Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 25

La gratitude d’être en vie
Traducteur : Team Yarashii

Que faire ensuite ?

Je me posais cette question lorsque je me souvins des remèdes qu’il me restait après le passage de la vague de destruction. J’en avais fait un bon paquet, juste au cas où, mais il serait désormais plus malin de vendre mon surplus.

— Arrêtons-nous chez l’apothicaire, puis passons voir l’armurier.
— M. Naofumi, faites attention avec votre argent. À ce rythme, vous n’allez parvenir qu’à vous compliquer la vie.
— Inutile de me le rappeler.
— Notre équipement actuel convient tout à fait. Pourquoi s’encombrer l’esprit avec ce sujet tant que vous n’êtes pas sûr de devoir procéder à des changements ?
— …

Bon, elle n’avait pas tout à fait tort. Toutefois, comparé aux autres héros, nous nous servions de rebuts. J’estimais toujours que fournir à Raphtalia un équipement amélioré puis aller nous frotter à des monstres plus puissants était la meilleure chose à faire…

— Sans compter que l’on a reçu un nouvel équipement il y a quelques jours seulement. Imaginez un peu ce que dirait l’armurier.
— Ouais…

Elle avait raison, le vieil homme nous avait beaucoup aidés. Et il nous avait donné ce nouveau matos en incluant la reprise de notre ancien équipement. Quel que soit ce qu’il nous vendrait aujourd’hui, ce ne serait guère mieux que ce que nous avions actuellement.
Le propriétaire de l’armurerie était la seule personne à m’avoir aidé après que ces salopards m’avaient piégé, je l’aimais bien. Tout ce que nous portions, les armes de Raphtalia ainsi que ma propre armure, nous nous l’étions procuré chez lui.
Je souhaitais donc continuer d’être client afin de m’acquitter de ma dette envers lui.

— Très bien. Économisons pour le moment.
— D’accord !

Oui, oui, j’avais compris. Ce n’était pas une MAUVAISE idée d’acheter un nouvel équipement après avoir davantage rempli notre bourse.

— Bon, allons voir l’apothicaire.

Je jetai un rapide coup d’œil à l’intérieur du magasin et, lorsque son propriétaire me vit, il laissa apparaître un sourire sur son visage.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Ce type était d’habitude maussade, ce qui paraissait être une tactique commerciale de mon point de vue. Pourquoi avait-il l’air si heureux, alors ? Cela me rendait nerveux.

— Oh, pas grand-chose. J’attendais que vous passiez. Je dois toujours vous remercier, vous savez ?
— Pour quoi ?

Je regardai Raphtalia. Aucun de nous ne savait de quoi il parlait.

— J’ai de la famille à Riyute. Ils m’ont dit que vous les aviez sauvés. Ils m’ont demandé de vous remercier si jamais je vous croisais.
— Hmm… vous voulez dire…

La vague de destruction s’était produite près d’un village appelé Riyute, où j’avais établi mon point de chute pour un temps. Au milieu du chaos, j’avais investi toute mon énergie dans l’évacuation, et le bourg ne s’en était pas si mal tiré grâce à cela. Une fois la vague endiguée, les villageois s’étaient alignés et m’avaient remercié. Visiblement, la famille de ce gars faisait partie du lot.

— Enfin bref, en remerciement, j’aimerais…

Le propriétaire prit un livre d’un rayonnage placé sous lui.

— C’est quoi ?
— Vous m’avez vendu des potions de bas niveau par le passé, ce qui m’a conduit à penser que c’était les seules recettes que vous connaissiez. Cet ouvrage en possède de meilleures, d’un niveau moyen. Je pense que vous êtes probablement prêt pour vous y atteler.
— …

Je m’emparai du livre posé sur le comptoir avec hésitation. Il était assez ancien, et la couverture était bien usée. Quand bien même, je pouvais à peine discerner quelques-uns des caractères écrits là.
Néanmoins, j’étais incapable de les lire.

— Mer… merci. Je ferai de mon mieux.

Il était allé jusque-là pour se montrer gentil avec moi, je ne voulais donc pas partir sans au moins le remercier. Le livre contenait sûrement des recettes pour des remèdes qui se vendraient à bon prix.

