Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 23.5.2
Chapitre Spécial Un : La bouffonnerie du Héros Lancier
Traducteur : Team Yarashii
Mon nom est Motoyasu Kitamura.
Je suis étudiant à l’université, et, un jour, je fus transporté dans un autre monde, qui ressemblait furieusement à un jeu auquel je m’adonnais régulièrement.
J’avais été invoqué ici pour incarner l’un des quatre Héros destinés à sauver le monde, et j’étais de classe Lancier.
Je m’estime plutôt chanceux. Ce monde était si semblable au jeu que je connaissais, je possédais déjà tout le savoir nécessaire pour lui porter secours, et ce fut ainsi que, durant cette mission, je finis entouré par toute une galerie d’adorables demoiselles.
– Hé, toi, là-bas ! Tu es libre ? Ça te dirait de sortir avec moi ?
Le pays m’avait assigné une tâche, et, pour l’accomplir, je devais me rendre dans un lieu appelé la Guilde.
Nous serions dans un jeu, l’endroit aurait été tout désigné pour centraliser les quêtes disponibles, ainsi que des événements en tout genre. Dans cet univers, néanmoins, c’était également là que les aventuriers se rassemblaient pour gagner de l’argent.
– Je ne sais pas trop… Est-ce que je peux ? Je me demande…
Les yeux de la jolie fille dérivèrent vers la grande Lance que je tenais posée sur mon épaule.
– Est-ce que vous savez vous en servir ?
Je la lui présentai et changeai sa forme juste pour elle. Voilà le pouvoir que nous avions reçu en tant que Héros !
Cette petite démonstration devrait suffire à la convaincre de mon identité.
– OOOH ! Vous êtes VRAIMENT le Héros Lancier ? Trop bien !
Elle était soudain tout excitée et commença à s’exclamer d’une voix haut perchée typiquement féminine.
Hé hé, j’allais passer une bonne journée.
– M. Motoyasu, la Guilde a une requête !
Une autre jolie fille aux cheveux rouges poussa celle que je tentais d’impressionner et me tendit un parchemin.
– Désolée, ma jolie, mais M. Motoyasu a un travail important à faire, alors tu ferais mieux de partir.
– Ma… mais !
La jeune femme qui venait de me rejoindre avec le parchemin s’appelait Myne.
Son vrai nom était Malty S. Melromarc. Elle avait à l’origine sympathisé avec le Héros Porte-Bouclier, mais il l’avait trahie, alors elle avait voulu me rejoindre.
Franchement, quel sale type.
Il avait été transféré dans une nouvelle dimension, et il ne pensait qu’à ce qu’il avait sous la ceinture.
– Quoi ? Tu veux aussi rejoindre son groupe ?
La nouvelle arrivante s’appelait Lesty. Apparemment, c’était une camarade d’école de Myne. Quelques jours après que cette dernière m’eut rejoint, Lesty se décida à venir aussi.
Son visage était un peu plus anguleux que celui de Myne. Si celle-ci valait neuf, alors l’autre obtenait probablement un huit.
– Le voyage de M. Motoyasu s’annonce périlleux. Tu penses vraiment pouvoir tenir la cadence ?
Et là, c’était Elena. Elle avait rallié mon groupe une semaine après mon arrivée. Elle m’accompagnait depuis presque aussi longtemps que Myne et Lesty.
Les autres membres continuaient d’aller et venir à leur propre rythme.
J’étais ici depuis trois semaines environ, mais les places vacantes dans mon groupe semblaient toujours occupées par des gens différents.
Mais bon, c’était aussi un aspect des jeux en ligne. Si je laissais cela m’affecter, je n’irais pas très loin.
À mon arrivée, j’avais demandé à un tas de gens de me rejoindre, mais tous finirent par me quitter après quelque temps. Dans le cas des garçons, cela ne me gênait guère, mais, pour les filles, j’essayais toujours d’être très attentionné, ce qui ne les empêcha pas de partir aussi. J’avais perdu le compte de tous ces départs. Ils me sortaient toujours la même excuse, qu’ils ne se sentaient pas bien dans ce groupe, et je n’obtenais pas d’autre explication.
