Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 51
Avant la tempête
Traducteur : Team Yarashii
Le soleil se couchant, nous retournâmes à l’auberge et nous concentrâmes sur le traitement des blessures de Raphtalia.
Je transférai l’eau bénite dans une autre bouteille pour m’en servir afin d’humidifier des bandages. Ensuite, j’enroulai ces derniers autour de son corps.
Il y eut un chuintement, et de la fumée noire s’échappa lentement des bandages. Sa peau paraissait en bien meilleur état, mais, apparemment, la source de la malédiction se trouvait encore ailleurs. Toutefois, avec ce traitement, ses blessures étaient certaines de guérir.
— Tu te sens bien ?
— Oh, oui. Disons que… cela démange un peu, mais mes muscles sont plus détendus. C’est une sensation étrange.
— Ah…
Je désirais qu’elle se rétablisse le plus tôt possible. C’était d’autant plus important si l’on prenait en compte le fait que j’étais responsable de ses blessures.
— Les zones que vous venez de traiter me semblent en meilleur état, M. Naofumi.
— C’est bon à entendre.
Je voulais qu’elle soit entièrement remise sur pied. Combien de temps cela prendrait-il ?
— Hé, c’est pas juste ! Grande sœur fait des câlins au maître toute seule dans son coin !
Filo savait que nous essayions de guérir la malédiction de Raphtalia, mais elle ne ratait aucune occasion de lâcher une remarque irritante.
— Nous ne faisons pas de CÂLINS !
— Absolument. On tente de soigner ses blessures.
S’enlacer ? C’était l’impression qu’on lui donnait ? Et puis, d’abord, où avait-elle appris ce genre d’expression ? De toute manière, ce n’était pas ce que nous faisions. Raphtalia et moi n’avions pas ce type de relation.
— Oh… c’est parce que Raphtalia est toute noire ?
— Je ne l’aurais pas énoncé de cette manière.
Elles s’entendaient de mieux en mieux.
— Bon, la prochaine vague ne va pas tarder. Pourquoi ne pas nous rendre à la capitale, renouveler notre équipement, et nous détendre un peu ensuite ?
— D’accooooord !
— C’est une bonne idée. Nous avons été bien occupés, récemment. Une petite pause nous fera le plus grand bien.
— Ouais, c’est ce que je me disais.
— Maître, tu vas cuisiner pour nous ?
— Bien sûr. On pourra peut-être emprunter une nouvelle fois le plateau en métal du proprio de l’armurerie.
— Ouais !
Nous passâmes le reste de la nuit à traiter les blessures de Raphtalia, puis nous allâmes nous coucher.
Après plusieurs jours d’application méticuleuse d’eau bénite, Raphtalia fut complètement rétablie. J’étais tellement soulagé que cela ait fonctionné aussi vite.
Nous décidâmes d’interrompre notre activité de commerçants itinérants et retournâmes à la capitale de Melromarc pour voir ce que l’armurier avait eu le temps de fabriquer pour nous.
La vague serait bientôt là, il était donc grand temps de s’y préparer de manière optimale.
Nous arrivâmes devant la boutique à l’instant où celle-ci ouvrait ses portes.
— Tiens, mon garçon, te voilà de bonne heure.
— C’est vrai. Alors ? Quoi de neuf ?
— Venez voir.
Le vieil homme se rendit à l’arrière de son échoppe et revint les bras chargés de mon nouvel équipement.
Il était composé de morceaux d’os de dragon et de chimère : Cotte de Mailles d’Os… mais il était extrêmement semblable à ce que j’avais déjà.
C’était le genre de pièce qui irait très bien à un membre d’un gang.
Pour être franc, de loin, il avait la même apparence que mon armure actuelle, à l’exception de quelques zones plus brillantes et d’un peu de couleur ici et là.
— Mon vieux, vous essayez de faire de moi le chef d’une troupe de bandits ?
C’était sans doute lié au fait que certaines parties provenaient d’une véritable armure de brigand, mais j’aurais aimé qu’il choisisse un rendu final différent.
— Hein ? De quoi tu parles, mon garçon ?
Étais-je supposé porter cela ? Je savais que je vivais dans un univers de fantasy, mais je commençais à croire que tout ce que je mettais me faisait passer pour un sale type.
— Comment vous appelez cette pièce ?
— Eh bien, elle a été entièrement remodelée pour toi, donc je l’ignore. Que dis-tu « d’Armure de Barbare +1 » ?
— Je doute que le « +1 » parvienne à illustrer correctement tout le boulot que vous avez fait dessus.
L’ensemble tenait auparavant grâce à un matériau similaire à du denim, et ce dernier avait été remplacé par de la peau de dragon, qui ressemblait à du caoutchouc noir et brillant.
