Isaac – Chapitre 12

« Tsk ! Selina, toujours aussi vicieuse… »

La frustration l’empêchant de réfléchir calmement, Eliza, impuissante, en était réduite à ronger ses ongles pour évacuer sa frustration. Son duel avec Selina avait tourné complètement en faveur de cette dernière à cause du parfum qu’elle avait obtenu d’on ne sait d’où. Que Philip fut si facilement tenté par un simple parfum brisa le cœur d’Eliza, mais le plus difficile était de regarder Selina séduire Philip comme une renarde poserait ses griffes sur sa proie.

Comme si l’humiliation n’était pas assez douloureuse comme ça, toutes les filles commencèrent à flatter Selina pour tenter de découvrir comment cette dernière avait réussi à se procurer du parfum, laissant Eliza continuer la bataille seule. Malheureusement, aucune méthode ne lui venait pour inverser le cours des choses une fois de plus.

« Huhuhu. Tu sembles être confrontée à un dilemme. »

« Hm ? »

Eliza fut surprise par la voix soudaine derrière elle. Elle se retourna, seulement pour voir le visage d’Isaac. Un soupçon de dégoût pouvait être vu dans les yeux d’Eliza.

« Qu’est-ce que tu veux ? »

« Tu n’as pas besoin d’être si tendue. »

« Hm. Je ne suis pas tendue. Je suis juste irritée par le fait que tu m’adresses la parole si familièrement. »

Isaac sentit son humeur s’enflammer face à l’insulte brutale d’Eliza, mais il se rappela le dicton « les clients ont toujours raison ».

« J’avais une proposition pour vous aider à gagner le cœur de votre cher et tendre Philip, mais puisque vous ne me semblez pas intéressée… »

Eliza appela Isaac alors qu’il faisait mine de partir. Il n’était peut-être pas digne de confiance, mais elle n’était pas en mesure de refuser de l’aide.

« Attend ! Que veux-tu dire par là ? »

– Elle a pris l’appât! – pensa Isaac qui faisait de son mieux pour cacher son sourire. 

« Rien en particulier. C’est juste qu’en vous voyant dans une telle détresse, j’ai pensé que je pourrais vous donner un coup de main. Ceci dit, je demanderai un paiement en retour. »

Eliza commença à peser le pour et le contre. Isaac voyait clairement qu’elle n’était pas sûre de pouvoir lui faire confiance.

« Bien ! Commençons d’abord par écouter ce que tu as à dire. »

« Huhu, vous semblez avoir compris que Selina a réussi à se rapprocher de Philip grâce au parfum, n’est-ce pas? »

Au moment où Isaac mentionna le nom de sa rivale, les yeux d’Eliza tremblèrent de rage avant que cette dernière ne serre les dents pour contenir ses émotions. Isaac tressaillit et recula devant cette version d’Eliza.

« Hum, pour contrer Selina, il vous faut un article de même qualité que son parfum. »

L’expression d’Eliza changea et bientôt, elle hocha la tête comme si elle avait tout compris.

« Dire que je n’ai pas compris plus tôt quelque chose d’aussi simple. Tu dois être celui qui a donné à Selina son parfum. Très bien, écoute-moi. Je me fiche de combien ça coûte, mais apporte-moi un parfum qui fera honte à Murmure du Printemps. »

« Le problème ici, c’est que tout le monde est trop intelligent. »

Isaac se senti menacé en voyant Eliza déduire si facilement qu’il était le coupable de la vente de produits de haute qualité dans le campus. L’idée d’Isaac pourrait sans nul doute lui rapporter beaucoup, mais sa situation resterait la même si jamais l’un de ces futurs génies haut placé venait à s’emparer de sa nouvelle entreprise. Isaac agita son doigt de gauche à droite tout en se disant qu’il devrait être plus prudent la prochaine fois.

« Ce n’est pas la bonne marche à prendre. Ce qui est important, c’est d’être la première. Puisque Mademoiselle Selina utilise déjà le parfum, utiliser la même méthode ne montrerait nullement votre originalité, puisque vous ne feriez que suivre la tendance. Vous devez aborder cette situation avec un autre angle de vue. »

« Quand vas-tu me dire ce que tu as en tête ? »

Isaac sourit à la question d’Eliza.

