Yondome Wa Iyana Shi Zokusei Majutsushi – Chapitre 69

 


Chapitre 69 : Prendre une décision sur la vie de quelqu’un dans le premier village

En suivant l’équipe de Kasim, Vandalieu se dirige vers le village depuis lequel il travaille, le septième village agricole.

« Un village agricole dans un lieu comme celui-ci ? » demande Vandalieu surpris. Il y a une ville en ruine dans le sud et même une mine encore plus loin.

Fester est lui-même surpris à la question de Vandalieu. « Je n’ai jamais entendu parler d’une ville », dit-il. « Si tu vas dans le sud depuis le village, il n’y a qu’une montagne abrupte avec une mine qui fonctionne grâce aux esclaves. Il y a cependant un autre duché une fois que tu passes cela. »

« Non… j’ai déjà entendu parler d’une ville dans ce coin, mais il y a 100 ou 200 ans », dit Karim. « Ne serait-ce pas la ville dont Vandalieu parle ? »
« Ah, je vois. Il a dit qu’un de ses parents était un vampire, pas vrai ? Je suppose que ce ne serait pas étrange s’il lui en a parlé », dit Fester.

Il semble que le duché Hartner a commencé à s’appauvrir dans les deux cents dernières années.

« Mais pourquoi une telle chose est arrivée ? », demande Vandalieu.

Les aventuriers le regardent en ayant l’air perplexes.

« Désolé, nous ne sommes pas suffisamment éduqués pour te répondre. Chaque duché est son propre état, comme une sorte de pays dirigé par les nobles qui y vivent. Et donc les personnes comme nous ne connaissent pas les histoires des autres duchés », dit Zeno.
« Êtes-vous originaire d’autres duchés ? », demande Vandalieu.
« Ouais, c’est une histoire assez longue. C’est une histoire triste à raconter et à écouter », commence Fester.
« Je lui dirai, Fester », dit Zeno. « D’abord, en ce qui concerne la ville qui a disparu. Je vais te dire ce que nous savons. »

D’après les explications de Zeno, la cause de l’abandon de la ville est Talosheim.

Cette ville a été construite comme un relais commercial avec Talosheim, et quand le commerce s’est arrêté, la production de la ville a diminué au point qu’il était difficile de la maintenir en place.
En même temps, la production de la mine au sud a diminué. Puisque des profits étaient impossibles en employant des gens, ce sont des esclaves qui les ont remplacés.

Puisque les gens qui travaillaient à la mine sont devenus des esclaves incapables d’avoir un salaire à dépenser dans la ville, le duc Hartner de l’époque, qui venait d’être appointé à ce poste il y a seulement quelques années, a ordonné que la ville soit abandonnée à cause de son manque de profit.

Vandalieu est étonné qu’ils aient volontairement abandonné une ville entière. Il semble que les sociétés féodales font bien tout ce que l’on demande. Au Japon, il y aurait définitivement eu des disputes avec une décision pareille.

[Mais qu’est-ce qui est arrivé à la première princesse ?]

Le nom de la première princesse de Talosheim, Levia, n’apparaît pas dans l’histoire de Zeno. Peut-être qu’il n’en a pas parlé car elle n’a rien à voir avec la ville.

[Cela me dérange, mais je suppose que ce serait étrange de poser la question maintenant.]

Alors que Vandalieu pense cela, l’histoire de Zeno fait une ellipse pour arriver à des événements plus récents.

« Récemment, il y a cinq ans, l’empire Amid a attaqué », dit-il. « Le plus gros de la partie nord du duché de Sauron a été occupé. C’est de là d’où nous venons. »
« Nous sommes ce qu’on appelle des réfugiés », dit Fester. « Les types de l’empire se sont apparemment tenus tranquilles dans les villes et les grands villages agricoles, mais dans les petits villages comme les nôtres, ils faisaient tout ce qu’ils voulaient. Mon plus vieux frère a essayé de sauver sa fiancée, et tous les deux ont… »
« Fester, ce n’est pas le genre d’histoire que tu devrais raconter à un enfant aussi jeune, tu sais ? »

C’est la guerre entre l’empire Amid et le royaume d’Orbaume dont Vandalieu a déjà entendu parler. Vandalieu a l’impression de finalement comprendre la situation.

