NORDEN – Chapitre 54

Chapitre 54 – Le maître et la jouvencelle

Ambre était devant l’entrée du manoir, posée sur les marches de l’escalier s’ouvrant sur le jardin. Ses longs cheveux roux ondulaient à la brise, absorbant les rayons rougeoyants du soleil couchant. La jeune noréenne se démarquait nettement du paysage aux teintes blanches et verdoyantes, telle une tache vive dans cette nature douceâtre. Assoupie, elle décompressait après sa journée de travail à la Taverne de l’Ours, emploi qu’elle avait conservé et qui lui permettait de subvenir en partie à ses besoins et de s’aérer l’esprit. Installée confortablement, elle profitait de cet instant de calme pour s’allumer une cigarette qu’elle dégustait tout en balayant du regard les vastes espaces du domaine. Elle observait d’un œil vague le palefrenier Pieter occupé à rentrer les chevaux. Il était accompagné d’Adèle, reconnue désormais officiellement comme mademoiselle von Tassle, la pupille du Baron. La petite s’amusait sur le dos d’Ernest, riant aux éclats devant le comportement fanfaron du vieux poney qui caracolait entre les buissons. Non loin d’eux, le jardinier Arthur quittait le potager. Il poussait péniblement une lourde brouette chargée de fleurs coupées et de légumes terreux tout juste récoltés.

La jeune femme sentit une légère pression sur son épaule qui la sortit de sa rêverie provoquée par ce paysage à l’allure idyllique. Elle tourna la tête et remarqua le corbeau à ses côtés. Amusée, elle sourit et lui donna une caresse sous le cou. L’animal ébouriffa son plumage et commença à roucouler. Puis il sauta entre ses cuisses, se mit à son aise et ferma les yeux. Anselme était devenu un corbeau de belle taille, au plumage lustré d’un noir profond et à la patte gauche tordue. Ses yeux noirs luisaient d’un intense éclat, témoignant de son intelligence et de sa personnalité d’autrefois. Ambre était heureuse de revoir son fiancé. Même sous cette apparence, l’idée de l’avoir auprès d’elle la remplissait d’une joie douce-amère. Car elle appréhendait de se retrouver dans cette grande demeure dans laquelle elle se savait étrangère. D’une certaine façon, elle se sentait injustement emprisonnée, captive de cet hôte intimidant et colérique dont elle supportait encore mal la présence quotidienne.

Sa cigarette terminée, elle l’écrasa à côté du cendrier mis à disposition sur le rebord des marches. Puis elle prit une seconde inspiration, laissant pénétrer l’air frais chargé d’embruns dans ses poumons. Le parfum dégagé par les plantes annexes était enivrant. Les roses trémières, qui décoraient chaque côté de l’escalier, arboraient de délicates couleurs accompagnées de jasmin blanc, tranché par des pétales rouge sanguin de clématite. À présent détendue, elle fut prise d’un petit rire en voyant Adèle accourir vers elle, la mine rayonnante, un lys et ses souliers à la main. La petite sautillait, faisant tournoyer sa robe en mousseline bleue dont le bas était humide et taché de terre. Pieds nus, elle ne semblait nullement gênée par les graviers affilés de l’allée. Désirée, la chienne bâtarde du Baron, jappait à ses côtés. La levrette au pelage dru et gris fouettait sa queue avec vigueur. La langue pendante, le canidé gambadait autour de sa camarade de jeu, manquant de la faire trébucher par ses mouvements brusques et maladroits.

— Regarde Ambre ! s’exclama la fillette.

La cadette s’approcha de sa grande sœur et lui fit sentir la fleur. Puis elle s’assit à ses côtés et grattouilla sous le cou duveteux du corbeau. Contrairement à son aînée, Adèle ne semblait pas se morfondre de son sort, toujours aussi heureuse et insouciante. Elle appréciait sa nouvelle vie et profitait pleinement de chaque instant. Elle gardait ses habitudes, se rendant régulièrement à la plage aux phoques, dans le vain espoir d’apercevoir ses parents, et continuait d’aller à son école à Varden où elle avait ses amis. Les deux sœurs restèrent silencieuses. Leurs têtes posées l’une contre l’autre, elles écoutaient le jacassement incessant des mouettes et se laissaient bercer par le bruissement du vent contre les feuilles. Le soleil déclinait et le ciel s’assombrissait, prenant une teinte violacée mêlée d’orange où quelques étoiles commençaient à émerger. L’air se rafraîchissait et l’aînée, frissonnante, décida qu’il était temps pour elles de rentrer. Elle se leva et accompagna sa petite sœur jusque dans sa chambre afin de la coucher.