— Ravi de l’entendre.

Ugh… Je détestais la pression ressentie lorsque je devais répondre à un témoignage de gentillesse de quelqu’un. J’avais déjà abandonné l’idée de lire quoi que ce soit ici puisque je n’y comprenais rien. Il me faudrait sans doute faire preuve d’un peu plus de bonne volonté dans ce domaine.

— Le propriétaire de l’échoppe de magie souhaite aussi vous voir.
— L’échoppe de magie ?
— M. Naofumi ? C’est une boutique qui vend des ouvrages permettant d’apprendre des sorts magiques.
— Oh, je vois.

J’avais déjà aperçu ce magasin en ville, mais je m’étais dit qu’il s’agissait d’une librairie. En y repensant, je me souvenais avoir vu une boule de cristal au fond de l’échoppe.

— Où est-il situé ?
— Dans la rue principale. Impossible de le rater.

Oui, je me rappelais. C’était la plus importante librairie, ou l’une des plus grosses, en ville. Enfin, boutique de magie, je voulais dire.

— Excellent. Alors, que puis-je faire pour vous, aujourd’hui ?
— J’espérais que vous…

Il finit par m’acheter les remèdes en trop à un meilleur prix qu’auparavant.
J’achetai quelques nouveaux matériaux avec notre argent, puis me dirigeai vers l’échoppe de magie.

— Oh ! Le Héros Porte-Bouclier ! Je dois vous remercier pour avoir sauvé mon petit-fils.
— D’accord…

Je ne savais même pas de qui elle parlait, mais ce devait sûrement être l’un des habitants de Riyute. La vieille dame qui tenait la boutique avait accouru pour me saluer poliment sur le pas de la porte.
Enfin, je l’appelais ainsi, mais c’était une femme potelée habillée comme une sorcière.

— J’ai entendu dire que vous vouliez me voir ?

Je regardai plus attentivement le bâtiment que j’avais pris à tort pour une librairie. Les étagères étaient remplies de vieux livres poussiéreux, et plusieurs boules de cristal étaient alignées derrière le comptoir. On pouvait également apercevoir un certain nombre de baguettes et de bâtons… bref, tout l’attirail classique d’une échoppe de magie.
En y réfléchissant bien, j’ignorais totalement comment on était censé apprendre la magie.

— Avant cela, dites-moi, cette jeune demoiselle est-elle votre unique compagnon de route ?
— Hein ? Oh… ouais.

Je croisai le regard de Raphtalia, et nous acquiesçâmes.

— Veuillez attendre un instant alors, je vous prie.

Elle alla derrière son comptoir, prit une boule de cristal sur une étagère et commença une incantation.

— Oui. À présent, Héros Porte-Bouclier, veuillez contempler attentivement cette boule.
— Hmm… d’accord.

J’étais dans le flou, mais j’obéis.
Quelque chose brillait, mais je ne discernai rien de précis en particulier.

— Oui, oui, il semble que vous, Héros Porte-Bouclier, êtes à même d’apprendre la magie de soutien et de soin.
— Hein ?

Était-elle en train d’identifier quel type de magie convenait le mieux pour moi ?
Si seulement elle avait commencé par m’expliquer, j’aurais au moins eu une idée de ce qu’il se passait… Bon, ce n’était pas comme si j’avais à me plaindre, mais, tout de même, elle aurait pu donner quelques explications avant.

— Ensuite, je vais examiner cette charmante demoiselle derrière vous.
— Bien, madame.

Raphtalia s’avança et s’absorba dans la contemplation de la boule de cristal.

— Oui, oui, tout cela est très logique. Cette jeune femme raton laveur semble apte à utiliser la magie d’ombre et de lumière.
— Pourquoi est-ce que ça paraît si évident ? C’est un truc que tout le monde sait ?
— Oui, on prétend que le peuple raton laveur peut contrôler des fantômes contenant à la fois les propriétés réfractives de la lumière et celles indéfinies de l’ombre.