« Bon, de toute façon, nous sommes des réfugiés qui sont partis du duché de Sauron pour venir directement ici dans le duché Hartner », dit Zeno pour résumer. « Quand le conflit d’origine s’est arrêté, le deuxième fils du duc actuel, le prince Belton, a commencé un projet agricole pour aider les réfugiés. C’est pour cela que nous sommes capables de vivre dans le septième village agricole avec nos familles. »
« Mais le village n’est pas exactement prospère, donc nous sommes devenus des aventuriers trois ans après la création du village et nous sommes allés en ville », dit Kasim.
« Je vois », dit Vandalieu. « Je suis sûr que cela a dû être difficile. »

Commencer un projet agricole pour aider des réfugiés ne semble pas être une mauvaise idée aux yeux de Vandalieu. Contrairement à la Terre, il y a bien assez de terres non occupées pour cela. La zone alentour en particulier n’a pas de nid du diable et même si des monstres apparaissent, ils sont de rang 2 au maximum. Il n’y a rien d’autre qu’une mine et ses esclaves à la fin de la grande route, donc il n’y a pas non plus de bandits.

… Vandalieu a annihilé une meute de gobelins et un roi gobelin la veille, mais quelque chose de ce genre est probablement considéré comme une catastrophe naturelle ici.

Kasim et ses compagnons étaient confus à cause de l’apparition d’un gobelin barbare, qui n’apparaît normalement pas sur la grande route. Mais il n’y a aucun doute qu’il y a un lien avec le roi gobelin. Le groupe de gobelins était probablement des éclaireurs partis à la chasse.

« Je suppose… », dit Kasim. « Les soldats nous ont emportés jusqu’ici, ils ont montré le sol et ont dit “construisez un village ici”, donc nous avons fait des champs, construit des puits et des maisons… »
« Ils ont protégé le village des bêtes et des monstres jusqu’à ce qu’il soit fini, ils nous ont prêté des tentes et des couvertures et, bien qu’il n’y avait pas beaucoup de nourriture et qu’elle n’était pas bonne, ils ont partagé avec nous », dit Fester. « Nous sommes aussi exempts des taxes pour cinq ans, mais c’était dur jusqu’à maintenant. »

En les entendant parler, Vandalieu réalise qu’ils ont vécu bien plus de moments difficiles qu’il ne l’imaginait. Bien qu’ils aient reçu des terres, de la nourriture et qu’ils aient été protégés, ils ont quand même eu à construire tout un village.

« Hey, c’est toujours mieux que de souffrir et de chercher du travail tous les jours dans les taudis, pas vrai ? Tu vas finir par être puni si tu te plains trop », dit Zeno.

D’après ce qu’il dit, le village reste plus agréable que d’autres possibilités.

« Et je suis sûr que cet enfant est passé à travers des choses bien plus difficiles que nous », continue Zeno. « Désolé que ces gars soient aussi inconsidérés. »
« Pas du tout, ne vous inquiétez pas », dit Vandalieu. « Grâce à ma mère et d’autres personnes, je n’ai pas eu trop de difficultés pour manger jusqu’à maintenant. »

Il fut un temps durant lequel il avait tellement peu de nourriture qu’il était obligé, pour ne pas mourir, de manger de la soupe de vers de terre, mais c’est difficile de leur en parler.

Après cela, Vandalieu a marché pendant trois heures de plus en écoutant les histoires sur l’école des aventuriers et sur le duc Hartner avant de finir par arriver au village.

Le septième village agricole a une population de trois cents habitants. Il est est considéré comme d’une petite ou moyenne taille dans Lambda.

Il y a plus de villageois humains que d’autres races, puisqu’ils constituent environ la moitié de la population du village. Parmi l’autre moitié, il y a des hommes bêtes, des nains et des titans. Les elfes, elfes noirs et draconiens ont une longue espérance de vie et des cultures uniques, donc ils forment plus souvent des groupes avec les autres membres de leur race. À cause de cela, bien qu’on puisse en trouver dans les villes, il n’y en a pratiquement aucun dans les petits villages.

Cela s’applique même après qu’ils soient devenus des réfugiés, donc les elfes noirs et les draconiens du duché de Sauron se sont apparemment rapprochés de groupes de membres de leur race.

Et les titans de ce village sont ceux qui vivaient dans le duché de Sauron, donc ils n’ont aucune relation avec Talosheim.

Les maisons dans le village sont toutes d’un seul étage et n’ont pas été construites pour être très solides, mais en considérant qu’elles ont été construites à la main par les villageois, elles sont de bonnes factures.

D’ailleurs, c’est apparemment le village agricole le plus peuplé parmi les six villages agricoles de la région.

« D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il n’y a que six villages alors que c’est le septième village ? », demande Vandalieu.
« Le premier village agricole ne faisait aucun profit et il s’est transformé en village fantôme », explique Kasim.
« Ils ont vraiment essayé en plus. La source d’eau la plus proche s’est tarie et apparemment il n’y avait pas d’eau dans les puits », dit Zeno.