« Aimez-vous cuisiner, par hasard ? »

Les chefs cuisiniers employés à la cafétéria des étudiants servaient aussi d’instructeurs de cuisine aux étudiants. En raison des règles strictes du campus n’autorisant que les étudiants et les instructeurs en son sein, ses créateurs proposèrent aux chefs les plus célèbres de l’Empire de venir enseigner leur savoir. Ceci dit, ils n’avaient d’instructeur que de nom car ils ne faisaient en fait que préparer les repas pour des étudiants. Cela enfreignait les règles, mais s’ils ne le faisaient pas, tout le monde sur le campus devrait manger les repas dégoûtants et maladroits préparés par les étudiants eux-mêmes.

Un arôme sucré et délicieux emplit la cuisine de la cafétéria étudiante, réservée grâce aux efforts de Mazelan.

« Huh, je dois dire que c’est inattendu. »

Isaac déclara sa surprise alors qu’Eliza lui apportait les produits finaux. Pourquoi est-ce qu’une fille de noble aurait-elle besoin de se salir les mains ? Isaac mangea l’un des biscuits pour vérifier la saveur du plat proposé par Eliza.

C’était croustillant à l’extérieur, mais l’intérieur était moelleux à souhait. Les petites noix saupoudrées sur le biscuit bien cuit ont enrichi la saveur à un niveau qu’Isaac n’avait jamais eu le plaisir de savourer.

« Miam, délicieux. »

« Bien sûr ! Faire des biscuits avec ma mère est mon passe-temps depuis que je suis enfant. »

Eliza sourit fièrement en regardant les biscuits sur la table, mais Isaac secoua la tête et énonça aussi la vérité aussi froidement que possible. 

« Mais c’est un échec. »

« Quoi ! Quel pourrait être le problème de mes cookies ? »

« Ils sont parfaits. »

« Évidemment ! Même les célèbres boulangeries de Gabelin m’ont supplié pour la recette. »

« C’est le problème. C’est trop délicieux. »

« Hein ? »

« Une noble dame a cuisiné des biscuits et ces biscuits sont si bons qu’ils pourraient provenir d’une boulangerie réputée. Les gens ne croiront jamais que vous les avez faits vous-même. »

C’était exaspérant, mais elle le savait. Beaucoup de nobles estimaient que la nourriture était quelque chose qui apparaissait comme par magie en demandant aux chefs cuisiniers à leur disposition. Même Eliza n’aurait rien su de la cuisine sans sa mère.

« La chose la plus importante est la personne qui mangera vos biscuits ! »

«… ?»

« Pensez-y. Une femme demande à un homme de manger des biscuits qu’elle a faits elle-même. Cela revient à dire « j’ai des sentiments pour vous ! ». Mais ces cookies tellement bons qu’il serait facile dde croire que c’est l’œuvre d’un professionnel ! Il faut éviter ça à tous prix. Il ne croira jamais que vous les avez faits vous-même. »

Eliza hocha la tête, Isaac avait raison et elle le savait. Elle demanda à Isaac de continuer, alors Isaac commença son discours avec passion.

« Maintenant, que pensez-vous de ça ! Cette même femme approche l’homme avec un soupçon de gêne. Elle fait une pause pendant un moment, puis lui donne des biscuits joliment emballés et lui demande de manger ces biscuits faits avec amour. L’homme paraîtra hésitant en apparence, mais son cœur sera submergé de bonheur. »

« Oh ! »

« Mais il y a une clé ! La clé est la maladresse et la passion. »

« De la maladresse et de la passion ? »

« C’est vrai ! Selon vous, lequel laisse une impression plus forte ? Donner les biscuits avec des mains parfaitement fines ou avec des mains coupées et enveloppées dans des bandages ? »

« De toute évidence – »

« Oui ! Les biscuits qui avaient été préparés malgré les blessures ne manqueront pas de susciter plus d’intérêt. L’homme remarquera clairement les mains blessées et lui en demandera la raison. Elle cachera alors ses mains, de honte, et faire semblant d’essayer d’éviter la question. Mais même le plus stupide des idiots comprendra que les blessures se sont produites lors de la fabrication des biscuits. Ensuite, l’homme tombera dans un gouffre d’émotions en sachant que vous avez fait de grands efforts pour lui donner ces biscuits ! »

« Ohoh !»