Je commençais à saisir. Ils étaient similaires aux ratons laveurs ou tanuki de mon monde. Dans ma version du Japon, les gens disaient souvent que ces créatures représentaient des entités pouvant adopter plusieurs formes, dont celle des humains. Apparemment, cette façon de penser était commune à nos deux mondes.

— Bon, d’accord, ça veut dire quoi, tout ça ?
— Voyez-vous, c’est ce que j’espérais vous donner.

La vieille dame nous dit cela, puis nous tendit trois livres.
Encore d’autres ! J’étais incapable de les lire, pas même le moindre mot, mais tout le monde s’échinait à m’en refiler aujourd’hui.

— J’aurais bien aimé vous céder une boule de cristal, mais agir ainsi ruinerait mon commerce…
— Pourquoi ça ?
— Vous l’ignorez, Héros Porte-Bouclier ? Si vous parvenez à libérer la magie scellée dans une boule de cristal, vous l’apprenez aussitôt.

Quoi ? Je pourrais donc apprendre à me servir de la magie sans même savoir lire ?

— Il y a un certain temps, le pays a pris les devants et commandé un grand nombre de boules pour les quatre héros. Vous n’étiez pas au courant ?
— Pas du tout.

Sûrement à cause du Sac à merde, j’y mettrais ma main à couper. Il avait dû les donner aux autres après mon départ.
Il faisait donc exprès de m’exclure de tout… Ugh… Le simple fait d’y penser me donnait des envies de meurtre.

— Les recueils de magie ne sont pas faciles à lire, c’est certain. Mais, en y consacrant assez de temps, vous parviendrez à maîtriser une quantité respectable de sorts.

Cela expliquait probablement la présence d’une unique boule, alors qu’il y avait pléthore de livres de magie. Bien sûr, ces derniers ne valaient quelque chose que si vous étiez en mesure de les déchiffrer.

— Je suis navrée…
— Oh, ne le soyez pas ! Mettre la main sur ces ouvrages représente déjà beaucoup !

Raphtalia répondit en souriant. Je hochai la tête pour appuyer ses propos.

— Jusqu’où pourrons-nous aller avec ces livres ?
— Eh bien, ils sont pour débutants. Pour tout ce qui est plus avancé… vous pensez que je peux vous demander d’acheter quelque chose en plus ?
— Oh, oui.
— Je pourrais probablement vous apprendre les sorts moi-même, mais le Héros Porte-Bouclier est un homme très occupé, n’est-ce pas ? Je suppose que vous ne pouvez pas rester dans les parages éternellement ?
— C’est exact.

Et puis, elle avait un commerce à faire tourner, après tout. Elle rognait déjà sur ses propres bénéfices en nous donnant ces ouvrages, je ne me voyais donc pas en plus me plaindre.

— Merci.

J’eus un peu de mal à le dire, mais nous prîmes les livres qu’elle nous offrait et quittâmes l’échoppe de magie.

— Bon sang…

Je soupirai sans m’en rendre compte. Les études n’avaient jamais été mon fort, alors que devais-je faire à présent ?
N’importe qui doté d’un minimum de jugeotte saurait que la meilleure chose à faire serait de s’y consacrer pleinement, en apprenant à lire avant de potasser sérieusement ces livres pour apprendre de nouvelles recettes et magies.
Ça, c’était la version classique.

Je me mis à penser qu’il existait peut-être une compétence permettant un apprentissage plus facile, un truc du genre « traduction d’un langage issu d’un autre monde ». Il y avait peut-être des recettes de remèdes obtenables grâce à mon bouclier. En les cherchant bien, je pourrais éventuellement les trouver. Mais qu’est-ce qui prendrait le plus de temps ? Apprendre à lire ou trouver le bouclier m’offrant directement l’accès aux recettes ?
La lecture pourrait paraître plus simple, mais le temps nécessaire compliquait la donne. Sans compter l’obtention de nouveaux matériaux pour l’expérimentation.

Je continuais de revenir à cette idée de compétence de traduction et, à chaque fois que j’y pensais, mon désir d’apprendre à lire diminuait.

— Étudions donc cette magie !

Raphtalia me dit cela.

— Mais je ne sais pas lire…
— J’en suis consciente. Voilà pourquoi nous devrions le faire ensemble.
— Ouais… ça paraît logique.