La vie dans les sociétés humaines de ce monde est vraiment difficile.

« D’abord, dépêchons-nous et échangeons ces oreilles pour de l’argent. »

En disant cela, l’équipe de Kasim emmène Vandalieu dans le seul magasin du village… qui sert de magasin, bar, hôtel et guilde des aventuriers. C’est un magasin touche à tout.

Il semble qu’il est impossible de s’en sortir dans ce village sans être polyvalent.

Cependant, à en juger par le fait qu’aucun villageois ne fait attention à Vandalieu, il est probablement commun que des voyageurs passent dans le village.

Vandalieu a cependant trouvé quelque chose qui le dérange plus que les réactions des villageois, un petit autel contenant une pierre avec le symbole sacré de Alda gravé dessus. Il dirige son attention dessus, mais…

« UWAH! Kasim, il y a quelque chose derrière toi ! »

Le vendeur parle de Vandalieu en tant que « chose » en le pointant du doigt.
« … Bonjour. » En essayant de ne pas se décourager, Vandalieu le salut.
« Hyih ?! Ça parle ?! Que quelqu’un appelle un prêtre ! »

N’est-ce pas trop cruel, même venant d’un village isolé à la campagne ?

« Attends, Oyaji-san. Cet enfant n’est pas un fantôme ! »
« Même s’il n’en a pas l’air, il est vraiment vivant ! »
« Nous pouvons tout expliquer ! Calme-toi et écoute ! »

L’équipe de Kasim attrape rapidement le vendeur et le ramène dans le magasin de façon assez brutale en considérant qu’ils essayent de le calmer.

Les paroles de Kasim et de ses compagnons font réaliser à Vandalieu que sa présence est aussi fine que l’air pour ceux qui ne sont pas affectés par son charme de l’élément mort.
Il semble que la raison expliquant pourquoi les villageois n’ont rien dit à Vandalieu, c’est simplement parce qu’ils ne l’ont pas remarqué.

« Désolé à propos de mon père. Il aime dire des choses stupides », dit Lina, une employée de la guilde des aventuriers et fille du vendeur du magasin touche à tout.

C’est une fille de village modeste et brillante travaillant pour la guilde… enfin pas vraiment. C’est une villageoise qui a passé l’examen pour devenir une employée de la guilde des aventuriers.*

(* : C’est une fille normale comparée au cliché habituel dans ce genre de cadre)

Que les aventuriers soient présents ou non influence grandement la longévité d’un petit village de ce genre, il était donc nécessaire de construire un lieu où ils peuvent rester, même s’il s’agit simplement d’une petite chambre dans le seul magasin du village.

« Pas du tout, je suis habitué », dit Vandalieu.

C’est un mensonge éhonté. Mais même si le choc d’être traité ainsi résonne encore dans la tête de Vandalieu, cela ne s’affichera pas sur son visage.

« Vraiment ? Dans ce cas, je suppose que ce n’est pas grave, mais je suis quand même vraiment désolée pour cela », dit Lina alors qu’elle regarde le visage de poupée de Vandalieu. Même si elle s’excuse une fois de plus, elle décide de mettre cela de côté sans remarquer les émotions de Vandalieu.

« Passons à autre chose… Lina, échange cela pour de l’argent », dit Fester.
« Oui, oui. Umm… Ce sont des soldats gobelins et un gobelin barbare ?! C’est incroyable que vous ayez réussi à les tuer ; n’êtes-vous pas de classe E ?! » demande Lina en étant étonnée.
« Non, celui qui les a battus est – » commence Fester.
« Fester, nous parlerons de cela plus tard », dit Kasim. « Faisons juste l’échange d’abord. »
« Oui, tu as raison. Umm… »

Lina fait les calculs assez lentement, et ensuite elle commence à faire le compte de pièces d’argent et de bronze. Il semble que les employés de la guilde dans les villages soient plus des sortes d’employés à mi-temps que de vrais employés, donc on ne s’attend pas à ce qu’ils soient particulièrement efficaces.

D’ailleurs, puisque l’équipe de Kasim est la seule dans le village, elle ne travaille à ce poste qu’une fois tous les quelques jours.
Mais Vandalieu remarque quelque chose d’autre.

[Je viens juste de le remarquer, mais comment est-ce que la guilde des aventuriers reconnaît quel genre de gobelin a été tué en utilisant uniquement les oreilles ?]

Les oreilles servent de preuve de l’extermination des gobelins. Même Vandalieu peut dire à la forme et à la couleur que ce sont des oreilles de gobelins, mais si on lui demande le type de gobelin, il serait incapable de répondre.