« Le goût n’est pas important. Non, tant que ce n’est pas dégoûtant et qu’il est comestible, tout ira bien. Ce plan ne devrait pas être fait en une seule journée ! Après deux fois ou trois fois, tout en améliorant le goût, l’homme n’aura d’autre choix que de ressentir l’amour dans les cookies, et que cette fille met son cœur dans sa cuisine pour améliorer le goût rien que pour lui. »

« Oh oh oh ! »

Se sentant enhardi par les réactions positives d’Eliza, Isaac prêcha à Eliza comme un maître de culte lavant le cerveau de ses disciples.

« Maintenant ! Êtes-vous prête à gagner l’amour de votre vie ! »

« Oui ! »

« Êtes-vous prête à vous blesser la main quoi qu’il arrive pour conquérir le cœur de votre bien-aimé ! »

« Oui ! »

« L’amour ne vient pas à ceux qui attendent ! C’est quelque chose pour lequel on doit se battre ! Êtes-vous prête à prendre votre revanche sur Selina ? »

« Oui chef ! »

Eliza était tellement captivée par le discours qu’elle ne se rendit même pas compte qu’elle avait commencé à l’appeler chef. Et ces sentiments se sont rapidement transformés en motivation pour sa cuisine.

Isaac réfléchit à ses choix de vie, se demandant comment il s’était retrouvé dans une situation où il donnait des conseils pour une romance au lycée. Mais c’était quand même amusant.

À la fin de la journée, le plan d’Isaac fut un succès. Philip est tombé amoureux des biscuits d’amour d’Eliza, et tout ce que Selina pouvait faire était de regarder avec colère son amour lui être enlevé, car elle n’avait rien à reprocher.

Et contrairement à Selina, Eliza vanta les éloges de celui qui avait à la fois fourni le parfum pour Selina et des conseils pour Eliza. Grâce à la publicité d’Eliza, les affaires d’Isaac décollèrent.

« Tu veux que je participe à ton entreprise ? »

Gonzales ne pouvait pas cacher sa confusion. Ce furent les premières paroles qu’Isaac prononça après qu’il ait emmené Gonzales dans un coin pour parler de quelque chose.

« Soupir, désolé de te décevoir, mais le Campus est strict avec ses commissions. » lui répondit Gonzales.

« J’en suis conscient. »

« Non, je te le dis parce que tu ne sembles pas le savoir. J’ai apporté ce parfum pour toi parce que c’était difficile de te dire non, mais c’était très dangereux. Penses-tu être le premier à essayer d’apporter des marchandises de l’extérieur pour les vendre aux étudiants à un prix élevé ? Si tu te fais prendre, tu seras puni sur-le-champ sans passage devant un tribunal. »

« Je ne savais pas que la punition était si sévère. »

« C’est pourquoi je te dis d’arrêter avec les stratagèmes inutiles. »

« Mais ces règles s’appliquent lorsqu’un étranger, un homme qui ne fait pas partie du Campus, essaie de faire un profit avec les étudiants, n’est-ce pas ? »

« Hm ? C’est correct… où veux-tu en venir. »

« Le Campus aurait-il des règles interdisant le commerce entre étudiants ? »

« J-Je crois ? »

« C’est le cas. L’échange de biens contre de l’argent est interdit entre étudiants. »

Gonzales grimaça. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’Isaac se moquait de lui.

« Je suis certes étudiant, mais comme je ne suis inscrit dans aucune des écoles, ils ne peuvent pas non plus m’appliquer de règles. C’est pourquoi je ne pouvais rien dire non plus sur l’intimidation.

Gonzales était bien conscient des passages à tabac réguliers d’Isaac. Il se sentait vraiment désolé car il ne pouvait rien faire pour lui.

