Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 48
Un décret royal
Traducteur : Team Yarashii
Pour obtenir cette promotion de classe, il fallait nous rendre auprès du Sablier du Dragon.
— Ah, j’y pense. Il paraît qu’avec ça, tout un tas de possibilités s’offrira à nous. Qu’est-ce que tu souhaites faire, Raphtalia ?
— Ce que vous me demanderez.
— Arrête ça. Raphtalia, tu devrais décider par toi-même.
J’avais déjà joué à un jeu qui nous laissait choisir entre la voie du côté lumineux et celle du côté obscur après un changement de classe particulier. Tout l’intérêt de la chose était de proposer au joueur de s’orienter dans la direction qu’il désirait.
— Quand les vagues seront terminées et que je serai reparti dans mon monde, tu seras toujours là, sans moi. J’ai besoin que tu deviennes assez forte pour survivre sans ma présence.
— Pardon ? Allez-vous me laisser seule, M. Naofumi ?
— Ouais.
Je ne me sentais pas spécialement attaché à ce monde. J’avais aidé quelques personnes et rassemblé un groupe d’amis, mais cela suffirait-il à sauver le monde ? Si je ne me plaisais pas ici, je ne voyais aucune raison me poussant à rester.
— Vous ne m’emmèneriez pas ?
— Où ça ?
Qu’est-ce qu’elle racontait ? Si une fille comme Raphtalia venait dans mon monde, elle attirerait bien trop l’attention.
— Filo pourrait m’y emmener. Où est-ce ?
— Je ne pense pas qu’elle en soit capable.
— Vraiment ?
— Changeons de sujet. Filo, qu’est-ce que tu veux faire après la promotion ?
— Je veux… euh… apprendre à cracher du poison !
— …
En voilà une demande singulière. Qu’est-ce que ce maudit piaf voulait encore ?
Était-ce parce que nous avions combattu récemment un bon paquet de monstres de type poison ? Filo se disait-elle que c’était quelque chose de stylé ?
Comme chez la BioPlante ou le Dragon Zombie ?
— Tu en craches déjà, du poison.
Je voulais simplement dire qu’elle n’avait pas la langue dans sa poche. Elle passait son temps à raconter tout ce qui lui passait par la tête sans jamais réfléchir au contexte.
— Vraiment ?
Elle réduisit ses lèvres à une fente et souffla avec force.
— J’ai réussi ?
— Tu m’as mal compris. Bref, qu’importe, allons-y.
Nous tournâmes nos pensées vers la cérémonie de promotion qui approchait à grands pas et nous mîmes en route en direction du Sablier du Dragon, le cœur bondissant.
Le Sablier du Dragon était situé bien en vue au centre de la capitale. L’observer depuis le sol était plutôt impressionnant, et c’était également un endroit très ensoleillé, avec une foule de gens venant régulièrement déambuler l’après-midi.
Tandis que je réfléchissais à notre destination, nous y arrivâmes sous peu.
Comme d’habitude, un lourd silence solennel nous accueillit à l’intérieur.
— Vous devez être le Héros Porte-Bouclier.
Et comme la dernière fois, une sœur peu aimable vint à notre rencontre.
— Ouais.
— Et que nous vaut ce plaisir ?
— On voudrait passer la cérémonie de promotion de classe.
— Dans ce cas, nous allons devoir vous réclamer quinze pièces d’or chacun.
Quinze pièces d’or ? Elle avait perdu l’esprit ? Comment pouvait-on fixer un prix aussi élevé ?
La sœur demeura calme et immobile, bien que ses yeux se firent moqueurs.
Attendait-elle que nous refusions pour cause de manque d’argent, afin de pouvoir nous rire au nez ?
— Vous avez dit quinze pièces d’or chacun ?
Avec Raphtalia et Filo, nous n’avions pas assez.
Cependant, il restait encore du temps avant l’arrivée de la prochaine vague, nous avions donc la possibilité de nous concentrer sur nos finances pour avoir la somme requise dans le temps imparti.
— Raphtalia, tu passes la première.
— Quoi ? Juste elle ?
— On n’a pas assez d’argent, et on ne peut pas y faire grand-chose. Tu pourras passer la cérémonie la fois d’après, alors reste sage. Je t’offrirai une friandise en revenant.
Elle soupira avec ostentation pour manifester son mécontentement.
Avec son nouveau coup d’éclat sur Motoyasu, je comptais la récompenser, de toute manière. Cela tombait à pic.
Je pris un sac contenant quinze pièces d’or, la part de Raphtalia, et le tendis à la sœur.