Enfin bref, de toute façon, je n’aimais pas les pots de colle.
Cela faisait donc trois semaines que j’étais là.
Je devrais me réjouir en compagnie des filles qui étaient à mes côtés. C’était bien ce que je comptais faire.
– Tu veux venir avec nous ?
– Oui !
– Cool, allons-y alors. Comment tu t’appelles ?
– Ri… Rino.
– Très bien, Rino, c’est parti.
Je pris sa main et lui envoyai une invitation.
Elle l’accepta et devint membre de mon groupe.
– …
Je crus apercevoir Myne fixer Rino des yeux, alors je me tournai pour en être sûr, tout cela pour constater que ce n’était pas le cas. À la place, elle souriait avec gentillesse.
– Que fait-on à présent, Myne ?
– Une famine décime un village au sud-ouest. Nous sommes chargés de protéger le convoi qui leur apporte de la nourriture.
Quelle était cette mission ? J’étais convaincu d’en avoir déjà entendu parler.
La même quête était disponible dans la Guilde du jeu que j’évoquais tout à l’heure.
La requête était placardée, et nos niveaux étaient suffisants.
– Pigé. Où et quand retrouvons-nous le convoi ?
– Il part demain matin, ici, à l’entrepôt de la Guilde.
– Compris. Ça veut dire qu’on a du temps, aujourd’hui. Allons monter quelques niveaux, avant de prendre un bon dîner ce soir.
– Ouais !
Toutes les filles s’exclamèrent, ravies.
Les demoiselles de ce monde semblaient vouloir s’amuser.
De plus, je n’étais pas contre me défouler un peu.
– Allez, les filles, en avant !
– Ouais !
Nous progressâmes dans un lieu que j’avais découvert.
Nous cherchâmes les endroits où les monstres apparaissaient en groupe et commençâmes la chasse.
Une créature émergea rapidement.
C’était une sorte d’oiseau dont le nom était Aile Bleu Ciel.
Sa technique de vol n’était guère au point, et le monstre courait moins vite qu’un Filolial. Toutefois, il donnait pas mal d’expérience.
C’était un très bon moyen de gagner des niveaux lorsqu’on se situait dans la tranche 30-40.
– Les filles, reculez.
– D’accord ! Bonne chance !
– Hein ?
Visiblement, Rino n’était pas habituée aux combats en équipe, alors elle regardait autour d’elle d’un air confus.
– Les jolies filles ne sont pas faites pour ces affrontements sanglants. Contentez-vous de reculer et de m’encourager.
– Oh… je…
Oui ! J’envoyai un Javelot d’Air droit sur l’Aile Bleu Ciel, qui tomba facilement.
– Ouuuaah ! Vous êtes trop cool, M. Motoyasu !
Leurs encouragements me filaient la patate.
– M. Motoyasu ! Encore un !
– Argh !
– Et un autre !
– Argh !
– M. Motoyasu, j’ai soif.
– Argh !
– M. Motoyasu, je peux grignoter un truc ?
– Argh !
– M. Motoyasu, on va faire une pause.
– Argh !
Le reste de la journée se déroula selon ce schéma et je pris des niveaux.
J’avais atteint le niveau 43, et Myne, le niveau 39.
Lesty était 38, et Elena, 35.
La nouvelle, Rino, était encore niveau 20.
– Ça fera l’affaire pour aujourd’hui. Retournons en ville.
Je m’étais assez dépensé pour le moment, alors nous arrêtâmes avant le coucher du soleil et rentrâmes à la capitale.
– Dure journée.
– C’est sûr. Sans vos encouragements, je n’y serais peut-être pas arrivé.
– … ?
Rino semblait confuse à nouveau. Quel était son problème ?
Elle ne pensait évidemment pas à se salir les mains et monter des niveaux ? Impossible ! Les filles n’aimaient pas ce genre de choses.