Quand Isaac vit Gonzales hocher la tête, Isaac fit un grand sourire.

« Tu te souviens de tous les produits que je t’ai demandé de me rapporter ? »

« Hm ? »

« Je les ai déjà tous vendus. »

« En seulement deux jours ?! »

Les yeux de Gonzales s’écarquillèrent. C’était certes des produits de haute renommée, mais la quantité qu’il avait apportée rendait difficile à croire qu’Isaac ait put tout vendre en l’espace de deux jours.

« Cela signifie simplement qu’ils sont demandés à ce point. Comme tu peux t’en douter, j’ai réalisé un bénéfice décent, et ce, même après avoir inclus les frais d’obtention des marchandises, de transport et autres frais divers. »

«C-combien? »

« Au moins trois à quatre fois mon investissement ? »

« C’est incroyable ! »

« J’ai entendu dire que ton auberge ne va pas très bien. Je suis également conscient que tu es inquiet à propos de l’éducation de tes enfants. Je vais te donner une opportunité. Je te rembourserai le double du coût total des marchandises que tu m’apportes. »

« Vendu ! »

Ces derniers mots d’Isaac aidèrent Gonzales à se décider. La raison pour laquelle Gonzales avait repris son poste de marin était à cause de la crise financière auquel il faisait face. A chaque fois qu’il voyait sa femme soupirer à propos de leur avenir incertain, c’était comme si on lui enfonçait un poignard en plein cœur. Une opportunité de doubler ses revenus pour une simple livraison était une tentation à laquelle il ne pouvait résister.

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Rapport sur la cible de surveillance 728

Niveau de surveillance : 5

En dépit du lynchage subit par la cible de la part des autres étudiants, il semble que la cible n’ait pas décidé d’abandonner le campus. Cela va à l’encontre de nos prévisions, de plus il semble que la cible ait créée une entreprise ciblant les étudiants. Selon la discussion avec l’équipe juridique, l’activité de la cible est illégale du point de vue de la loi de l’Empire, mais rendue légale en raison de son statut particulier. Les agents de terrain ont reconnu une extrême ingéniosité de la part de la cible qui montre d’ailleurs une tendance à abuser des failles de la loi à des fins lucratives. Ils demandent une analyse plus approfondie pour voir si son ancienne personnalité correspond à l’actuelle et suggère une augmentation du niveau de surveillance.

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Ordres sur la cible de surveillance 728

La cible était largement réputée comme étant stupide, introvertie et suicidaire, mais étant donné que ces faits ont été délibérément divulgués par la famille elle-même, il est possible que la cible ait préféré faire profil bas jusqu’à maintenant.

Si tel est le cas, la cible est extrêmement intelligente et sage et est suffisamment sournoise pour cacher sa vraie personnalité à un si jeune âge. Mais en raison du manque d’information précise dans son ensemble, la situation ne permet pas de juger la cible uniquement sur ses capacités mentales. Les ordres sont de continuer la surveillance sans augmenter le niveau de surveillance.

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L’un des agents de terrain a déjà approché la cible 728 avant qu’un ordre des hautes autorités n’ait été transmis. Impossible de se retirer pour éviter la fuite d’informations classifiées. Demande d’interrogation de la cible ou d’une surveillance étroite.

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Impossible d’augmenter le niveau de la cible. Surveillance étroite approuvée, rejet de la mission de d’interrogation de la cible. Le non-respect de cet ordre entraînera un avertissement.

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« Est-il temps de commencer ? »

Isaac, assis dans une confortable chaise, profitait du coucher de soleil avec une tasse de jus d’orange à la main. Il avait l’air d’être en vacances.

Six mois après avoir commencé son entreprise en vendant un parfum à Selina, son activité s’était finalement stabilisée. Les principaux clients d’Isaac étaient des femmes. Il ne chercha pas à abuser du fait qu’il s’agissait d’un monopole, mais venda simplement un peu plus que ce que tout le monde aurait accepté comme juste prix après avoir considéré les frais de livraison et la nature isolée du Campus. En vérité, la part d’Isaac après avoir payé Gonzales était si petite qu’elle pouvait tout aussi bien être considérée comme un pourboire.

