Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 265.5.2

La Seconde Entrevue Officieuse ②


Les chapitres de Kumo ont officiellement repris. En espérant que je sois plus régulier cette fois-ci (ce à quoi les chapitres d’avance que j’ai traduit en Aout devrait aider), les chapitres devraient sortir tous les mercredis. Vous pourriez avoir envie de vous rafraichir la mémoire en relisant le dernier chapitre, cela fait quand même un mois. Quoi qu’il en soit, bon chapitre à tous !


Note : Bien que l’Auteur ne l’a pas précisé comme il en a l’habitude, ce chapitre est narré du point de vue de Wrath.


En entendant mes paroles, les expressions des représentants humains se détériorent sans attendre. Je suppose que j’aurai du m’attendre à ce que le pape soit le seul à conserver son sang-froid face à une telle déclaration. Kusama, mon ancien camarade, est tout particulièrement abasourdi, au point de rester bouche ouverte sous l’effet de l’étonnement.

Toutefois, mon attention ne se porte pas vraiment sur le groupe d’humain mais plutôt sur mes collègues. Je profite de l’occasion pour jeter un coup d’œil à l’expression du reste des représentants des démons. Commençons par Sophia. Son expression est si facile à lire qu’elle aurait aussi bien pu marquer en toutes lettres ‘Qu’est-ce qu’il raconte encore, cet idiot, est-il suicidaire ?’ sur son front. Sa tendance à exprimer volontiers ses sentiments, que ce soit par son expression ou ses paroles, fait d’elle la plus facile à comprendre du lot. Le problème se pose chez les deux autres. Du côté de Shiro, sans surprise, il n’y a eu la plus petite réaction. Rien ne la déconcerte jamais, après tout. En revanche, le Roi-Démon, Ariel-san, laisse, elle, paraître un léger sourire du coin de ses lèvres.

Ce matin a marqué ma première rencontre avec l’actuel dirigeant des démons. Et bien que, à l’époque, les deux réincarnées m’avaient déjà parlé d’elle, cela reste malgré tout notre premier face-à-face. Enfin, parler d’elle est un bien grand mot dans le cas de Shiro-san, qui n’a fait qu’évoquer son existence en passant, Sophia-san ayant, elle, été bien moins avare en détails. D’après la vampire, c’est une douce et gentille personne venue à son secours lorsqu’elle était encore un nourrisson et faisait face à un danger mortel, ce bon samaritain ayant même pris soin d’elle au mieux de ses capacités par la suite.

Cependant, après l’avoir finalement rencontrée en chair et en os, mon impression d’elle est pour ainsi dire tout l’opposé des termes qu’a utilisé la vampire. Ce n’est pas un ‘bon samaritain’, ni même une ‘douce et gentille’ personne, loin de là. Pour vous dire la vérité, elle ne mérite même pas d’être qualifiée de ’personne’.

« Salut, je suis vraiment, vraiment ravie de te rencontrer. Je suis Ariel, le Roi-Démon, ou bien peut-être le Seigneur-Démon… je ne sais plus trop. Quoi qu’il en soit, sens toi libre de m’appeler Ariel-chan, okay !

Malgré sa joyeuse présentation, jamais je n’aurai le courage d’utiliser le suffixe -chan, comme elle semble tant le désirer. Je devais déjà puiser dans mes dernières forces pour empêcher mes muscles faciaux de se contracter. Évaluation était cette fois inutile, un simple regard sur cette… créature se faisant passer pour une petite fille m’avait fait comprendre l’immense fossé nous séparant.

Et il ne m’a pas fallu plus longtemps pour découvrir qu’elle n’est absolument pas le genre de personne qu’a décrite Sophia-san. La raison en est très simple, son corps dégage une odeur de macchabée aussi dense que putride et qui, bien qu’intangible, indique à elle seule la quantité de vie que ses petites mains ont déjà prise. Bien sûr, ce n’est qu’une impression, elle ne dégage pas réellement une telle odeur. Toutefois, mon passé de meurtrier me permet d’une certaine façon de discerner ceux qui me ressemble. Et bien que je parle de ressemblance, ma propre odeur ne peut espérer se comparer un instant à cette puanteur, cette pestilence qui l’entoure.