Il serait capable de comprendre pour des cas comme celui du roi gobelin dont le physique est tellement différent des autres gobelins qu’il est difficile de croire qu’ils sont de la même race. Mais les soldats et mages gobelins, qui ne sont pas différents des autres gobelins habituels et qui ont uniquement un équipement ou des objets décoratifs différents, sont impossibles à reconnaître juste en regardant les oreilles.

Alors comment fait-elle pour les différencier ? Est-ce que l’incantation d’analyse est faite pour chaque oreille, ou est-ce que les compétences comme analyse de monstre et preuve d’extermination sont apprises à la guilde ?

« La preuve d’extermination de quatorze soldats gobelins et d’un gobelin barbare donne la somme de 400 Baums. Les pierres magiques font 380 Baumes, donc le total est de 780 Baums », dit Lina.

Alors que Vandalieu s’apprêtait à poser ses questions sur les oreilles de gobelins, l’échange monétaire se termine.

780 Baums. Si un seul Baum vaut cent yens, cela reviendrait à 78 000 yens*. Pour Vandalieu, cette quantité d’argent ne semble pas être suffisante pour se battre et risquer sa vie. Mais il sait aussi que c’est seulement parce qu’il vient de la terre et du japon qu’il pense cela.

(environ 473 €)

« Diviser pour chacun de nous, cela revient à 260… Oui ! », dit Fester en levant le poing en l’air triomphalement.
« Grâce à cela, nous allons pouvoir nous reposer un moment », dit Zeno en soupirant de soulagement.

À en juger par leur réaction, Vandalieu arrive à comprendre que 260 Baums est une paye suffisante pour eux.

« Quelle est la valeur de cette somme ? », demande-t-il.
« Ah, 260 Baums ? Voyons voir… Si tu travailles dans les bas quartiers avec un des meilleurs travails disponibles, tu pourrais gagner 260 Baums après environ vingt-six jours », explique Zeno.

Il semble que quelqu’un aurait besoin d’avoir suffisamment de chance pour trouver un travail quotidien et travailler sans se reposer pendant 26 jours pour gagner 260 Baums.

Cependant, il n’y a probablement pas d’assurance ou de protection sociale contre les maladies et les blessures. De plus, trouver du travail chaque jour n’est pas garantie. En considérant cela, être capable de gagner autant en une journée vaut peut être de risquer sa propre vie.

« Mais, si nous avons un peu de marge grâce à cet argent, c’est aussi grâce à Oyaji-san qui nous permet de rester ici gratuitement », continue Zeno.
« En effet, nous aurions des problèmes sans aventuriers, même si ceux-là font de l’œil à ma fille », dit Oyaji-san en joignant la conversation. « Désolé pour tout à l’heure », dit-il à Vandalieu. « Si tu restes ici, ce sera gratuit comme pour eux, donc, excuse-moi Ojou-chan.* »
(* : peut se traduire par “jeune fille” ou “mademoiselle”)

Il s’excuse avec une expression amicale qui lui donne l’air d’être une personne complètement différente.
Cela lui convient, mais…

« Oyaji-san ! Je ne fais pas du tout de l’œil à Lina – » commence Fester.
« Quoi Fester ?! Est-ce que tu es en train de dire que ma fille ne satisfait pas tes goûts ?! », demande le vendeur. « Et qui est-ce que tu appelles Oyaji-san !? »
« Arrête ça Papa ! », dit Lina.
« … Umm, je suis un garçon », dit Vandalieu.
« Eh ? »

Étrangement, tout le monde ici a l’air d’être surpris de la nouvelle.
Vandalieu a bien senti un choc culturel en entrant en contact avec une société et une culture différente de la sienne.

[Mais le choc causé par la façon dont les sociétés humaines de Lambda me traitent est assez particulier.]

Vandalieu ne peut pas imaginer qu’il puisse avoir une présence aussi faible et proche d’un fantôme. Et plus important encore, c’est la première fois qu’il réalise que son apparence est telle qu’il peut être pris pour une fille.

Il y a aussi des fois où des enfants goules se sont trompés sur son sexe, mais il pensait que c’était simplement parce que les hommes goules ont des têtes de lion.

Les autres compagnons de Vandalieu ne se sont jamais trompés jusqu’à présent.

La vérité est que les goules et les titans morts-vivants ne le savent que parce que Vandalieu utilise le pronom ore* pour parler de lui et parce que Sam et ses filles le nomment Bocchan. Ce n’est pas comme s’ils savaient qu’il était un garçon à sa seule apparence.
(* : se traduit par “je” ou “moi”, mais pour les hommes)

De façon similaire, les autres n’ont déterminé son sexe que par le pronom ore, le fait qu’il soit surnommé roi, par son comportement masculin et grâce à d’autres choses plutôt que grâce à son apparence et à son visage.

