur le dos de Filo.
— Mon Maître, je peux vous porter où vous voulez quand vous voulez, mais pourquoi elle ?
Filo grommela tandis que Raphtalia lui grimpait dessus.
— Pareil pour moi. C’est très embarrassant.
Quand Filo était sous sa forme de Reine des Filoliaux, elle ressemblait à une chouette géante, s’asseoir sur elle avait donc l’air un peu ridicule.
— T’es à l’aise ?
— Oui, ça va !
Peut-être parce qu’elle était sous sa « vraie forme », Filo paraissait extrêmement contente.
— Bien, allons-y !
— Ouais ! Je vais vraiment t’aider ! Je vais être aussi utile que Raphtalia !
— Ce n’est pas une compétition !
— Mais je ne perdrai pas !
Filo, portant Raphtalia sur son dos, commença à tirer l’attelage.
Avec le poids combiné de la charrette et des passagers, cela devait être assez lourd, mais pas assez pour elle, visiblement. Mais pour quoi est-ce qu’elles se battaient ? Je passai tout le trajet à lire, étudiant le système d’écriture et tentant de traduire le recueil de recettes intermédiaires.
*Tap* *Tap*
*Tap* *Tap*
Le son régulier des pattes de Filo martelant le sol était une excellente mélodie pour s’absorber dans le monde savant et ardu des caractères et du langage de ce monde. Soudain, je les entendis…
— Pourquoi ? Pourquoi cette forme ?
— Hein ? Parce que je veux que mon Maître soit satisfait !
*Tap* *Tap*
— Il se mettra juste en colère. Tu ferais mieux d’arrêter.
— Mais, mon Maître… mon Maître aime les gens comme toi, non ?
Pardon ? Je relevai les yeux pour voir que Filo était repassée en forme humaine, Raphtalia toujours perchée sur elle. Cette dernière avait l’air dans une position très inconfortable, et elle s’adressait à Filo, tentant de la persuader de reprendre son apparence originelle.
Quelques aventuriers qui passaient par là pointèrent leur doigt dans notre direction, se mettant à converser entre eux à voix basse.
— Arrête ça tout de suite ! Les gens commencent à cancaner !
Je pouvais déjà entendre les rumeurs qui allaient suivre. J’avais acheté une esclave pour la mettre sur le dos d’une petite fille, les forçant toutes deux à tracter mon attelage. Voilà qui ne m’apporterait rien de bon.
— Vraiment ? Quel est le problème ?
— Ne tire pas cette charrette en tant qu’humaine.
— D’aaaaccord.
Elle secoua la tête d’un air déçu et repassa en Filolial. Elle devait sûrement s’ennuyer, ou quelque chose du genre.
Raphtalia n’était toujours pas malade, c’était une bonne nouvelle. Il était temps d’accélérer un peu la cadence.
— Bien, Filo ! Passe la vitesse supérieure.
— Ouais !
Raphtalia laissa échapper un cri et se recroquevilla en saisissant fermement les plumes de Filo.
Nous devrions pouvoir arriver à destination plus rapidement.
Nous passâmes les heures suivantes à pratiquer ces exercices de contrôle du mal des transports de Raphtalia.