Cependant, l’objectif principal de ce plan n’était pas de gagner de l’argent. L’objectif était de gagner suffisamment de pouvoir au sein du Campus pour que personne n’ose le déranger, lui donnant la vie paisible qu’il avait toujours voulue.

Les nobles de l’Empire pouvaient entrer sur le campus sans passer aucun examen, et c’était là leur seul privilège. S’ils ne montraient pas de talent, leurs noms étaient voués à être supprimés des registres de l’école. C’est pourquoi certains nobles abandonnaient très tôt en demandant à être transférés dans une autre école. Certains venaient pour faire honneur à leur famille tandis que d’autres étaient entrés sur le campus uniquement pour le plaisir, pour se rendre compte de la différence entre eux et les autres, ceux prêts à tout sacrifier dans leurs études pour un futur pavé de succès.

Shuren, Louis et Bohrden faisaient partie de ces derniers. Ils refoulaient leur complexe d’infériorité en intimidant les roturiers ou en harcelant sexuellement les étudiantes de naissance roturière.

« Ah, je m’ennuie. Je n’ai pu me défouler depuis un moment… Où se cache ce bavard d’Isaac ? »

« Je me le demande aussi. On ne peut même pas aller le bousculer ne serait-ce qu’un peu puisqu’il nous est interdit d’entrer dans le port. Ha ! Il doit surement avoir trop peur pour en sortir. »

« C’est vrai, mais avez-vous remarqué que toutes les filles sont devenues plus jolies ces derniers temps ? »

« Ouais. Je ne sais pas comment, mais on dirait qu’elles ont dû mettre la main sur du maquillage. »

« Où auraient-elles pu s’en procurer ? »

« Qui ça intéresse ? C’est bon pour nous. J’ai pas raison ? »

Ils ricanaient entre eux alors que la conversation devenait de plus en plus vulgaire. Ils se racontèrent leurs « exploit », comme la fois où l’un d’eux avait jeté un coup d’œil sur une fille quand elle se changeait ou comment un d’autre avait attrapé les seins d’une autre fille – une conversation pleine de vantardises qui aurait fait honte à n’importe qui d’autre.

Mais à un moment donné, Louis remarqua un visage familier.

« Hein ? Ce ne serait pas Isaac que je vois là ? »

« Je n’y crois pas !? Il revient après tout ce temps ? Tant mieux, ça fait un moment que je ne me suis pas défoulé. »

« Nous ferions mieux de lui faire un accueil des plus chaleureux ! »

Ils se jetèrent en groupe sur Isaac et l’un d’eux lui asséna un violent coup de poing dans le ventre. Isaac se roula sur le sol, se disant qu’il avait de la chance que ces trois faibles soient de l’École d’administration. Isaac pensait qu’il serait hospitalisé à ce stade s’ils venaient de l’école militaire.

« Oh ! Beau coup de poing ! »

« J’aurais peut-être dû aller à l’école militaire au lieu de l’école d’administration. »

Isaac était triste que ces trois-là soient ses juniors. Il était préparé à cela, mais cela l’irritait toujours.

« Oi. »

« Oi ? »

Les trois lancèrent des regards perplexes. Peu importe à quel point ils sont crétins, ils ne sont encore que des enfants. Lorsqu’un jouet se comporte différemment de ce à quoi on s’attend, l’enfant est surpris.

« On dirait bien qu’il a fini par perdre la raison. »

« Hé, hé. Ne sois pas si méchant. Qui sait ? Peut-être qu’il a pratiqué des arts martiaux pour apprendre à se défendre pendant qu’il s’était reclus au port. »

« Oh mon Dieu, j’ai peur. Peut-être que je devrais le laisser me frapper une ou deux fois pour voir. »

Isaac soupira, regardant les trois rire comme des hyènes.

« Oi, vous les juniors. »

« Juniors ? Tu te crois supérieur à nous maintenant ?! »

-Gifle- La main de Shuren frappa impitoyablement la joue d’Isaac. Isaac sentait le goût du sang sur sa langue.