– Une fois la nuit tombée, retrouvons-nous à l’auberge.
– D’accord. On sera au spa d’ici là.
– Cool. Amusez-vous bien.
– À plus tard.
– Hmm…
Rino paraissait perdue. C’était juste un moyen pour les filles de se rapprocher.
Je n’étais pas le genre de type à s’immiscer dans leurs relations.
Allez, le jour d’entraînement était terminé. Je devais aller au marché acheter quelques trucs.
J’allai au marché acheter de quoi préparer le dîner et me rendis ensuite aux cuisines pour commencer. Une fois les préparatifs finis, le soleil s’était couché et il faisait nuit.
– Oh, M. Motoyasu, on est de retooouuur !
J’avais prévenu l’aubergiste de faire venir les filles ici à leur arrivée.
– Hmm… qu’est-ce que vous faites dans la cuisine ?
– Oh, je préparais une surprise pour… Hé, où est Rino ?
– Elle a dit qu’en allant chasser aujourd’hui, elle avait pris conscience qu’elle n’avait pas sa place dans notre équipe. Donc, elle est partie, mais a ajouté : « Merci pour tout, j’espère que nous nous reverrons. »
– Oh…
Encore ? Notre groupe ne semblait convenir à personne.
Était-ce parce que Myne et son amie faisaient partie de la noblesse ? On pourrait penser qu’elles arriveraient à s’entendre malgré cela, et pourtant… Et puis, elles étaient toutes égales dans notre groupe ! J’aimais chacune de la même façon.
– Alors on fait quoi ce soir ?
– Ah oui, figurez-vous qu’aujourd’hui marque les trois semaines de mon arrivée dans ce monde. Je voulais le célébrer avec tout le monde, j’ai donc cuisiné quelque chose.
– Ouuaah !
Leurs regards se rivèrent sur la nourriture.
Elle était préparée à la manière de mon monde, je ne savais donc pas vraiment si elles allaient apprécier. Pour en être sûr, je goûtai.
Cela faisait un moment que je cuisinais, et personne ne s’en était jamais plaint.
Sans compter que j’étais un vrai cordon bleu. Je pouvais tout préparer, et les filles adoraient.
– Je ne savais pas que vous cuisiniez ! Vous pouvez vraiment tout faire, M. Motoyasu ! C’est incroyable !
– Oui, vous êtes très talentueux. Un vrai Héros !
– Elles ont raison. J’en salive d’avance !
– Haha, je vous comprends. Servez-vous, les filles !
Elles dirent toutes que c’était délicieux et mangèrent avec appétit.
Mais il fallait croire que j’en avais trop fait, car il y eut beaucoup de restes.
– Bonne nuit.
Une fois le repas et le bain terminés, nous discutâmes quelque temps, puis les filles rejoignirent leurs chambres.
Néanmoins, la nuit ne faisait que commencer pour moi.
Les filles n’avaient sûrement pas l’énergie nécessaire pour sortir à cette heure, mais moi, si. Je décidai donc de me diriger vers un bar.
Je quittai l’auberge et empruntai une allée plongée dans la pénombre. Cela me conduisit dans un coin miteux derrière le quartier des plaisirs.
– Ah… je… Non…
Je pouvais entendre des gens en plein jeu de rôle. Leurs voix se répercutaient depuis un petit bâtiment. Ils avaient l’air de passer une sacrée nuit.
Qu’importe l’endroit, il y avait toujours un marché qui profitait de la face obscène de l’homme. Mais bon. Ce n’était pas comme si je pouvais débarquer là-dedans et sauver la fille. C’était son boulot, après tout.
Mais sa voix me fit penser à Rino. Une coïncidence, sûrement. C’était une aventurière, et elle paraissait assez lucide. Elle ne travaillerait certainement pas dans un tel lieu.
– Ah ! Oh ! Quelqu’un ! Aidez-moi !