La pièce était située à l’étage, s’ouvrant sur le jardin. Celle-ci était spacieuse et possédait une salle de bain privative. Il y avait un grand lit en bois sur lequel la fillette avait installé des peluches d’animaux. Les draps soyeux sentaient une agréable odeur de lessive et les oreillers en plumes d’oie étaient à la fois fermes et moelleux, si différents de leurs vieux coussins et de la couverture rêche dont elles se servaient autrefois. Elle disposait également d’une bibliothèque garnie de livres ainsi que d’une armoire dans laquelle de nombreuses tenues neuves étaient rangées. Alexander les lui avait offertes afin que sa pupille ne paraisse pas négligée. D’humeur mesquine, Ambre avait gentiment orienté sa cadette vers les boutiques les plus onéreuses, désirant défier sournoisement son hôte que la générosité naissante à leur égard irritait.

Adèle se déshabilla et enfila une chemise de nuit en lin tout aussi blanche que sa peau d’albâtre. Elle posa son médaillon sur la table de chevet puis s’installa dans son lit. Une fois enfouie sous les couvertures, Anselme se posa sur ses genoux. L’oiseau avait pris l’habitude de dormir auprès d’elle et de la veiller comme un grand frère attentionné. Ambre la borda et resta auprès d’elle pour la lecture d’une histoire. Ce fut le Coq, le Chat et le Souriceau qui fut choisi et lu à haute voix par la fillette, à la lueur d’une chandelle. Dès qu’elle fut endormie, l’aînée déposa un baiser sur son front. La voyant ainsi apaisée, les yeux clos, elle esquissa un sourire. Puis elle jeta un bref coup d’œil en direction de l’horloge posée sur sa table de chevet et soupira.

Elle se leva, accorda une caresse au corbeau et descendit les escaliers d’un pas lent et traînant. Elle traversa ensuite le hall sous l’œil, tantôt aimable tantôt malveillant, des éminentes personnalités représentées sur les tableaux, et rejoignit la salle à manger afin de dîner en compagnie du Baron. Il était vingt et une heures et son hôte tenait à ce que le repas soit servi pour cette heure précise. Depuis son élection, Alexander rentrait tard le soir. Il venait récemment d’être élu maire à la majorité de quelques voix seulement contre son opposant, le marquis Dieter von Dorff. Par conséquent, il était submergé par le travail, devant réparer les torts de son prédécesseur, le Duc von Hauzen.

Lorsqu’Ambre arriva dans la salle à manger, Alexander buvait silencieusement un verre de vin rouge qu’il portait avec lenteur à ses lèvres afin de le déguster. L’homme revêtait encore son élégant costume d’apparat, d’un bleu outremer à boutons et galons dorés. Une broche en or cuivré, représentant l’emblème du peuple aranoréen, une licorne et un cerf enlacés, était épinglée au niveau de la poitrine et bien mise en évidence. Il avait, comme à son habitude, ses longs cheveux noirs impeccablement attachés en arrière, maintenus en catogan par un nœud de soie bleu. Le ruban descendait le long de sa nuque, mettant en valeur son visage harmonieux, aux yeux sombres et à l’expression indiscernable. Malgré cette apparence soignée, l’homme affichait une certaine fatigue. Ses yeux étaient cernés et de fines rides se creusaient sur son visage au teint blême.

