NORDEN – Chapitre 155

Chapitre 155 – Épilogue

Le soleil déclinait à l’horizon. Sous la lueur du crépuscule, le ciel constellé d’étoiles émergentes arborait de jolies couleurs aux teintes orangées tirant sur l’outremer. Les oiseaux gazouillaient paisiblement, perchés en haut des arbres dont les branches, presque nues, étaient parsemées de feuilles ocrées et brunes. L’éternelle brume automnale commençait à s’élever, baignant le paysage de ses vapeurs et emportant avec elle un agréable parfum d’humus et d’embruns. L’air frais, légèrement humide, déposait des gouttes sur les carreaux des vitres de cette modeste demeure située au beau milieu des champs, isolée dans cette campagne endormie.

Alexander, vêtu chaudement de son épaisse veste sombre, se tenait dans le jardin, assis sur un banc. Ses longs cheveux noirs, laissés détachés, épousaient le mouvement de la brise légère. Accoudé au tronc d’un vieux chêne, il tenait aux creux de ses mains un stylographe ainsi qu’un livre en reliure de cuivre ouvert à la première page. L’encre noire, tout juste déposée, illustrait dans le coin supérieur droit les armoiries aranoréennes du Cerf et de la Licorne, le nom de l’auteur : monsieur le baron Alexander von Tassle ainsi que la date Octobre 311. Au centre de la feuille était écrit en écriture fine et calligraphiée : L’Histoire et l’émergence d’un peuple, avec comme sous-titre L’influence de la lignée des H – Généalogie d’une famille particulière.

Les yeux fatigués, il fit une pause et contempla sereinement le paysage. Un sourire au coin des lèvres, il regardait d’un œil amusé sa fille Adèle, fraîchement revenue de son second voyage en terres noréennes, jouer avec Anselme. Le corbeau enchaînait les pirouettes dans les airs à la manière d’un cerf-volant. Son plumage soyeux reflétait les rayons iridescents du soleil couchant. L’oiseau exécutait les ordres de la Sensitive qui riait aux éclats. La petite était revenue fort changée de son séjour. Proche de ses onze ans, elle était particulièrement élancée et musclée pour son âge. Ses cheveux blancs tressés étaient couverts de plumes et de perles. Elle portait une grande cape en fourrure de phoque, cadeau de son nouveau chef, assortie à ses gants et à sa tunique d’un bleu sourd.

La chienne Désirée s’endormait aux pieds de son maître, allongée dans l’herbe. Elle se frottait contre ses jambes et grognait afin d’attirer son attention. L’homme se baissa et la gratifia d’une caresse sur le flanc. Un fin anneau doré de noble facture ornait son annulaire. Ambre le rejoignit. Elle était emmitouflée sous un épais manteau rouge et marchait d’un pas tranquille, tenant entre ses mains deux tasses de thé fumantes. Elle s’installa à ses côtés et lui tendit la boisson tout en lui adressant un sourire chaleureux. Elle le contempla amoureusement puis posa la tête contre son épaule, la mine rêveuse. À moitié endormie, elle baissa les yeux et observa son médaillon cuivré tout juste lustré. Autour du chat à la queue dressée, il était incisé en fines lettres allongées : Madame Ambre von Tassle.

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