Certains clients demandaient visiblement à pousser la mise en scène très loin. Mettant ce sujet de côté, je traversai la ville. Finalement, je finis par dénicher un bar qui me plaisait.
– Aaaah !
– Uooooah !
– Il… il est trop fort ! Et regarde-moi cette Lance !
– Tu ne crois pas… que c’est le Héros Lancier ?!
– Je ne donne pas mon nom à des ordures de votre genre !
Nous étions en plein milieu de notre quête d’escorte de convoi.
Nous avions parcouru une belle distance quand nous croisâmes la route de quelques brigands. Je les neutralisai.
– Quelle force, M. Motoyasu ! Ouah !
– C’est vrai ! Vous vous êtes débarrassé d’eux si facilement ! Je crois que je craque pour vous !
– Allez-y, M. Motoyasu !
– Allons, les filles… Vous exagérez…
Je ligotai les bandits et les livrai au poste de garde le plus proche. C’était un village appelé Riyute, il me semblait.
– Hmm ?
Je pensais avoir vu Naofumi se diriger vers les montagnes avec une petite fille toute crasseuse.
Peut-être était-ce mon imagination ?
De toute façon, cette fille avait l’air d’être une bouseuse du coin. Elle n’était franchement pas si attirante.
Bref, il fallait se reconcentrer sur le travail.
Peu de temps après, nous arrivâmes au village tourmenté par la famine.
Les villageois se regroupèrent autour du convoi.
Parmi eux, j’aperçus des enfants affamés et décharnés.
Le simple fait de les voir me fit mal. Je devais finir cette quête.
Mais, avant cela…
– Tu es trop mignonne ! Tu veux du thé ?
– Je…
Franchement, qu’importe le monde, les filles étaient toujours à croquer. Ce périple m’avait fatigué, alors nous prîmes une chambre en ville.
Le lendemain matin, je me réveillai et rejoignis la chambre des filles.
– N… Muuu…
Je contemplai le visage endormi de Myne. Elle murmurait quelque chose de bizarre.
Je décidai de lui gribouiller un truc. Elle allait avoir une sacrée surprise au réveil !
– Héros Lancier… où allez-vous à présent ?
Ma joue était rouge suite à la gifle que Myne me donna quand elle comprit qui était l’auteur de la farce. Un juste retour des choses. Je conversais avec le chef du village.
– Nous allons… eh bien, combattre la famine.
– M. Motoyasu, où allons-nous aujourd’hui ?
– Dans un donjon non loin. Il y a un objet là-bas qui aidera le village.
– Oh, vous savez vraiment tout, M. Motoyasu ?
– Ne me faites pas rougir. Allons-y.
Oui, un donjon se trouvait près d’ici. Il y avait quelque chose à l’intérieur, dans ces ruines, qui résoudrait tout.
En vérité, j’aurais vraiment dû faire quelques recherches au château. Mais, j’avais reçu des informations de seconde main, alors cela devrait aller.
Et puis, plus tôt nous mettrions fin à cette famine, moins il y aurait de gens qui en souffriraient.
C’était d’ailleurs le but. Nous arrivâmes sous peu aux ruines.
Le donjon comptait trois niveaux. La rumeur disait qu’il était faisable seul dès le niveau 30. C’était une quête accessible relativement tôt.
Nous serions dans un jeu, il aurait sans doute été possible d’ajuster le niveau de ce « donjon immédiat » avec le nôtre. Il serait entré dans la catégorie de ceux qui se généraient intégralement au moment d’y pénétrer et pour notre groupe seulement. Une carte aurait été disponible, sans aucun risque de croiser un autre joueur à l’intérieur. On pouvait donc le parcourir avec notre équipe uniquement. Théoriquement, à notre niveau, en venir à bout devrait être simple.
Le donjon était en pierre et à une heure de marche du village. Il était perché sur une falaise en sable rouge légèrement érodée… exactement comme dans ce jeu.
Nous pénétrâmes dans les ruines, qui sentaient le renfermé, et allumâmes quelques chandelles murales. Je me souvins que des pièges parsemaient les lieux.