[Bon, je n’ai que sept ans. Je vais entrer dans ma deuxième période de croissance. Une fois que ma voix changera, je vais avoir plus de pilosité faciale et gagner en muscle. Plus personne ne fera l’erreur], se dit Vandalieu à lui-même pour récupérer du choc.

Si quelqu’un se demande ce que Vandalieu fait à présent, la réponse est qu’il offre actuellement des sujets de conversation.

« Huh, donc cet enfant est un dhampir. C’est la première fois que j’en vois un. »
« Oh, ne ressemble-t-il pas à une poupée ? Est-ce que tu manges correctement ? »
« J’ai touché un dhampir ! »
« Héhé, je suis chanceux. »
« Hey ! Vous êtes tous grossiers ! »

Il est traité comme une sorte d’animal rare. Il semble que dans ce village agricole qui n’offre que peu de façon de se distraire, le « dhampir qu’il voit pour la première fois » est un spectacle à ne pas manquer. À cause de cela, les villageois sont tous entrés dans le magasin les uns après les autres.

C’est bien plus agréable que d’être traité comme un fantôme. Vandalieu lui-même n’est pas dérangé par ce traitement et répond poliment aux villageois qui viennent lui parler, donc les villageois ne se retiennent pas.

« Je vois, donc tu as vécu des moments difficiles, pas vrai ? »
« Ce sera difficile, mais tu dois continuer à faire de ton mieux. »

Les villageois traitent généralement Vandalieu de façon positive. Vandalieu s’était dit que ce serait le cas et qu’ils sympathiseraient avec lui en tant qu’anciens réfugiés ayant souffert eux-mêmes. De plus, ils ont assez de liberté dans ce village pour exprimer de la sympathie pour le passé des autres. Mais il y a aussi deux autres raisons.

La première est que les villageois ont vu le visage sans expression de Vandalieu et ses yeux dénués de vie, et ils ont supposé qu’il était passé à travers des moments difficiles. L’autre raison est que Vandalieu est quelqu’un pour qui exprimer de la sympathie ne leur coûte rien.

Si Vandalieu avait été un simple orphelin sans défense, peu importe la sympathie que les villageois peuvent avoir pour lui, les choses qu’ils pourraient faire pour lui seraient limitées. La plupart des villageois sont jeunes et capables de travailler pendant encore longtemps, mais malgré tout, ils ne prospèrent pas.
Pour l’instant, ils sont exemptés de taxes, mais cela s’arrêtera dans deux ans. Les villageois ne seraient pas capables de s’occuper de lui et de l’élever.

Mais Vandalieu est quelqu’un qui souhaite devenir un aventurier, et si seulement la moitié des histoires de Kasim et de ses compagnons sont vrais, il possède déjà suffisamment de force pour exterminer les gobelins. Dans une telle situation, sympathiser pour lui de cette façon et lui offrir un repas est suffisant.

Cependant, c’est un traitement bien supérieur à ce qu’il vivrait dans une ville.

« Je te jure que c’est vrai ! Ce type est arrivé par-derrière et a coupé la tête d’un gobelin barbare en un coup ! » s’exclame Fester.
« Hmm, ce n’est pas que je doute de toi », dit Lina, « mais c’est un peu trop incroyable… »
« Non, tu es en train de douter de moi ! Crois-moi Lina ! »
« Fester, nous l’avons vu nous-mêmes et nous avons du mal à y croire, donc n’est-ce pas un peu trop de demander à Lina d’y croire ? », explique Zeno.

Ils parlent derrière Vandalieu, mais puisqu’il est capable de tuer des monstres de rang 3 sans effort, ce n’est pas quelque chose qui convaincra qui que ce soit. Il reste donc silencieux.

D’ailleurs, il a vaincu le roi gobelin de rang 4 sans difficulté la veille. Tuer un gobelin barbare n’est pas un succès important en comparaison.

De plus, Vandalieu ne peut pas s’inscrire à la branche de la guilde que Lina gère seule.
Apparemment, la seule chose possible ici est d’échanger les preuves d’exterminations et d’autres matériaux. Pour pouvoir s’inscrire, Vandalieu devra aller dans une véritable branche de la guilde à l’intérieur d’une ville.

Et cela, même si Borkus et les autres lui ont dit qu’il y a deux cents ans, il était possible de s’inscrire dans des branches installées dans des petits villages.

Il semble qu’il n’y ait pas seulement le duché Hartner qui ait décliné depuis deux cents ans. La guilde des aventuriers dans le royaume d’Orbaume semble elle aussi avoir perdu en prestance.