La jeune femme le salua courtoisement, s’installa à table et patienta sans mot dire qu’Émilie leur apporte le plat. Chose faite, elle approcha la tête de son assiette, ferma les yeux et renifla, enivrée par les senteurs alléchantes qu’elle laissait s’insinuer dans ses narines. Le repas, comme toujours depuis cinq mois qu’elle vivait là, était exquis et les aliments frais et variés. Elle mangeait donc avec un appétit vorace et récupérait au fil des jours son poids de forme. Réjouie, elle commença à manger, dévorant chaque bouchée qu’elle portait avidement à sa bouche, sous l’œil médusé de son hôte. En effet, le Baron était un homme maniéré et de principes, très à cheval sur les règles de bienséances issues de la noblesse aranéenne. De nature revêche, Ambre ne prenait guère soin de sa gestuelle lorsqu’elle se retrouvait seule en sa compagnie, elle faisait déjà suffisamment d’efforts à l’extérieur pour se rabaisser à faire de même en privé. Et, surtout, elle souhaitait secrètement se confronter à lui de manière non verbale afin de tester ses limites.

— Vos cours se sont-ils bien passés ? demanda-t-il posément après avoir bu une gorgée de vin.

L’homme engageait la conversation sur un sujet des plus banals, évitant ainsi le risque de la courroucer. Car Ambre, cette petite créature au tempérament aussi ardent qu’une bête sauvage, ne cessait d’être rancunière envers sa personne et cherchait la moindre opportunité pour lui lancer une de ses fidèles répliques cinglantes qu’elle pouvait les débiter à la chaîne avec une spontanéité fort dérangeante.

— Plutôt bien, monsieur, répondit-elle après s’être délectée de sa bouchée. Même si je me passerais volontiers de certaines matières. Inutile de vous rappeler lesquelles !

Alexander leva les yeux, exaspéré.

— Elles vous sont pourtant indispensables, sinon je ne m’entêterais pas à vous les faire enseigner et à gaspiller mon argent pour vos sessions privées auprès de madame Gènevoise !

— Rien ne vous y oblige et je ne vois pas en quoi étudier le droit m’aiderait dans mes fonctions puisque votre institution sera bientôt réduite à néant !

Elle posa sa main sur le cœur et lui adressa un sourire d’une douce désobligeance, attendant que celui-ci s’offusque et rétorque. Il soupira, las d’avoir à se justifier.

— Tâchez d’être un minimum conciliante et d’avoir foi en mon jugement. Je ne vous demande pas d’aimer le droit ou tout ce que vous pouvez juger d’inutile. Et je vous demande encore moins d’y adhérer mais seulement d’en prendre connaissance ! Cela vous servira un jour ou l’autre, que vous le vouliez ou non !

— Monsieur le maire devrait apprendre à lâcher la bride à ses modestes citoyens partisans !

Alexander ne riposta pas, épuisé par la situation actuelle et par le poids de ses responsabilités. La charge de travail était monumentale et il ne s’accordait que peu de répit le soir venu. D’autant qu’Ambre était l’une des seules créatures de Norden à oser s’octroyer la permission de le défier de front. Cela avait le don de lui décrocher, par moments, un sourire nerveux ; lui qui, d’un simple revers de la main, pouvait la faire taire, voire l’assommer avec une facilité déconcertante. Malgré cela, il ne pouvait se résoudre à infliger ne serait-ce qu’une éraflure sur ce minois juvénile déjà fort abîmé. Il ne connaissait pas tant la raison de cette retenue, surtout lorsque la peste mettait du cœur à l’ouvrage. La situation en devenait souvent absurde, voire ridicule. Les deux partenaires dans leur fierté se comportaient comme des enfants de nature querelleuse, se houspillant pour n’importe quel motif. Ils s’entendaient comme chien et chat, faisant sourire les domestiques qui les épiaient furtivement, attendant sagement le soir venu pour observer leur romance favorite qu’ils avaient baptisé entre eux : le Maître et la Jouvencelle.