– On ne devrait pas croiser beaucoup de monstres par ici, et leur niveau devrait être à notre portée.
– D’accord !
Il me semblait me rappeler que les pièges étaient connectés aux chandelles que nous allumions. Notre succès dépendait de leur utilisation.
En cas d’échec, il faudrait recommencer depuis le début.
La solution était la suivante : il fallait vaincre le golem gardant le fond du donjon avant que les chandelles n’aient fini de brûler.
Dans le jeu, la limite était de trente minutes. Pour réussir, il fallait descendre au dernier sous-sol. C’était peut-être un labyrinthe, mais je connaissais le chemin.
Il y avait différentes versions, mais je les avais toutes en mémoire, alors cela devrait bien se passer.
Du moins, c’était ce que je pensais. Nous continuions d’aboutir à des impasses.
Eh bien, c’était étrange. J’étais sûr de mon plan par rapport au jeu.
Quand bien même, nous parvînmes au bout du donjon dans le temps imparti. La pièce était remplie d’air frais. Les murs étaient toujours en pierre, mais bleus et transparents, comme s’ils étaient faits de glace. L’endroit dégageait une aura mystique et onirique.
– Ouah…
Myne et les autres étaient impressionnées alors qu’elles regardaient tout autour d’elles.
– Très bien, un coffre au trésor est censé se trouver là-bas.
Je désignai une grande boîte décorée située au fond de la pièce.
– Et à l’intérieur ?
– Il y a une Graine Miracle qui sauvera les villageois. Mais, tout d’abord, il faut en vaincre le gardien.
– Qu’entendez-vous par là ?
– En nous approchant, des pans de mur vont tomber et former un golem. Pas de panique. Il n’est pas si fort. Si vous me soutenez avec de la magie, tout ira bien.
– Bien compris !
– On compte sur vous !
– Vous pouvez le faire, M. Motoyasu ! Vous avez l’air de tout savoir !
– Je sais, oui. Arrêtez de m’embarrasser.
Nous nous rapprochâmes du coffre. Évidemment, j’étais en tête, et les filles me suivaient.
Et comme prévu, le golem tomba d’au-dessus.
*Grognement*
Le golem de pierre leva son bras massif pour m’attaquer.
– Je vous couvre ! Souffle Ailé !
– Premier Aqua-Tir !
– Vous pouvez le faire !
Subissant les assauts répétés de la magie des filles et de mes compétences, le golem s’effondra rapidement. Depuis les pierres jonchant le sol, le cœur de la créature flotta dans les airs.
– Aaah !
Avant que le golem ne revienne à la vie, je coupai le noyau en deux.
– Ah ! Prends ça !
– Vous êtes si fort, M. Motoyasu !
– Oui ! Vous vous êtes vraiment débarrassé de ce gros golem !
– Vous êtes incroyable !
Elles continuèrent leur rituel de louanges.
– Oh, vous savez, c’était pas grand-chose… Je plaisante ! J’ai clairement assuré ! Hahaha !
Il était temps d’ouvrir la boîte et de récupérer la graine.
Là encore, la réalité défia mes prévisions.
Un grondement soudain et puissant se fit ressentir. Le sol tremblait.
– Qu’est… qu’est-ce que c’est ?
– Un tremblement de terre ?!
– C’est… c’est…
J’avais un très mauvais pressentiment.
– C’est bizarre. Nous n’avons pas échoué…
– Que se passe-t-il ?!
– Quand on se plante, les ruines s’écroulent. Il y a une sortie, mais il faut tout recommencer. Et, comme si ça ne suffisait pas, on écope d’une pénalité sous la forme d’un autre donjon.
Ce donjon-là comportait un objet exclusif, mais je n’en avais pas VRAIMENT besoin. À l’époque où je participais à la bêta de ce MMORPG, c’était une pièce d’équipement très puissante récupérable sur un monstre propre à cet espace de pénalité. Mais, à l’heure actuelle, il valait mieux se focaliser sur des projets moins ambitieux.