« Cet enfant est l’enfant dhampir qui a sauvé Kasim et ses amis ? »

Deux hommes entrent en posant cette question.

Ils sont les rares séniors dans ce village de personnes jeunes. Il semble même que plusieurs années les séparent de leurs meilleures années. L’homme de devant porte des vêtements similaires à ceux des autres villageois, mais celui qui le suit porte des vêtements en coton qui ont été colorés proprement en utilisant des pigments colorés et il a un collier avec un pendentif que Vandalieu déteste autour de son cou.

« Chef, Prêtre-sama, est-ce que vous avez fini votre discussion ? », demande le vendeur du magasin.
« Oui, nous avons fini », répond le chef du village. « Plus important encore, nous devons remercier cet enfant », dit-il alors qu’il prend la main de Vandalieu en baissant la tête. « Merci d’avoir sauvé Kasim et ses amis. Même si tu es un aspirant aventurier, je suis sûr que cela a demandé beaucoup de courage pour distraire l’attention des gobelins. »

Il semble que l’histoire circulant parmi les villageois est que « Vandalieu a attiré l’attention du gobelin le plus fort pendant que l’équipe de Kasim a contre-attaqué et exterminé les gobelins. »

Vandalieu est petit comparé aux autres enfants de son âge, donc pour les villageois qui ne savent pas grand-chose sur les Dhampirs, il est probablement plus facile de croire cela que « Vandalieu a coupé la tête du commandant des gobelins en attaquant par l’arrière. »

« Je suis heureux d’avoir pu aider », répond Vandalieu, qui n’est pas très intéressé par l’idée de le corriger.

[Maintenant que j’y pense, je crois que les gens ici sont plus gentils que quiconque sur Terre.]

Vandalieu se sent touché en se disant que les humains ne sont pas si mauvais. Cependant, il y a le « Prêtre-sama » qui sourit derrière le gentil chef du village, donc il ne peut pas baisser sa garde.

« Et dire que je suis dans ce village pour prêcher et que j’ai pu rencontrer une aussi brave petite fille. C’est sans doute grâce à l’aide d’Alda. »

Le Prêtre-sama… le prêtre d’Alda parle d’un ton agréable alors qu’il touche la croix qui est le symbole divin d’Alda sur son torse et qu’il offre une petite prière de remerciement.
Le sexe de Vandalieu a une fois de plus été changé, mais il s’en moque actuellement.
« Prêtre-sama, cet enfant est un– »
« Hahaha, Chef-san, il n’y a pas besoin de s’inquiéter. Alda ne punit que le pécheur. Ceux qui agissent en bien ne seront jamais punis injustement, même si ce sont des Dhampirs. J’ai entendu que tu vivais en ermite dans une forêt ou une montagne. Tu n’as pas encore été baptisé n’est-ce pas ? Voudrais-tu que je fasse la cérémonie ? », offre le prêtre.

Il ne relâche aucune soif de sang et il ne semble pas vouloir mettre Vandalieu mal à l’aise, mais le sourire sur son visage est vide aux yeux de Vandalieu. Sa compétence Perception du danger : mort ne réagit pas non plus.

« Non merci. Bien que ce soit une cérémonie informelle, ma mère m’a baptisé au nom de Vida », répond Vandalieu. Même s’il ne s’agit pas d’un piège, il ne souhaite pas être baptisé au nom d’Alda, donc il dit un autre mensonge.
« Je vois. Quelle bonne mère. »

Avec rien d’autre à demander sur le baptême au nom de Vida, le prêtre d’Alda recule.

Le royaume d’Orbaume est une collection de petits pays qui se sont unis pour se protéger de la menace que représente l’empire Amid. Puisque qu’ils partagent une origine commune, la religion d’Alda, le dieu de la loi et du destin qui est la principale religion de l’empire… n’est pas interdite. La religion de Vida est acceptée, mais il n’y a pas de restriction sur la religion d’Alda pour autant. C’est parce qu’il y a un nombre considérable de gens dans les petites nations qui croient en Alda et ses dieux subordonnés.

Mais cette religion n’est pas exactement la même que les enseignements d’Alda dans l’empire.
Il y a un grand nombre de personnes qui interprètent différemment les enseignements d’Alda. Parmi eux, il y a une faction harmonieuse qui croit que « les individus vertueux qui soutiennent la loi doivent être pardonnés, même s’ils sont membres d’une des races de Vida ». Cela serait considéré comme une hérésie dans l’empire Amid, mais c’est grâce à cette faction que les dhampires sont acceptés par les citoyens du royaume d’Orbaume.