Cette gifle avait été si violente qu’Isaac en cracha du sang, de dernier regarda autour de lui pour s’assurer qu’il n’y avait personne. Puis il répondit aux trois avec un regard froid.

« Je sais que vous vous frottez à moi à cause de votre putain d’infériorité, mais pourquoi sortez-vous dehors pour ruiner ce beau monde ? Retournez dans votre chambre et croupissez-y, car c’est tout ce que vous méritez. Et regardez bien dans le miroir pour voir à quel point votre existence est inutile dans ce monde. »

Les trois étaient tellement choqués que tout ce qu’ils pouvaient faire était de rester bouche bée en silence, comme des poissons rouges. Isaac continua avec un sourire.

« C’est trop difficile à comprendre ? Peut-être que je ne devrais pas essayer de vous parler comme un noble. Dois-je me mettre à votre niveau ? Va b**** ta mère, tu me les brises au plus haut point. »

« Putain d’enfoiré ! »

Bien que les provoquer faisait partie de son plan, il décida d’en rajouter un peu plus que nécessaire. Isaac se moqua des trois étudiants en colère, et ils tombèrent dans son piège.

« Venez à moi, enc***. Ou peut-être que vous avez trop peur pour ça ? Je suppose que ces boules servent juste de décoration. »

« Kuaaak ! »

Alors que les trois hurlaient à pleins poumons et sautaient sur Isaac, il se recroquevilla sur le sol.

****

« Qu’entends-tu par « j’arrête de vous vendre mes produits » ?! Je suis à court de parfum ! »

« Penses-tu sérieusement qu’un simple remboursement va te permettre de t’en tirer ? »

« J’ai attendu si longtemps et tu me dis ça maintenant ? »

Les étudiantes qui étaient venues récupérer leurs produits cosmétiques auprès d’Isaac étaient révoltées. Il semblait ne pas pouvoir supporter l’agitation des filles, mais en vérité, il souriait au fait que les étudiantes réagissaient exactement comme il l’avait prévu.

Presque un an s’était écoulé depuis le démarrage de cette entreprise, et maintenant Isaac était irremplaçable pour les femmes du Campus.

La manière dont les trafiquants de drogue vendent leurs médicaments est simple. Ils vendent leurs drogues à un prix extrêmement bas au début. Ensuite, plus leurs clients en deviennent dépendants, plus ils en augmentent également le prix. Les clients devenus addicte n’ont pas d’autre choix que d’acheter le médicament, quel que soit le prix. C’est pourquoi la dépendance doit être évitée à tout prix et que de telles offres doivent être refusées dès le départ.

Les affaires d’Isaac ressemblaient à un trafic de drogue. Elles tombent tous dans le dilemme du prix élevé et du prix réel, mais une fois qu’elles y « goûtent », elles reviennent toujours.

Amener assez de produits cosmétiques pour un an aurait été impossible d’abord à cause du poids. Les serviteurs ne pouvaient que les aider jusqu’au Gabelin, mais à partir du moment où elles montaient sur le navire, elles devaient déplacer les sacs eux-mêmes. La partie la plus difficile aurait été entre le débarquement du navire jusqu’à leur chambre dans la pension. Même après tous ces problèmes, elles ne pouvaient pas durer plus de quelques mois.

Mais maintenant, grâce à Isaac, elles pouvaient obtenir n’importe quelle marchandise à tout moment, réduisant ainsi les bagages inutiles qu’elles devaient transporter. Il était vrai qu’elles devaient payer beaucoup plus que ce qui était nécessaire, mais c’était un petit prix pour l’extrême commodité que cela apportait. Mais maintenant, il voulait arrêter son entreprise ? Elles ne pouvaient le permettre.

« Comme vous pouvez le voir, je suis assez blessé. »

Et c’était un euphémisme. Isaac les avait délibérément nargués pour recevoir des coups aussi féroces que possible. Ils le frappèrent tellement fort qu’il était au bord de la mort. Si Mazelan ne l’avait pas trouvé, Isaac aurait pu mourir.