– Quoi ?
Je ne comprenais pas. Il aurait dû nous rester dix bonnes minutes.
– Pourquoi est-ce qu’on a échoué ?
– Vous vous rappelez les chandelles allumées sur le chemin ? Il suffit de vaincre le golem avant qu’elles s’éteignent. Et, bien sûr, si on rate, on peut revenir en arrière et retenter notre chance. En fonction du degré de difficulté, ça peut être nécessaire car les combats prennent plus de temps.
– Hein… ?
Myne semblait confuse.
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Je croyais que c’était inutile, alors je les ai vaporisées.
– Quooooiiiiiii ?!
Au même instant, le sol s’ouvrit en deux, et nous chûmes.
– Ouuuuuaaah !
– Yaaaaah !
Nous étions tombés dans une sorte de toboggan en pierre géant, et nous descendions vite, très vite.
– My… Myne !
– M. Motoyasu !
Je tendis ma main, mais avant de pouvoir se toucher, nous fûmes séparés et envoyés dans des directions différentes.
– Où sommes-nous ?
Ma chute s’arrêta. J’allumai une torche et inspectai les environs.
Si tout ceci était similaire à mon jeu, alors nous nous croiserions…
Je me projetai la carte dans ma tête et commençai à courir.
Il ne devrait y avoir aucun monstre dans ce donjon que Myne et les autres ne soient pas en mesure de vaincre seules. Cela ne m’empêcha pas de vouloir être réuni avec elles.
– Tu comprends ?
J’entendis quelqu’un parler.
– Cet abruti doit vraiment s’expliquer. Tu vois ce que je veux dire ?
– Il se contente juste de nous reluquer. Ça me fout les jetons.
– Il a dessiné sur mon visage alors que je dormais ! Il doit apprendre sa place.
– Mais il est facile à manipuler à cause de sa stupidité. C’est un Héros, et il a de l’argent, alors nous avons le champ libre.
– Je sais !
– Mais, quand même, ce truc, hier ? Quelle horreur !
– Mon palais en souffre toujours. Cette affreuse nourriture de son monde était dégoûtante.
– Totalement !
– Et cette fille qui a voulu nous rejoindre l’autre jour ? C’était quelque chose !
– Oh, ouais ! Vous vous souvenez comment on s’en est débarrassées à cette boutique ? Je n’ai eu qu’à dire que c’était un spa, et elle a foncé, avec des menottes, qui plus est ! C’était si simple ! J’avais du mal à me retenir de rire !
Je m’en souvenais maintenant. Le thème de ce donjon était la trahison.
Il y avait 30 % de chances de croiser la route d’un monstre appelé le Lutteur du Vide, et il pouvait imiter la voix des autres membres de son équipe. Il était configuré pour dire des choses bien trop horribles pour être crues.
Bien sûr, dans le jeu, ce n’était pas réellement des voix, mais notre personnage finissait confus.
Pour moi, il semblait que Myne et les autres confessaient d’affreuses vérités.
Je tournai à un coin et me trouvai face à un grand espace ouvert.
Et les filles étaient là. Elles venaient d’achever un Lutteur du Vide sous forme de chauve-souris.
– Oh ! M. Motoyasu !
– Hé, vous allez bien ? Il y a des créatures dangereuses par ici qui jouent avec votre esprit.
– Aucun souci pour nous !
En effet, elles avaient pu tuer le monstre avant que j’arrive. Parfait.
– Que fait-on maintenant ?
– Tout va bien. Suivez-moi.
Je désignai la voie qui nous permettrait de sortir. Nous la suivîmes et aboutîmes à l’extérieur.
Nous n’avions été dans ce donjon que peu de temps, mais le soleil nous aveugla.
– Très bien, les filles, vous restez à l’entrée et veillez sur les chandelles. Moi, je trace vers le fond.
– D’accord, M. Motoyasu !
– Oui ! Nous protégerons ces chandelles de notre vie s’il le faut !