Une plaque de métal était positionnée au niveau de la poitrine. Pas de gros changement par ici.
Armure de Barbare +1 : augmentation de la défense, résistance aux attaques (moyenne), résistance au feu (élevée), résistance à l’ombre (élevée), restauration des PV (faible), augmentation de la magie (moyenne), processus de défense magique : fonction de recouvrement automatique.
L’armure possédait tout un tas de résistances.
Le recouvrement automatique parlait de lui-même. La pièce devait sûrement se réparer toute seule si elle était endommagée.
Si elle comportait un si grand nombre de fonctions, je risquais de ne jamais m’en séparer.
— Eh bien quoi, mon garçon ?
— Je me disais que vous aviez une idée derrière la tête me concernant.
Il fallait forcément qu’il y ait une raison expliquant pourquoi il me fabriquait de tels vêtements. Voulait-il faire croire aux gens que j’étais un criminel ?
— Maître, est-ce que tu me chevaucheras avec ça ? J’espère bien ! Et tu sais quoi ? J’ai trouvé des lunettes noires ! Ce serait rigolo de courir en portant tous les deux ça.
Filo me fixait du regard, les yeux scintillants. Qu’est-ce qu’elle mijotait ?
— Mon petit gars, quand cette gamine-oiseau est sous forme humaine et crie « tu me chevaucheras », ça peut prêter à confusion, tu sais.
— Vous abusez, là ! Vous savez très bien que c’est pas dans ce sens-là !
Je me demandais : avait-il conçu cette armure de sorte à m’énerver ? Était-ce une espèce de plaisanterie à ses yeux ?
— Quoi encore, mon garçon ?
Ou pas. Il semblait animé uniquement de bonnes intentions.
— Oh, euh… rien. Je vais prendre ça.
Raphtalia se tenait à l’écart, vantant à quel point j’avais la classe. Mais bon, passons.
Si je déambulais en ville vêtu ainsi, j’attirerais bien trop l’attention.
— Et maintenant, que fait-on ?
Si nous voulions devenir plus forts, il fallait trouver un moyen de promouvoir la classe de Raphtalia et Filo.
Lorsque la vague arriverait, nous allions être automatiquement invoqués. Dans ce cas, pourquoi ne pas exploiter le temps qu’il nous restait pour nous rendre dans un pays voisin et essayer d’engranger argent et niveaux ?
— Nous avons encore un peu de temps. Raphtalia, Filo, vous voulez des accessoires ?
— Des accessoires ?
— Ouais, pour mettre en valeur votre équipement. Je pense qu’on doit pouvoir mettre la main sur des trucs sympas assez facilement.
Je m’étais résolu à leur offrir une sorte de cadeau en récompense de leurs efforts. C’était le bon moment pour cela.
— Raphtalia, tu atteins l’âge où on commence à s’intéresser à ce genre de choses, non ?
— Moi ? Euh…
— Moi aussi !
— Je sais. Voilà pourquoi la question s’adressait à vous deux.
Raphtalia paraissait un peu perdue. Ma proposition était-elle si surprenante ?
— Hé ! Tu sais ce que je veux ? Une épingle à cheveux !
Alors, Filo voulait donc cela ? Quelle surprise… Je me disais qu’elle s’orienterait plutôt vers une selle ou un truc du genre.
— Une épingle à cheveux ? Pourquoi ?
— Ça me gênera pas quand je me transformerai !
Elle s’inquiétait donc toujours pour cela. Mais bon, avec ce genre d’objet dans ses cheveux, il ne devrait pas y avoir de problème.
Et, au vu de l’âge qu’elle donnait sous forme humaine, ce n’était pas du tout inapproprié, en réalité.
— Raphtalia, qu’est-ce que tu veux ?
— Moi ? Eh bien…
Elle y réfléchit un moment avant de me regarder et de répondre :
— Je désire un bracelet. Mais j’aimerais qu’il soit imprégné d’un effet spécial.
— Quoi ?
— Je souhaite posséder quelque chose qui m’aide au combat, M. Naofumi.
Que voulait-elle dire par là ? Je ne m’attendais pas à entendre une telle demande de sa part, et je mis un temps à assimiler sa requête.
Je pensais qu’elle voudrait un anneau, des boucles d’oreilles, ou encore un collier, mais finalement, son choix s’était porté sur un bracelet, avec un effet spécial en prime. J’étais convaincu que c’était ma faute, je l’avais éduquée en la poussant à penser de la sorte.
— Oh, hmm. D’accord. Je verrai ce que je peux faire.
— Moi aussiiiii !
— Oui, oui, très bien.