Sophia-san, le dieu appelé Kuro et enfin Shiro-san. Voilà, jusqu’à présent, ceux que j’ai rencontré et qui me dépasse en puissance. Mais, même au sein de ce cercle restreint incluant une véritable divinité, personne ne m’a jamais infligé une terreur mortelle aussi intense. Il est très probable que, si un tournoi de pure puissance se voyait organisé entre eux, le grand vainqueur se déciderait entre Kuro et Shiro-san. Toutefois, Ariel possède une ‘qualité’ unique, elle ne dégage aucune hésitation. Aucune hésitation à tuer, je précise.

C’est une anxiété bien différente de celle que me fait ressentir Shiro-san. Ce qui me trouble chez la dame en blanc, c’est ma parfaite incapacité à déchiffrer ses pensées, ses sentiments. Toutefois, l’angoisse que provoque en moi Ariel-san est tout l’opposé. Ce qui me fait peur, c’est de savoir exactement ce à quoi elle pense. Le Roi-Démon possède un but clair et ne fait pas le moindre effort pour cacher son intention meurtrière. Si quiconque devait s’interposer entre elle et son objectif, je suis convaincu qu’elle s’en débarrassera sans la moindre hésitation.

Cela pris en compte, j’ai maintenant le choix entre deux attitudes. La première, observer attentivement la situation s’en agir ni m’impliquer de la moindre façon ou, dans le cas contraire, coopérer. Après de longues délibérations, j’ai finalement choisi de coopérer avec Ariel-san et, subséquemment, avec Shiro-san.

Ce serait mentir que de dire que je n’ai aucun doute. Après tout, Shiro-san me cache encore de nombreux secrets et je ne suis moi-même pas persuadé d’avoir fait le bon choix. Néanmoins, il serait peut-être temps de prendre une décision et de me mettre au travail. Comme l’a très bien dit le pape assis face à moi lors de notre dernière rencontre – je me dois d’être diligent si je veux éviter de créer inutilement des montagnes de cadavres. Je veux, tout comme lui, suivre une voie conférant un sens à la mort de toutes ces personnes dont le sang couvrira à jamais mes mains.

Bien entendu, ce n’est qu’un désir égoïste. Est-ce que mes victimes accepteraient un tel résonnement ? Rien n’est moins sûr. Mais, quelle que soit la réponse, cela reste toujours mieux que de me lamenter dans un coin. Et cela même si cette décision me conduit à me salir une fois de plus les mains.

« Eh bien, vous l’avez entendu – faites de votre mieux, humains. Évitez de vous montrer trop imprudent, vous savez, Wrath-kun pourrait très bien finir par tous vous anéantir à lui tout seul si vous ne le prenez pas au sérieux. Il en est parfaitement capable. »

L’air amusée, Ariel-san en rajoute une couche, provoquant les membres de la Religion de la Parole Divine dont les visages ont déjà perdus toute leurs couleur à ma déclaration. Bien que rien ne lui aurait permis de connaître à l’avance la déclaration que je comptais faire, elle en profite pour faire avancer les négociations dans la bonne direction sans rien révéler de sa propre réaction à ma proclamation surprise. Comme je le pensais, se laisser tromper par son apparence et son comportement enfantin serait une très grosse erreur, peut-être la dernière de ma vie.

« Eh bien, maintenant qu’on n’en a fini avec ce sujet, je suppose qu’il ne reste aucun point dont nous devons particulièrement discuter, pas vrai ? Pour être franche, en mettant de côté notre ennemi commun, les elfes, il est de toute façon naturel pour nos deux camps de s’entre-tuer. Ah, au cas où vous voudriez nous contacter, je suppose que je devrais laisser quelqu’un. Hum. Que dites-vous de cette enfant, si quoi que ce soit arrive, il vous suffira de lui en parler. Marché conclu ? »

Ce faisant, le Roi-Démon invoque un monstre. Je dis bien monstre car, même si au premier regard, il paraisse totalement identique à une fille humaine, un œil attentif s’apercevra rapidement qu’il ne s’agit que d’une marionette à l’apparence raffinée.

« Une… marionette Taratecte, si ma mémoire ne me joue pas des tours. Toutefois, si je ne fais pas erreur, comparée à celles que j’ai eu l’occasion de rencontrer, son apparence est bien plus élaborée. »

Tout en offrant à son créateur ce qui semble être des paroles de louanges ou encore d’étonnement, le pape saisi l’opportunité d’examiner attentivement la créature invoquée.