L’acquisition de nouvelles recettes semblait être une idée alléchante.

— Cela m’y fait penser, combien de temps avons-nous avant la prochaine vague ?
— Hein ? Oh, attends une seconde.

Je portai mon attention sur l’icône dans un coin de mon champ de vision.
Visiblement, ce système s’appelait « magie de statut » et n’importe qui dans ce monde pouvait s’en servir.
Quant à moi, ma puissance offensive était au ras des pâquerettes, en revanche, mes statistiques défensives crevaient le plafond.

Parmi les autres icônes disponibles, l’une d’entre elles était exclusive aux héros. Je me concentrai dessus, et une horloge apparut pour indiquer le temps restant avant la prochaine vague.
De ce que je voyais, cela se produirait dans quarante-cinq jours et quatorze heures.

— On dirait qu’on a encore quarante-cinq jours complets !

Ce n’était donc pas un événement mensuel ?
Bon, nous n’avions pas non plus deux mois entiers, mais cela me rappela quelque chose : notre invocation ici ne s’était produite qu’après le passage de la première vague. Cela signifiait que la fréquence pouvait être différente de ce que nous pensions. En analysant le temps que j’avais passé seul avant de rencontrer Raphtalia, les délais semblaient s’allonger.
Cette durée de plus d’un mois pouvait donner lieu à plusieurs interprétations.

— Bon, on ne va pas se plaindre d’avoir plus de temps.

Et lorsque je pensais à tous les préparatifs que nous allions devoir faire, nous n’avions en réalité pas de temps à perdre.

— Quoi qu’il en soit, en avons-nous terminé ici pour le moment ?
— Je pense, oui. Voyons voir. Nous avons réappliqué le sceau d’esclave, vendu nos remèdes en trop, et obtenu ces bouquins de l’échoppe de magie. On devrait être bons.

Je fis le point avec Raphtalia. Si nous oubliions quelque chose et devions faire demi-tour, ce serait une sacrée perte de temps.

— Allons manger un morceau, puis on ira s’occuper de nos niveaux.
— D’accord.

Le repas me surprit. Mon sens du goût était enfin de retour.
J’avais presque oublié à quel point la nourriture pouvait s’avérer délicieuse. C’était revigorant.

Bouclier Mortier : conditions remplies
Bouclier Bécher : conditions remplies
Bouclier Mortier du Pharmacien : conditions remplies
Bouclier Mortier : talent bloqué
Bonus d’équipement – nouveaux mélanges
Bouclier Bécher : talent bloqué
Bonus d’équipement – bonus pour mélange liquide
Bouclier Mortier du Pharmacien : talent bloqué
Bonus d’équipement – compétence de récolte 2

Nous finîmes notre repas et décidâmes de quitter la capitale pour aller vers Riyute. Il devrait y avoir sur le chemin des monstres idéaux pour monter en niveau avec notre statut actuel. Contrairement aux autres héros, j’ignorais où trouver les meilleurs coins pour chasser et gagner de l’expérience. Il me fallait donc les dénicher par moi-même ou partir à la pêche aux infos.

J’ouvris la carte et la parcourus rapidement. Aucun lieu ne paraissait convenir parfaitement, mais quelques emplacements ici et là devraient faire l’affaire pour nous. Alors, oui, ce n’était pas une course, mais, tout de même, l’idée de me faire distancer par les autres héros me tapait sur le système. De plus, affronter et vaincre des monstres inconnus pourrait m’apporter de nouvelles compétences et de nouveaux boucliers. Ce n’était pas une mauvaise idée.

J’avais oublié de procéder à de plus amples explications. Il existait une très grande variété de formes que mon bouclier pouvait adopter, et chacune d’elle était associée à des aptitudes propres. Malheureusement, la plupart d’entre elles ne représentaient que des améliorations de talent ou de statut, elles ne m’étaient donc pas d’une grande aide pour l’instant.
Il s’agissait principalement d’améliorations défensives, car j’utilisais un bouclier… du moins, était-ce là ma théorie. En plus de la défense, je bénéficiais aussi d’augmentation de statistiques pour mon agilité, mon endurance, ma magie, mon taux de PC… tout excepté l’attaque. Cela expliquait comment j’avais pu sortir indemne de la dernière vague.