Son visage vira soudain au rouge, et elle courut récupérer des documents posés sur le bureau à l’entrée de la pièce.
— Le Héros Porte-Bouclier a l’interdiction de passer la cérémonie de promotion de classe.
— Quoi ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
— C’est un décret royal. Le Héros Porte-Bouclier et son groupe ne peuvent accéder à la promotion de classe.
Ce Sac à merde ! Il avait vraiment le chic pour me foutre en rogne !
Tout d’abord, ils avaient établi un prix illégal et, dans l’hypothèse où je réunirais la somme demandée, ils s’étaient couverts avec ce décret d’interdiction !
Mais foutez-moi la paix, bon sang !
Sans cela, que pouvais-je faire ?
Pourquoi devrais-je combattre si l’on m’empêchait de changer de classe ? Était-ce une sorte de « New Game + » pour les joueurs les plus aguerris ?
— Lâchez-moi la grappe, sérieux !
— Telle est la règle. De plus, le Héros Porte-Bouclier a, depuis le tout début… Oh, oubliez cela.
— Depuis le tout début QUOI ?
Mon attitude attira l’attention de plusieurs chevaliers qui s’étaient contentés de rester adossés au mur du fond jusqu’alors.
— Pff ! Bon, d’accord…
Je mis toute ma force dans mes jambes et partis le plus bruyamment possible de la pièce.
J’aurais dû passer davantage de temps en compagnie de la plus jeune des princesses. Et si elle avait réellement voulu m’aider ?
Elle était première sur la liste des héritiers au trône, et si elle désirait sincèrement être de mon côté, elle aurait pu être capable de faire quelque chose au sujet de cette règle débile.
Et puis, s’ils faisaient tout pour m’empêcher de passer cette cérémonie, cela me fournissait un bon prétexte pour aller la voir.
— Qu’est-on censés faire, désormais ? me murmura Raphtalia.
Elle paraissait remontée. Et il y avait de quoi. C’était un problème capital.
— Hé ! C’est quoi, ce gros sablier ? Je veux le voir de plus près !
— Du calme.
Je décidai d’aller consulter le menu d’aide.
Je trouvai la section dédiée à la promotion de classe. Je ferais bien de la lire.
La promotion de classe est une cérémonie élargissant le champ des possibles pour l’ensemble du groupe d’un Héros.
La cérémonie a lieu dans la salle du Sablier du Dragon.
Nous vous suggérons d’attendre qu’une étoile apparaisse près de votre nom avant de la tenter.
Le potentiel de croissance d’un Héros ne connaît aucune limite.
Le potentiel de croissance d’un Héros ne connaît aucune limite ? Cela devait signifier que j’étais le seul capable de dépasser le niveau 40, non ?
Mais… c’était une très mauvaise nouvelle !
Si Raphtalia et Filo étaient dans l’impossibilité de changer de classe, elles se retrouveraient dans une situation périlleuse au moment de se battre, ce qui nous laisserait sans aucun moyen d’attaquer.
— On ne peut rien faire pour l’instant. On reviendra plus tard.
Ce n’était pas si grave. De toute façon, je n’avais pas prévu d’autres sessions de montée de niveau d’ici la prochaine vague. Nous aurions tout le luxe de nous en inquiéter après.
Peut-être que nous croiserions un aventurier ou deux qui auraient sur eux un certificat autorisant son porteur à passer la cérémonie. Je pourrais leur confier Raphtalia le temps qu’elle achève sa promotion avec eux, par exemple.
Nous avions encore de l’argent à dépenser. Nous allions bien réussir à trouver quelque chose.
Toutefois, je me rappelai un point important : le marchand d’esclaves possédait des individus qui dépassaient le niveau 40. Je voulais passer le moins de temps possible avec lui, mais il semblerait que je n’aie guère le choix.
— Très bien, allons voir l’esclavagiste.
Filo parut soudainement terrifiée.
— Tu vas me vendre ?
— Mais non, détends-toi.
Je la vis renifler, mais elle sembla se calmer, et nous nous dirigeâmes vers le fameux chapiteau. J’étais tout de même d’humeur massacrante. Dès que cela m’arrivait, je fermais les yeux et tentais de repenser au visage de Motoyasu juste après avoir reçu le coup de Filo. Cela suffisait pour que je me sente mieux.
— M. Naofumi, vous arborez un sacré sourire, dites-moi !
Raphtalia ne savait jamais quand la mettre en veilleuse. Qu’y avait-il de mal à rire sous cape de temps à autre ?