« Pas mal, hein ? Et je vais te dire un secret, Shiro-chan et moi avons travaillé ensemble pour la construire.

– Je vois, De notre côté, nous n’avons aucune objection.

– Bien, bien. S’il n’y a aucune opposition, je vais vous la laisser jusqu’au jour de l’attaque sur les elfes. Pendant ce temps, sentez-vous libre de l’utiliser comme vous voulez.

– Prenez bien soin de moi, je vous en prie. »

La soi-disant ‘Marionette Taratecte’ s’incline à presque 90°, offrant dans le même temps ses salutations à ses nouveaux collèges. N’ayant apparemment pas imaginé une seule seconde que la marionnette grandeur nature soit en mesure de parler, le vieil homme laisse cette fois paraître sa surprise, l’espace d’une fraction de seconde.

« Grâce au remodelage magique effectué par Shiro-chan, il est impossible de la distinguer d’une véritable personne en se basant uniquement sur ses paroles. De plus, grâce à son large répertoire de capacité, ce produit multi-usage peut aussi bien être employé au combat que comme domestique et tout ça pour la simple somme de… 0 pièces. Et oui, vous avez bien entendu !

– C’est un cadeau des plus… inattendus que vous avez là, cela ne fait aucun doute. »

Malgré la réponse du pape, il est évident que personne ne considère ce présent comme une simple preuve de bonne volonté. Après tout, Ariel-san vient d’ouvertement implanter un espion parmi leurs rangs. Si jamais l’Église devait préparer un quelconque coup fourré, les démons en seront immédiatement informés. Et d’après ce que j’ai pu voir, ce monstre possède un pouvoir considérable. Si les circonstances le demande, il ne serait probablement pas tiré par les cheveux qu’il prenne à lui seul le contrôle du quartier général où nous nous trouvons. S’il devait se produire un problème, ce pantin leur posera un danger plus que conséquent. Mais, même en le sachant, il est impossible pour la Religion de la Parole Divine de présenter la moindre objection. Après tout, qui sait ce à quoi ils s’exposeraient par ce refus.

« Dans ce cas, cette entrevue barbante est enfin terminée ! Dustin, j’aurai besoin que tu m’écoutes un moment. Il y a une affaire personnelle dont j’aimerai bien discuter avec toi. »

Saisissant immédiatement cette opportunité, elle invite le pape à se lever à son tour, un sourire rayonnant sur le visage. Un étranger aurait pu croire qu’elle ne faisait qu’inviter un ami à boire un verre. Néanmoins, le tic apparu sur le visage de son ‘ami’ réfute à lui seul une telle conclusion. Il y a que deux choses dont je suis certain, de un, le pape ne risque pas de mourir ici et, de deux, cela ne veut pas dire que ce tête-à-tête lui sera agréable, malgré la compagnie d’une ‘belle jeune fille’.

« Attendez-moi, Shiro-chan et compagnie, ce ne sera pas long. »

Sans même laisser le temps au vieil homme d’exprimer son accord, Ariel-san se lève et quitte la salle. Shiro-san lui offre un au-revoir silencieux alors que Sophia-san, elle, ne semble pas avoir plus idée de comment réagir que moi et se contente de rester immobile. Si j’ai un peu de temps libre, je suppose que je peux en profiter pour discuter un peu avec Kusama, histoire de rattraper le temps perdu. Je me lève à mon tour pour aborder l’ancien japonais avant de lui emboiter le pas hors de la salle de réunion.

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5 thoughts on “Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 265.5.2

  1. La Poupée Taratect est pas encore nommée 🙁

    Pour ceux qui lisent le Light Novel, c’est l’une des quatre qui accompagnent Ariel et Co pendant leur voyage.

    1. De ce que j’ai vu (enfin, je n’ai pas lu le LN alors je ne peux pas le confirmer), il y a une grosse différence de traitement vis à vis des poupées Taratectes dans le WN : seul une est nommé, il y en a plus qui ont survécue (10 au lieu de 4), ect…

      1. C’est ça. Les poupées taratects n’ont qu’un rôle assez mineur dans le WN, alors qu’elles apparaissent assez tôt dans l’histoire du Light Novel (et toutes ont un nom). Une seule des quatre est nommée dans le Web Novel (et c’est celle-ci ^^ ).

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