Nous arpentions en ce moment une route.

— Tu sais, je me demande si je peux absorber les ennemis provenant de la vague dans mon bouclier ?

Nous avions été pris dans la tourmente des événements, alors je n’avais pas eu l’idée d’essayer. Mais j’étais résolu à tenter le coup au plus vite, puisque je devais tout mettre en oeuvre pour rendre mon bouclier plus puissant.
Nous approchions des champs entourant Riyute, et des cadavres de monstres issus de la vague gisaient encore çà et là.

Bouclier Sauterelle Inter-Dimensionnelle : conditions remplies
Bouclier Petite Abeille Inter-Dimensionnelle : conditions remplies
Bouclier Zombie Inter-Dimensionnel : conditions remplies
Bouclier Sauterelle Inter-Dimensionnelle : talent bloqué
Bonus d’équipement – défense 6
Bouclier Petite Abeille Inter-Dimensionnelle : talent bloqué
Bonus d’équipement – agilité 6
Bouclier Zombie Inter-Dimensionnel : talent bloqué
Bonus d’équipement – résistance au pourrissement d’inventaire (faible)

Je dépeçai encore plus les ennemis afin de voir si d’autres parties de leur anatomie débloquaient quelque chose.
Toutefois, il semblait qu’il n’y avait pas assez de restes, et je ne pus découvrir qu’un seul bouclier supplémentaire :

Bouclier du Dard d’Abeille : conditions remplies
Bouclier du Dard d’Abeille : talent bloqué
Bonus d’équipement – attaque 1
Effet Spécial : Bouclier Dard (faible), Poison d’Abeille (paralysie)

C’était conforme à ce que j’imaginais, et nous continuâmes vers le village. Sur le chemin, nous croisâmes un groupe de villageois en train de transporter le corps d’une chimère.

— Hé.
— Oh ! Le Héros Porte-Bouclier.

Ils me saluèrent chaleureusement, ce qui était normal après ce que nous avions traversé il y a peu.

— C’était ça, le boss de la vague ?

Je pris la pleine mesure des dimensions de la bête et mon front se couvrit de sueur.
Je ne savais pas comment la décrire. C’était une chimère, mais elle avait quelque chose d’unique par rapport aux autres monstres que j’avais croisés dans ce monde. J’ignorais si c’était la couleur ou d’autres caractéristiques biologiques. J’avais du mal à le définir de manière concrète.

— Quelle affreuse créature.
— C’est certain.

J’approuvai leurs propos. Les autres héros et les chevaliers semblaient l’avoir découpée en morceaux pour ses matériaux. La forme d’origine était toujours intacte, mais la peau et la chair étaient complètement lacérés par endroits.

— Je peux en prendre un morceau ?
— Bien sûr. Nous nous demandions juste ce que nous allions en faire. Nous étions en train de la ramener au village pour la transformer en pièces d’équipement. Cela vous paraît être une bonne idée ?
— Sur le papier, oui, mais il n’y a pas l’air de rester grand-chose d’exploitable.

La peau était toute déchirée, impossible d’en tirer une bonne armure. Il y avait bien encore de la chair et des os, ainsi peut-être que la queue de serpent.
La tête n’avait pas été tranchée. La bête en avait visiblement trois, et pourtant…
Raphtalia et moi nous mîmes au travail, dépeçant les restes et laissant mon bouclier absorber tout ce qui était possible.

Bouclier de Viande de Chimère : conditions remplies
Bouclier d’Os de Chimère : conditions remplies
Bouclier de Cuir de Chimère : conditions remplies
Bouclier de Vipère de Chimère : conditions remplies
Bouclier de Viande de Chimère : talent bloqué
Bonus d’équipement – amélioration de la qualité de la cuisine
Bouclier d’Os de Chimère : talent bloqué
Bonus d’équipement – résistance à l’ombre (moyenne)
Bouclier de Cuir de Chimère : talent bloqué
Bonus d’équipement – défense 10
Bouclier de Vipère de Chimère : talent bloqué
Compétence de bonus d’équipement – Bouclier de Bascule
Bonus d’équipement – amélioration des mélanges d’antidote, résistance au poison (moyenne)
Effet Spécial : Croc Venimeux de Serpent (moyen), Crochet