Ce n’est pas particulièrement étrange ou surnaturel. Tout le monde sur Lambda sait que les dieux existent, mais ces dieux ont existé dans ce monde il y a 100 000 ans, durant l’âge des dieux.
À présent, ils ne peuvent partager leur volonté qu’à travers les messages divins et d’autres méthodes limitées à un nombre restreint de personnes.
À cause de cela, chaque religion est interprétée différemment selon la nation, la région ou la personne, et ses interprétations ont parfois des différences étranges. L’exemple le plus important est la faction harmonieuse d’Alda.

Mais la raison pour laquelle la faction harmonieuse s’est autant étendue est parce qu’il y a plus de membres des races de Vida ici que dans l’empire Amid, incluant des ducs hommes bêtes. La vision des gens de la religion d’Alda dans le royaume d’Orbaume s’est dégradée depuis la guerre, donc c’est probablement une décision politique de leur part dans le but de survivre.

[Même sur Terre, il n’était pas étonnant de voir plusieurs religions, même quand elles sont basées sur le même dieu. Je ne sais pas à quoi pense Alda, mais il n’y a aucune chance qu’il redescende sur le monde, envoie des messages divins et répande des familiers spirituels à chacun de ses croyants pour montrer ce qui est juste et faux dans les interprétations. Bon, tant que cela ne me cause pas de problème, je m’en moque.]

Il n’aime pas la façon condescendante dont il vient d’être « pardonné », mais Vandalieu accepte qu’il ne puisse pas s’en faire pour une chose pareille s’il veut survivre en société.

« Prêtre-sama, à propos du médicament que vous m’avez donné… il semble être plutôt inefficace. »
« Ce médicament doit être pris en de grandes doses, donc essaye de doubler la dose habituelle. »
« Prêtre-sama, pourriez-vous venir regarder nos champs ? »
« Cela ne me dérange pas. Alda est aussi le dieu de la vie après tout. »

Un par un, les villageois s’approchent du prêtre avec des problèmes et des demandes. Il semble que les villageois l’apprécient beaucoup malgré ce faux sourire sur ses lèvres.

Les histoires des saints et des héros racontés par les hommes d’Église sont probablement une des seules sources de divertissement dans ce village agricole, et en voyant qu’il est aussi un savant capable de préparer des médicaments, c’est naturel qu’il soit apprécié, même s’il est un petit peu louche.

Soudainement, une voix s’élève de l’extérieur.

« Prêtre-sama, venez vite ! Ivan est tombé du toit ! »

Il semble qu’un villageois soit accidentellement tombé d’un toit en faisant des réparations. À en juger par le ton de la voix, il semble s’agir d’une blessure sérieuse. À vrai dire, quand Vandalieu a utilisé Détection de vie, une personne a montré une réaction particulièrement faible.

« Ce n’est pas bon, nous devons nous en occuper immédiatement » dit le prêtre derrière Vandalieu en se levant.

Vandalieu quitte silencieusement le magasin. Peut-être que c’est parce que l’attention est fixée sur le prêtre, mais personne ne le remarque.

[S’il n’est pas mort, je pense que je peux faire quelque chose… Ah, c’est ici.]

En utilisant vol pour se déplacer rapidement à l’endroit d’où vient la réaction à son sort, il voit un homme ayant la trentaine allongé par terre et une femme enceinte un peu plus jeune que l’homme à côté de lui. Il y a aussi un enfant plus petit que Vandalieu.

« Mon chéri ! Tiens bon, le prêtre arrive ! »
« Papa ! Papa ! »

Bien que sa femme et son fils s’accrochent à lui, l’homme ne peut que grogner pour répondre. Sa respiration semble difficile. L’ombre de la mort est très largement visible sur son visage.

[C’est une blessure sérieuse ; ce ne sont pas ses os, mais ses organes… dans le pire des cas, quelque chose est arrivé à son cerveau]

Dans une telle situation, avec le traitement médical de Lambda, c’est sans espoir. La magie pourrait peut-être y faire quelque chose, mais il se trouve à la toute fin du village. Vandalieu juge qu’il mourra avant que le prêtre n’arrive… bien que le prêtre ne soit pas capable d’y faire quoi que ce soit à moins d’être un médecin de premier rang.

Bien sûr, si Vandalieu utilise l’élément mort, il y a de forte chance qu’il puisse sauver la vie de l’homme qui s’appelle Ivan. Sa femme qui porte un enfant à naître n’aura pas à perdre son époux et son fils sur son torse ne perdra son père.