« C-c’est regrettable. Si tu veux, je peux te présenter à un de mes amis qui se spécialise en médecine. Tu pourras prendre les commandes une fois traité, n’est-ce pas ? »

Ces mots ont apporté de l’espoir aux yeux des autres filles. Malgré leurs yeux optimistes, Isaac secoua lentement la tête.

« Le problème n’est pas de traiter la plaie. En toute honnêteté, il me faut même beaucoup de courage pour ne serait-ce que sortir du port. La pensée de le quitter me fait très peur, mais j’ai trouvé le courage pour vous, mesdames, même si vous ne savez pas pourquoi je déteste quitter venir ici. Je n’ai pas d’autre choix que de venir ici car vous ne pouvez pas entrer dans le port, mais il y a certaines personnes qui me tendent embuscade après embuscade dès que je le quitte… »

« Qui sont-ils ? »

« Dire qu’il y a des gens qui s’abaissent à une telle violence sur le Campus, le centre des universitaires ! C’est une insulte au nom de Campus ! »

« Comme vous le savez bien, je ne peux pas riposter à cause de la situation dans laquelle je me trouve. Mais il y en a trois qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour me maltraiter. J’ai été tellement battu par eux que je vois leur visage à chaque fois que je ferme les yeux. Il s’agit de Shuren, Louis et Bohrden de l’École d’administration. »

« Ah ! Je les connais ! Ce sont des ordures qui auraient dû être virés dès le premier jour ! »

« J’en ai aussi entendu parler ! Ils suivent et harcèlent les roturières comme des chiens en chaleur ! »

« Shuren est le deuxième fils de la famille Earl Borco, n’est-ce pas ? »

« Louis et Bohrden sont de la famille du vicomte Segan et du Baron Luco qui sont les vassaux de la famille Earl Borco. »

« Hmph ! Ceux qui se ressemblent s’assemblent. »

Alors que les filles les insultaient sans interruption, Isaac ajouta quelques mots supplémentaires pour alimenter leur colère.

« Et ils ont réussi à découvrir les commandes que vous faisiez et m’ont dit de les leur remettre. Ils ont dit qu’ils les livreraient à la place… Apparemment, ils vont s’en servir en les donnant aux filles qu’ils aiment pour essayer de les séduire… »

« Quoi ! Ces déchets ont vraiment perdu la tête ! Comment osent-ils penser que l’on peut nous acheter si facilement ?! »

« Ah ! Je n’ai jamais été aussi insultée ! »

« Ils sont répugnants ! »

« Ils ont même dit qu’ils pourraient même séduire toutes les femmes de l’université… »

Ces derniers mots eurent l’effet escompté. Les étudiantes de l’université étaient les idoles de toutes les filles du campus. Lorsque les filles sentirent leurs idoles insultées, leurs sentiments dépassèrent la colère et se transforma en intention meurtrière.

« Ne t’inquiétes pas. Nous nous en occuperons. Peux-tu reprendre les commandes une fois cela réglé ? »

« Bien sûr. J’attendrai ce moment avec plaisir. »

Isaac sourit, regardant les femmes partir.

« Tu es quelque peu effrayant, tu sais ? »

Mazelan, qui regardait depuis un coin, parla à Isaac. Il savait que ce moment précis était la raison pour laquelle Isaac avait lancé son entreprise. Il savait que c’était ce pourquoi il avait volontairement provoqué ces idiots au lieu de devoir continuer à les éviter. Isaac avait utilisé ces blessures comme preuve pour cacher les mensonges dans ses aveux. Il avait observé Isaac passer un an à bâtir sa réputation parmi les filles du Campus avec minutie, rendant impossible à quiconque de douter de lui. Aujourd’hui se concrétisait la vengeance d’Isaac, et ces trois-là deviendraient un exemple pour tous les hommes du Campus. Le message était simple : « ne venez pas me déranger ». Mazelan se rappela les mots qu’Isaac avait prononcés devant le directeur du Campus : « je veux vivre une vie paisible ».

« Sais-tu quelle est la chose la plus simple au monde ? »

«…»

« Manipuler les idiots pour faire le sale boulot. »

Mazelan se sentit soudain mal à l’aise devant le sourire d’Isaac.

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