Le reste du repas se fit en silence, tous deux n’échangeaient que très peu autrement. Ambre termina son assiette, passa la langue sur ses dents et bailla à s’en décrocher la mâchoire. Puis elle s’étira de tout son long, se redressa et prit congé afin de regagner ses appartements. La jeune femme était logée dans une chambre avec vue sur la mer, tout aussi confortable que celle de sa sœur. Arrivée dans la pièce, elle ouvrit sa penderie où de nouveaux vêtements, qu’elle s’était offerts grâce à la vente de son cottage, étaient mis à disposition. Elle avait hérité d’une coquette somme d’argent qu’elle avait mise de côté pour l’avenir. Car elle songeait à trouver un travail mieux rémunéré afin d’acheter son propre logement, voulant permettre à Adèle de ne pas rester en garde exclusive chez celui que la petite considérait d’ores et déjà comme son père. L’aînée était d’ailleurs très énervée par cette dénomination prononcée avec une franche sincérité de la part de sa cadette. Une certaine complicité avait commencé à naître entre le père et sa chère fille. Et Ambre manquait de s’étouffer chaque fois qu’elle les entendait user de ces termes pour se désigner l’un l’autre. Elle sentait son hôte jubiler à ce titre et savait qu’il tirait une exquise satisfaction à l’idée de se servir de la cadette pour faire plier l’aînée à sa volonté et tenter de l’amadouer. Elle acceptait très mal cette manipulation sournoise et trouvait le stratagème perfide, accentuant davantage le mépris qu’elle éprouvait envers lui.

Tout en ruminant son infortune, elle sortit une chemise de nuit et se changea. Avant de refermer l’armoire, ses yeux louchèrent sur une étoffe en particulier. En plus des vêtements qu’elle s’était achetés, une somptueuse robe de bal de style aranéen était présente dans sa garde-robe. Elle avait été gracieusement offerte par son hôte et choisie par ses soins afin que sa tendre acolyte l’accompagne lors des soirées mondaines, en tant que cavalière. L’événement n’était pas encore arrivé au vu du climat actuel. Néanmoins, elle redoutait ce moment, ne sachant si elle pouvait le supporter pendant une soirée entière, dansant auprès de lui au risque de succomber une nouvelle fois à ses charmes. Elle se remémorait cette soirée de l’Alliance où elle avait été envoûtée par ses gestes habiles ; devenue l’espace d’un instant sa marionnette docile, se frottant à lui telle une chatte avide de caresses et d’attention. Ce souvenir lui restait en travers de la gorge et elle s’était promis de ne plus succomber à cette séduction perverse. D’autant que pour les futures soirées, elle serait directement confrontée aux riches familles aranéennes qui, telle de la vermine maquillée sous de beaux apparats, rongeait Norden jusqu’à la moelle. Seuls le Baron et quelques-uns de ses partisans savaient se montrer honnêtes de leur condition de privilégiés. C’était une qualité qu’elle ne pouvait s’empêcher de reconnaître à cet homme ; sa force de caractère, son sens du devoir et son obstination devant l’adversité le rendaient magnifiquement redoutable.

Arrête de lui trouver des qualités ! Ne te laisse jamais endormir ou charmer par ce spécimen. Il est le plus dangereux d’entre tous ! Il te bouffera si tu baisses ta garde et tu le sais très bien !

Depuis qu’elle séjournait chez son hôte, Ambre était forcée d’avouer que le Baron se montrait moins malaisant envers elle. Cependant, elle ne parvenait toujours pas à supporter sa présence rapprochée. Les sens en alerte, elle guettait sans arrêt chaque recoin, redoutant de se voir épier le moindre de ses gestes tel un rat de laboratoire à la merci d’un savant cynique. Elle était encore marquée par son agression et les trois mois de tourments qu’il lui avait infligés. Au manoir, pourtant devenu un terrain allié, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir captive, ressentant par moments ses mains parcourir son corps alors qu’il l’étranglait sans vergogne. Cette vision la hantait mais elle tentait malgré tout de garder la tête haute ; après tout, ils étaient partenaires dorénavant et leur alliance se révélait efficace lorsqu’ils y mettaient du leur. Elle avait besoin de son influence, de son savoir et de ses fréquentations afin d’espérer en apprendre davantage sur son ascendance. Elle appréciait également sa volonté de renouer des liens diplomatiques avec les noréens des tribus. Et lui, de nature inquisitrice, était avide de déceler leurs origines. Il se servait d’elles comme des pions, désireux d’étendre son influence et d’amadouer le peuple en prenant sous son aile deux jeunes noréennes sans le sou, dévoilant ainsi sa « magnanimité » aux yeux du peuple.