Le dernier paraissait avoir un bon paquet de bonus sympathiques, et sa valeur de défense était plutôt élevée.
Néanmoins, pour m’en équiper, il fallait apparemment être d’un bon niveau, sans compter le fait que les autres boucliers chimère devaient être déverrouillés au préalable. Je ne pourrais pas m’en servir avant un bout de temps, mais j’avais l’intuition qu’il allait devenir mon bouclier principal lors de la prochaine vague.

— Que comptez-vous faire de ce qu’il reste ?
— Nous pensions juste l’enterrer, alors prenez ce que vous voulez.
— Hmm…

J’avais l’impression que c’était du gâchis, mais quand même… il ne restait plus que de la chair et des os. Ces derniers pouvaient être conservés, mais la viande ? Je ne voyais pas ce que nous pouvions en faire d’autre, à part de la viande séchée. Aucune garantie que ce soit meilleure de cette façon.
Mais bon, je pariais que cela pouvait servir d’ingrédient pour je ne savais quelle mixture magique. Le problème était que, même ainsi, je ne savais pas si je pourrais trouver preneur. Si cela pourrissait, je finirais par avoir des ennuis. Et si je la conservais mal et qu’elle revenait à la vie, ou un truc du genre ?
Évidemment, il pouvait en aller de même pour les os, mais je me faisais moins de souci à leur sujet. En même temps, pourquoi est-ce que je m’inquiétais autant ?

— Très bien, on va prendre tout ce qu’on peut.
— Cela représente quand même beaucoup, Héros.
— Vous allez me laisser conserver ça au village, n’est-ce pas ?
— Eh bien, si c’est vous qui le demandez, Héros…
— Vous pouvez suspendre la viande pour la faire sécher. Si un voyageur de passage est intéressé, n’hésitez pas à lui vendre. Mettez juste une partie de la somme de côté pour moi. Ça pourrait vous rapporter suffisamment pour reconstruire. Si la viande et les os proviennent d’une vague de destruction, il doit bien y avoir des gens qui voudront étudier tout ça. Il y a de quoi se faire un peu d’argent.
— Vous avez sans doute raison, Héros.

Les villageois désiraient des fonds pour rebâtir, alors ils suivirent mes instructions.

Je laissai mon bouclier absorber les viscères et tout ce qui était susceptible de pourrir rapidement, puis nous partîmes en direction du village. Lorsque nous arrivâmes, le soleil se couchait déjà.
Riyute était à moitié détruit, et les survivants logeaient dans des bâtiments relativement épargnés. Le chef du village nous prépara une chambre à l’auberge, qui paraissait être en assez bon état, et nous pûmes donc nous reposer la nuit.

— J’aimerais bien rester dans les environs et les aider à reconstruire, mais je doute qu’on ait le temps de s’inquiéter à leur sujet.

Ces gens faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour prendre soin de nous. Je pouvais comprendre leur gratitude par rapport à mes actions avec la chimère, mais je ne savais pas trop quoi penser au sujet de cette chambre et du dîner offert.

— Je comprends ce que vous ressentez. Je désire également faire quelque chose pour les aider.

Certains des villageois les plus instruits avaient dessiné un tableau de caractères afin que je puisse apprendre leur langue.
Cela ressemblait aux grilles A I U E O japonaises, ou à l’alphabet romain.

Plus tard dans la nuit, Raphtalia vint m’aider, puisqu’elle était capable de lire un peu. Je la fis prononcer chaque caractère pour le comparer à ma propre langue. J’écrivis ensuite les réponses, en japonais, dans le tableau.
Je me disais qu’ils les combinaient pour former des mots, tout travail de traduction s’avérerait donc ardu. Tout de même, ce n’était pas impossible.
Je m’assis pour concevoir quelques remèdes et, tout en faisant cela, je luttai pour mémoriser tous leurs étranges symboles.

Chapitre Précédent | Sommaire | Chapitre Suivant

Laisser un commentaire