Cependant, l’objectif actuel de Vandalieu est de « s’inscrire à la guilde des aventuriers sans attirer l’attention avant de revenir à Talosheim. »

Un enfant qui sauve une vie qui ne peut pas être sauvée sans utiliser une magie de haut niveau. Cela attirera beaucoup l’attention.

[Suivre mon plan de base ou laisser mes émotions prendre le dessus… Tant pis. J’abandonne.]

« Excusez-moi. »

En disant cela, un enfant approche rapidement d’Ivan et touche son corps.

« Hieh ?! »
« Uwah ! Qui es-tu ? »

La femme et l’enfant, qui n’avaient pas encore remarqué la présence de Vandalieu, sont surpris alors que Vandalieu tente de les rassurer. « Je suis le dhampir dont tout le monde parle dans le village. Mon nom est Vandalieu ». Il se présente alors qu’il lance transformation en forme spirituelle. Il le fait d’une façon à ce qu’ils ne puissent pas le voir et forme des tentacules dans les paumes de ses mains où il touche Ivan pour fusionner avec lui en enfonçant sa forme spirituelle dans son corps.

Le problème est bien le cerveau. Il y a un saignement intracrânien et le sang qui se concentre dans la tête fait pression sur le cerveau.

[Absorbe le sang accumulé avec les tentacules. Régénère les vaisseaux sanguins brisés en utilisant amélioration de la puissance de soin. Après cela, répare les fissures dans le crâne… Cette personne a un anévrisme d’un vaisseau sanguin à côté du cœur. Je suppose que je peux réparer cela tant que j’y suis. Ah, il y a aussi une excroissance dans son intestin. Elle semble maligne, donc je vais la retirer. Sa mycose au pied… soignons ça tant qu’à faire.

« Hey, qu’est-ce que tu… »
« Maman, le visage de papa a l’air d’aller mieux ! »
« T-tu as raison. Est-ce qu’il est en train de le soigner ? »
« Ah, oui. Attendez un petit peu s’ils vous plaît », dit Vandalieu.

L’homme qui s’appelle Ivan avait une très mauvaise santé. L’image d’une vie simple et tranquille comme étant une vie en bonne santé n’est pas vrai, au moins dans son cas.

Vandalieu a fait autant de soin qu’il le pouvait et ramène les tentacules dans son corps en défaisant la transformation en forme spirituelle.

« Tout ira bien à partir de maintenant. Il devrait ouvrir les yeux bientôt », dit Vandalieu.

Vandalieu a même fusionné sa propre endurance pour nourrir le corps d’Ivan dans le but de le soigner, donc c’est impossible qu’il reste inconscient. Vandalieu a également pris le sang flottant dans le crâne d’Ivan, mais il considère qu’il s’agit de simples frais de traitement.

« Ugh, qu’est-ce que… que m’est-il arrivé ? », dit Ivan en ouvrant les yeux l’instant suivant.
« Mon chéri ! »
« Papa ! »

La femme et l’enfant enlacent Ivan. C’est une vision émouvante. C’est à cela qu’une famille devrait ressembler.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi êtes-vous là ? », demande Ivan à sa famille.
« I-ivan ? », dit une voix d’homme. « Il y a un instant, tu étais au sol et tu avais l’air d’être sur le point de mourir ! Pourquoi est-ce que tu as l’air d’aller bien maintenant ?! »

Au même moment où Vandalieu commence à éprouver du respect pour Ivan pour avoir une si belle famille, le prêtre, le chef du village et les autres arrivent finalement.

Maintenant, s’ils peuvent être dupés en pensant que la condition d’Ivan n’était pas si grave et que l’homme qui a appelé le prêtre a juste été trop rapidement à la pire conclusion, tout en dehors de la présence de Vandalieu pourra être expliqué.

« Cet enfant, cet enfant nommé Vandalieu l’a soigné ! Cet enfant a sauvé sa vie ! », s’exclame la femme d’Ivan.

[Madame, les femmes honnêtes sont toujours bien appréciées.]

« Maintenant que tu le dis, j’ai eu un rêve. Un terrifiant dieu de la mort m’a attrapé la tête… mais avant que je puisse comprendre, une déesse était en train de me caresser la tête à sa place. Je vois, ce devait être cet enfant », a conclu Ivan.

[Qui est-ce que tu appelles une déesse ?]

Et donc, Vandalieu a sauvé la vie d’un villageois qu’il n’avait jamais rencontré avant et en attirant beaucoup d’attention sur lui.


Pour donner vos impressions n’hésitez pas à mettre des commentaires !
Vos appréciations sont importantes pour montrer votre soutien.

Correction : Hastin

Chapitre Précédent | Sommaire | Chapitre Suivant  


Laisser un commentaire