Avant d’aller dormir, la jeune femme ouvrit sa fenêtre et s’accouda à la rambarde du balcon sur laquelle un rouge-gorge gazouillait paisiblement. Cet oiseau venait régulièrement lui rendre visite une fois la nuit tombée et posait sur elle ses globes brillants, semblant la sonder avec intérêt. Le ciel était d’un noir d’encre éclairé seulement par le faible halo d’un croissant de lune. L’air était frais et la cour du domaine extrêmement calme, seuls le roulement des vagues s’écrasant contre les falaises et le friselis des feuilles se faisaient entendre. Elle s’alluma une cigarette. C’était l’une des dernières qu’elle s’apprêtait à fumer car le maire projetait d’interdire les relations commerciales avec Pandreden et de mettre un terme aux importations de produits étrangers dont le tabac faisait partie.

Une fois son plaisir assouvi, elle prit une profonde inspiration. Une forte senteur d’humus flottait. Cet effluve lui rappela les sensations qu’elle éprouvait autrefois lorsqu’elle habitait dans son cottage. Elle fut aussitôt transportée dans un état de torpeur et des images floues de son passé à demi oublié lui revinrent en mémoire. Elle se revoyait enfant, debout sur le perron de leur ancienne maison au milieu des champs obscurs noyés par les vapeurs brumeuses. Puis elle cheminait, seule dans cette campagne endormie, écoutant les grillons et les cris rauques des corbeaux. Elle se repérait aux innombrables odeurs, à la recherche de l’une d’elles en particulier : celle du sang frais s’échappant d’une proie tout juste tuée. Brusquement, tout s’assombrit, le remugle du sang changea et révélait un arôme nettement plus attrayant. Celui qui la pénétrait jusqu’au plus profond de son être, semblable au parfum émanant du Duc ce soir-là… Ambre se revit courir à vive allure entre les champs de maïs jonchés de boue et de cailloux tranchants, poursuivie par le monstre… cette horrible créature sanguinaire au visage de lion et aux yeux noirs chargés d’un éclat de folie. Extirpée de sa rêverie par ces réminiscences dérangeantes, elle ferma la fenêtre et alla se lover dans ses draps.

Alexander, quant à lui, était posé dans son salon, lisant tranquillement le journal. Il balayait la gazette de ce vendredi 3 septembre 308, cherchant un article intéressant qui pourrait piquer sa curiosité. Une note du Légitimiste, le journal satirique du camp adverse, attira son attention.

La petite protégée de monsieur le maire A. von Tassle, mademoiselle Ambre Chat, dix-sept ans, noréenne, fait ses débuts en politique. Entonnant des discours moralisateurs publics sur la grande place de Varden, déclamant avec un langage grossier et des manières aussi brusques que ridicules, des idées affligeantes sans le moindre fondement.

Cette petite chienne défigurée et pouilleuse, sera-t-elle celle qui fera couler notre bon vieux chien de chasse ?

Levez les mains au ciel, chers amis élitistes, devant ce coup du destin favorable qui nous rendra grâce, sans que nous ayons à intervenir par nous-mêmes, d’aucune sorte.

Célébrons ensemble et dès à présent notre victoire prochaine.

Gloire à l’Élite !

R. Muffart

À cette lecture, le maire ne put s’empêcher de sourire, amusé de voir l’Élite se moquer ouvertement de sa propre stratégie finement rodée. Puisqu’il le savait, sous ces écrits délicieusement méprisants, les membres du parti adverse commençaient à trembler, appréhendant l’impact d’une alliance noréenne dans la politique de leur opposant. Le jeu commençait à se mettre en place et Alexander, bien qu’ayant déjà eu quelques désappointements, des imprévus fichtrement néfastes en début de mandat, se réjouissait de pouvoir disposer ses pions afin d’engager la partie à venir. Et celle-ci promettait d’être longue et périlleuse.

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