– Laissez-nous faire !
– Parfait !
Je courus dans le donjon et récupérai la Graine Miracle.
Je laissai la Lance absorber le cœur du golem et quelques pierres à côté. La Lance débloquée n’était qu’un objet récupérable guère puissant.
Le bonus d’équipement concernait mon statut. Cela pourrait s’avérer utile plus tard.
Nous retournâmes au village et donnâmes la Graine Miracle au chef.
– Qu’est-ce ?
– Une Graine Miracle qui produit de la nourriture en abondance lorsque vous la plantez. Cela résoudra votre problème de famine, alors je me suis dit que vous seriez intéressé.
– Cette… cette Graine ?
– Ouais, c’était caché au fin fond d’un donjon pas loin. Prenez-en soin.
– Mais ces ruines étaient censées avoir été scellées par un puissant alchimiste maléfique.
– Pardon ?
– Oh, ce n’est rien. Si le Héros Lancier le dit, alors ce doit être vrai.
Il sourit, et planta la Graine dans un champ.
Elle poussa instantanément, et produisit un fruit. Tout le village s’en réjouit.
– Merci infiniment, Héros Lancier !
– Ha ha ha ! Je suis là pour ça, sauver le monde !
Cela faisait vraiment du bien de secourir les gens.
– Oh hé ! Une fois que vous serez toutes deux niveau 40, on devrait retourner à la capitale pour changer votre classe.
Les quatre Héros en étaient incapables, ce qui différait du jeu. Mais Myne et les autres le pouvaient.
Le changement de classe était une cérémonie requise pour supprimer la limite maximale de niveau de notre personnage et augmenter ses statistiques.
Le rituel avait lieu au Sablier du Dragon.
Myne était douée en magie, alors, dans un jeu, elle serait sûrement devenue un mage. Dans ce cas, je devais faire d’elle une magicienne de premier plan.
De plus, je savais comment fonctionnait ce monde, je ne pouvais prendre que les meilleures décisions.
– Oui !
– Ouah ! Déjà l’heure de la classe supérieure ?!
– Excellent ! On va pouvoir vous être encore plus utiles ! On veut vous aider, M. Motoyasu !
– Vous m’en voyez ravi !
Je brandis mon poing en l’air et savourai notre victoire.
Puis, je tendis la main vers les fesses de Myne et les pinçai.
– Mais qu’est-ce donc que cela ? Oh, M. Motoyasu, j’aimerais bien que vous vous contrôliez.
– Hahaha !
Ah là là, je vous jure, ce monde était si amusant.
Je savais déjà tout ce qu’il fallait, et les filles m’adoraient.
Et puis, cette femme malveillante qui m’avait assassiné était introuvable par ici.
Que d’amusement ! Je ne pouvais cesser de rire.
La vague serait là dans six jours. Et je commençais à avoir hâte d’y être.
Voilà comment nous passions nos journées : en nous amusant et en prenant des niveaux. Nous fîmes exactement cela sur le chemin du retour.
Ce lieu était tout trouvé pour lui, un monde idéal rempli de choses excitantes. Il était heureux d’être là.
Dans Les Archives des Quatre Saintes Armes, il est dit que le Héros Lancier a une haute opinion de ses amis.
S’il continue sur cette voie, incapable de distinguer gentillesse et naïveté, quel destin l’attend ?
À cette époque, il n’était pas le vrai Héros.
Ce n’était guère plus qu’un clown.
Il n’entendait que ce qu’il voulait, et écartait ce qui l’agaçait. Sa foi en ses amis était infondée et finirait par le mener vers de grands dangers.
Qu’arriva-t-il à la ville qu’il avait sauvée ? La réponse n’est pas consignée dans cette partie de l’histoire.
Ce récit fut hérité d’un sage qui transmit un oiseau sacré.
Néanmoins, même cela n’est pas suffisant pour endiguer les grandes vagues à venir.
À la fin, tout est englouti par les vagues de la destruction…